J'ai porté plusieurs noms : Sora quand j'étais enfant au Kurdistan, Darren sur mon passeport britannique, mais comme sniper je m'appelais Azad, qui signifie "libre" ou "liberté" en kurde. Pendant la guerre, ce nom me rappellerait un proverbe kurde qui dit que l'arbre de la liberté est arrosé de sang.
La force motrice du capitalisme qui était l'égoïsme devait être remplacée par quelque chose de plus noble : l'intérêt public à la place de l'intérêt particulier, la coopération à la place de la compétition, la responsabilité sociale à la place du profil personnel, le bien de la société à la place de la pure consommation des biens et des services.
Je ne pouvais pas aider. Je ne pouvais que regarder. Je me suis poussé contre un mur en essayant de m'y fondre et j'ai regardé mes amis et mes camarades mourir qu'on apportait.
D'autres se dépêchaient pour tenter de les sauver. Quand je n'ai plus été capable d'en voir et d'en entendre d'avantage, j'ai mis mes mains sur mes oreilles et j'ai fermé les yeux, et j'ai laissé la pluie emporter mes larmes.
Pour les spécialistes étrangers qui ont l'habitude de classer les mouvements politiques du Moyen-Orient en religion, ethnies, socialistes ou nationalistes, je crois que nous étions une énigme. Nous étions dogmatiquement larges d'esprit et inflexiblement antisectaires. Nous étions des combattants de la liberté et nous refusions le pouvoir. Pour plus de confusion encore, orientaux ET féministes.
Un bon sniper sait tisser sa toile avec patience, les grands snipers sont des maîtres du destin, du leur et de celui de n'importe qui. Vous veillez, décidez et agissez seul. Vous prenez la vie de l'autre homme tout seul. Il n'y a pas beaucoup d'expressions plus pures du libre arbitre en ce monde.