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Citation de Partemps


DORMIR

(Poème écrit à Tbilissi durant une insomnie.)

Moi qui danse sous la lune de Mtskheta,
qui pleure par tous les muscles de mon corps,
devenue une ombre rétrécie,
qui n’entre pas dans l’église de Sveti-Tskhoveli,
moi, fil d’argent nu qui s’enfile
dans ton aiguille, Tbilissi,
moi qui vis sous les astres dans l’attente de l’aube,
gelée jusqu’au sang dans ta serre,
qui ne sais pas m’endormir dans tes nuits,
dont la folie pervertit mes amis,
qui possède une prunelle de cheval dans les yeux,
et rue aux brancards des rêves,
moi qui chante à l’aube sur le pont :
«Pardonne-nous tous nos péchés, matin,
et dore la misère de nos ventres brûlés
de ton présent, soupe aux tripes khachi»,
moi qui galope de travers et recule
dans l’insomnie, dans son méchant canular,
Seigneur, comme je voudrais dormir
au sein du lit profond tel un berceau.
Dormir en m’endormant. Dormir en m’éveillant.
D’un sommeil lent, comme on goûte une boisson.
Dormir et sucer le bonbon du sommeil,
versant l’excès de douceur en salive.
Et me réveiller tard sans ouvrir les yeux,
prolonger la tentation du secret de la météo qui illumine le lit
d’un salut pour l’heure ajourné.
Le cerveau non voyant comme une étoile morte.
Le pouls doux comme la sève d’un arbre endormi.
O dormir à nouveau ! Longtemps. Dormir toujours.
D’un sommeil aussi clos qu’au ventre maternel.

(I960)
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