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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Killian rasait les murs pour aller à son travail. « Trop de monde, trop de monde » n’arrêtait-il pas de se répéter à lui-même. La rue était bondée de piétons, chose normale à huit heures du matin en plein centre-ville de Marseille. Il prit une profonde inspiration et traversa la rue, « vite, dépêche-toi » pensa t-il mentalement. Jamais il n’avait été aussi stressé, même lorsque sa femme avait donné naissance à ses filles. Il allait devoir trouver une solution, ou de l’aide.
Cela faisait maintenant huit mois que la magie était revenue dans le monde. Voir la déchéance de toutes les croyances et religions que cette apparition avait provoquées l’avait beaucoup amusé au début. Pour un athée comme lui, ce n’était que justice. Croire en une force supérieure, tiens donc ! Les gens n’avaient-ils pas des yeux pour regarder ce que l’être humain était devenu ? Ce qu’il infligeait aux autres ? Aux animaux et à la nature ? Ne voyait-il pas les guerres et les massacres successifs, bien souvent perpétrés au nom de divers « Dieux » depuis des siècles ?
Depuis huit mois, des hommes et des femmes, partout dans le monde, de tous les âges, de toutes les classes sociales, développaient des capacités bien particulières. Les différents pays, grâce à leur gouvernement, leur dictature et autres moyens de contrôle, tentèrent de garder l’information secrète. Mais cela devint rapidement incontrôlable, les réseaux sociaux étant le grand ennemi du secret absolu.
La deuxième action fut de regrouper ces êtres à part dans des centres spécialisés, mais là aussi, les pays du monde entier connurent l’échec. La raison principale fut que nous n’étions pas dans un film d’Xmen. Etudier des êtres capables de faire monter la température d’une pièce à 2000 degrés ou de faire pousser un chêne sous un lit peut refroidir un grand nombre de scientifiques. La première chose que le monde apprit sur ces nouveaux mages fut que, dans les premiers mois suivant l’apparition de leurs pouvoirs, ils avaient beaucoup de mal à contrôler leurs émotions et, par conséquent, leur magie, déclenchant ainsi catastrophe sur catastrophe.
Les premiers mages proposèrent une solution : créer des académies où les mages seraient isolés et d’où ils ne pourraient sortir qu’une fois leurs capacités contrôlées. Depuis, lorsqu’un humain « découvrait ses pouvoirs », il devait informer l’académie la plus proche de chez lui. Puis cette personne disparaissait… La plupart n’en ressortait jamais et pour ceux qui avaient la chance de revoir la lumière du jour, ils quittaient leur vie précédente, travail, famille, pour se consacrer au développement de leur académie.
Et maintenant, Killian ne plaisantait plus. En se levant la veille, il avait vu une…. Une quoi ? Une petite fée qui se dandinait sur sa cuillère et, à priori, ni sa femme, ni l’une de ses trois filles ne pouvaient la voir. Puis elle avait disparu. Depuis, il en voyait régulièrement, sur un lustre, sur sa télévision et même sur le guidon de sa moto, ce qui lui fit tellement peur qu’il préféra prendre le bus pour se rendre à sa boutique. Axelle, sa femme, lui avait conseillé d’aller travailler normalement, faire comme si rien ne s’était passé et lui avait promis qu’ils chercheraient une solution plus tard. Ce qui l’inquiétait, c’était sa fille ainée qui s’était enfermée dans un farouche mutisme depuis qu’elle avait compris. Il faudrait qu’il lui parle dès ce soir.
Sa boutique était dans une petite ruelle proche du Vieux port. C’était un héritage de sa famille. Le local n’était pas vraiment lumineux mais très grand. A l’époque, c’était un entrepôt pour du textile, mais Killian avait toujours aimé les objets anciens ou inhabituels et, à la mort de ses parents, il décida de créer « l’Anti Standard ! ». La plupart de ses amis avaient semblé sceptiques sur la réussite d’un tel concept.
Mais très rapidement, l’affaire eut du succès et Killian développa une vraie clientèle de néophytes, toujours à la recherche de cadeaux loufoques, de décoration vintage ou atypique pour leur logement. Il adorait son travail, pensa-t-il lorsqu’il souleva la grille et pénétra à l’intérieur. Ce bazar qu’il connaissait par cœur. Il parcourut l’entrepôt avec amour ce matin, touchant des objets par ici et par là, laissant son esprit vagabonder.
C’est en rentrant dans l’allée principale qu’il la vit pour la première fois : ce n’était pas une fée, elle était plus grande, comme une fille d’une dizaine d’années mais avec un corps de femme. Comme les fées, elle était enveloppée d’une aura bleutée, rendant son contour flou, et elle ne produisait aucun son. Elle le regardait fixement, mais Killian était pétrifié, il songea qu’il ne pourrait jamais s’y faire.
- Bonjour ? lui dit-il le plus faiblement possible pour se donner un peu de courage.
Elle pencha la tête sur le côté et lui sourit, puis elle se retourna doucement sans le quitter du regard et commença à marcher lentement dans l’entrepôt, s’arrêtant quelques mètres plus loin.
- Tu veux que je te suive ? lui demanda-t-il en commençant à avancer.
Elle sourit encore et lui fit signe que oui.
- Mais tu me comprends ? C’est super ! Ecoute, ne te vexe pas mais j’adore ma vie et tout cela me perturbe énormément, tu ne pourrais pas faire ça ailleurs, ou choisir quelqu’un d’autre, vraiment, je ne veux pas tout perdre… s’il te plait.
La pression était tellement forte depuis vingt-quatre heures que cette toute petite phrase lui avait fait monter les larmes aux yeux.
L’apparition le regarda avec beaucoup de gentillesse, puis assez rapidement, se dirigea vers lui. Pour le coup, la panique l’envahit. Ce petit bout de femme éthérée se retrouva promptement à quelques centimètres de lui.
- Ok, ne t’énerve pas.
Elle le regardait toujours gentiment et, sans prévenir, elle le prit dans ses bras. Killian se raidit de peur, mais rien d’autre ne se passa. Elle lui faisait un…câlin. Voilà, maintenant il faisait un câlin à une fée.
- Ça veut dire non, c’est ça ?
Elle leva la tête et lui fit un grand sourire.
- Ok, dit-il d’un air résigné. Tu voulais me montrer quoi ?
Elle partit rapidement, elle ne marchait pas mais elle virevoltait… elle avait l’air d’être de très bonne humeur et il faut bien admettre que cela était contagieux. Peut-être allait-il avoir des réponses ? Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi de cette façon-là ? Il était apaisant de réfléchir à ça, de se demander s’il y avait une vraie raison pour que ce soit lui ou si cela était un pur hasard.
La fée s’arrêta devant un joli meuble en bois sur lequel étaient accrochées trois épées que Killian avait rachetées à un vieux monsieur l’an dernier. Deux n’étaient que des armes de décoration, factices mais assez jolies. La dernière devait être une épée assez ancienne, certainement une épée de type claymore, longue, utilisable à deux mains ou une seule pour quelqu’un de vraiment bien bâti.
Elle posa l’un de ses bras spectral sur cette dernière épée, amoureusement, fixant Killian. Il comprit instinctivement qu’elle cherchait à lui faire passer un message et tout naturellement, il décrocha l’épée. Elle était lourde, sacrément lourde…
Il avait peu de connaissances sur le sujet mais se dit qu’il fallait vraiment être un colosse pour manier une telle arme, même à deux mains. Si seulement elle pouvait faire trois ou quatre kilos de moins tout en restant aussi solide, elle aurait été particulièrement dangereuse. D’ailleurs, une poignée légèrement plus longue aussi afin d’améliorer l’équilibrage n’aurait pas été un luxe pour son porteur.
Bref, cette arme était particulièrement banale. Si la fée voulait lui faire passer un message, elle n’avait pas choisi un objet très éloquent. A moins que… son analyse changea, l’arme n’était pas si lourde finalement et la garde était assez longue. Il songea qu’il n’était pas de bonne humeur ce matin et qu’il fallait vraiment qu’il arrête de tout voir en noir.
Killian reposa l’épée sur son socle et se tourna vers la fée. Il s’apprêtait à lui dire quelque chose mais il resta interloqué : la petite fille n’était plus aussi petite, elle était aussi mieux proportionnée, ses membres étaient plus fins mais paraissaient plus musclés, elle se regardait d’un air très satisfait. Tout à coup elle se précipita sur lui pour lui faire un nouveau câlin.
- Ne me dis pas que c’est moi, ce n’est pas possible, je n’ai rien fait !
Elle leva la tête et lui fit encore son grand sourire. Visiblement, il était bien responsable de son changement.
Pendant qu’il était perdu dans ses pensées, le corps de la fée s’évapora doucement, créant un petit nuage de fumée bleue qui s’introduisit à l’intérieur de la lame de l’épée.
- Bonjour ?
Killian se retourna vivement. Il aperçut quelqu’un à l’entrée de la boutique, pourtant il n’avait pas entendu la clochette.
- Bonjour, soyez le bienvenu à l’Anti Standard ! En quoi puis-je vous aider ?
L’homme avait la quarantaine, il portait un costume sombre avec une chemise grise. Il avait une barbe courte et bien taillée, une paire de lunettes rectangulaires. Il affichait une assurance naturelle.
- C’est bientôt l’anniversaire de mon fils et je cherche quelque chose d’original. Il a emménagé il y a quelques semaines dans un studio, pas très loin et on m’a fortement conseillé cette…échoppe.
Echoppe ? Le nom sonna bizarrement aux oreilles de Killian et il décida de rester vigilant vis-à-vis de cet individu. Il y avait quelque chose chez lui qui le dérangeait et il comprit rapidement que cette impression était contagieuse ; la fée était à nouveau là, sur le meuble mais dans une posture très agressive, féline même.
- Puis-je vous proposer cette partie-là du magasin, elle plait généralement beaucoup aux jeunes ?
- Bien sûr, je vous suis.
L’homme marchait d’un pas assuré et vif. C’était un homme de bonne taille et qui paraissait plutôt musclé. Killian le dépassait néanmoins d’une bonne dizaine de centimètres et devait avoir dix ans de moins, ce qui ne l’empêcha pas d’être anxieux durant tout le
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- Donc on reste tous ensemble ? [...]
- C’est ça, répondit Jacques.
- Alors il faut promettre. La petite fille tendit sa main, la paume vers le bas.
Killian sourit et posa sa main sur la sienne, Ambre se joignit à eux, suivie de Jacques et de René.
- Je promets ! cria Emilie.
- Je promets ! firent échos les autres en riant de plus belle.
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Il n’y avait qu’à contempler ce que venait d’accomplir cette académie pour se rendre compte que la magie avait beaucoup plus à offrir que mort et destruction. Comme à son habitude, l’homme était capable du meilleur, comme du pire, avec les choses que la vie lui offrait.
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« Il n’y avait qu’à contempler ce que venait d’accomplir cette académie pour se rendre compte que la magie avait beaucoup plus à offrir que mort et destruction. Comme à son habitude, l’homme était capable du meilleur, comme du pire, avec les choses que la vie lui offrait. »
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Et au premier jour, l'homme créa Dieu
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Ben Chevalier
et au premier jour, L'homme créa Dieu
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