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Citation de Villoteau


– Il est difficile de généraliser autant de cas individuels.
Tous les appelés ne vivent pas la même guerre, selon
l'époque à laquelle ils sont mobilisés, le lieu où ils sont
affectés, ou encore la fonction qu'ils occupent. Mais on
peut tenter de trouver des points communs et ainsi cerner
des expériences partagées. Pour beaucoup de soldats
venus de la métropole, la guerre d'Algérie commence
par une épreuve pénible: la traversée de la Méditerranée,
entassés dans un paquebot, parfois dans les cales. Cette
traversée représente pour eux un saut vers l'inconnu –
c'est généralement la première fois qu'ils voyagent hors
de l'Hexagone. Une fois sur le sol algérien, ils suivent
une période d'instruction. Ils apprennent à tirer mais
surtout à marcher, à «crapahuter». Ils doivent aussi apprendre
à supporter l'éloignement, l'absence de femmes,
la répétition des tâches, l'ennui... (…)

– Mais comment se passe la guerre, pour eux, au quotidien?

– Ils mènent des opérations de surveillance, par exemple
dans une rue ou près d'une ferme. Ils arrêtent des «suspects
» au hasard, lors d'opérations de «ratissage». Ils
doivent faire face à un ennemi le plus souvent invisible,
qui connaît beaucoup mieux le terrain qu'eux. Leur entraînement
est médiocre, ils sont éparpillés sur de vastes
étendues, ce qui les rend vulnérables.
Ainsi, le 18 mai 1956, à Palestro (l'actuelle Lakhdaria),
une commune située au nord de l'Algérie, 21 soldats
tombent dans une embuscade de l'ALN. Un seul survit,
délivré cinq jours plus tard par des parachutistes. Les cadavres
des autres jeunes Français sont retrouvés mutilés.
En métropole, la nouvelle provoque une très grande
émotion. Comme si elle suscitait une soudaine prise de
conscience.
Pour le public, cette embuscade réveille en quelque sorte
la vraie nature du conflit qui se déroule en Algérie: une
guerre où de jeunes Français meurent dans des conditions
atroces. Palestro n'est pas la seule attaque de ce
type contre des soldats du contingent mais, pour ces derniers,
elle devient l'exemple par excellence de ce qu'ils
redoutent: tomber dans un guet-apens, se trouver dans
l'incapacité de se défendre, être tués puis mutilés. L'embuscade
de Palestro nourrit les récits qu'ils se racontent
entre eux. Elle alimente leurs angoisses quotidiennes.
Car, en Algérie, les soldats font l'expérience de l'attente
inquiète, de la peur, de la violence.
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