Antérieurement au XIII ème siècle, la quête des origines des cagots ne peut donner matière qu'à des conjectures ou à des fables...
...Le siècle de basculement 1250-1350 mérite donc toute notre attention. Il s'agit d'essayer de comprendre pourquoi et comment à un moment donné la lèpre, de réalité pathologique, est devenue un alibi ou ce que l'on peut dénoncer comme tel aujourd'hui. Et pourquoi dans la Gascogne et en Navarre, et non ailleurs, il y eu transfert pérenne à des non lépreux d'exclusions liées à la peur circonstancielle de la contagion. (p. 53)
De façon générale, les Lumières ne recourent guère au concept de race maudite. L'image du cagot malade de la lèpre est en régression ainsi que le résume en 1767 le juriste béarnais De Maria : Presque toute la province s'est désabusée du préjugé d'après lequel on tenait les cagots pour lépreux. (p. 200)
Dans le Béarn de Gaston Fébus : un dense semis de crestianies
...honneur donc à cette principauté et à son seigneur, le glorieux Gaston Fébus ( 1343-1391) qui nous a légué, en réponse à un appétit fiscal jamais assouvi, une inestimable documentation. (p. 76)
Cagots : minorité de la population de la Gascogne et de la Navarre qui a fait l'objet d'une ségrégation infâmante pendant le Moyen-Age et l'Ancien Régime. (p. 5)
L'historien des cagots finit par une frustration : il n'existe aucun livre de raison,aucune confession écrite laissée par ces exclus. Il lui faut donc s'arrêter devant les portes closes de leur univers intérieur. Seul un romancier pourrait imaginer un tel voyage et relayer une vérité historique par une vérité romanesque. Nous l'attendons. (p. 282)
... au soir du XVII ° siècle, au plus sombre d'une période placée sous le signe de l'absolutisme et de la crise du petit âge glaciaire. Le ferme soutien accordé par l'Etat monarchique français aux cagots passé 1638 répond tardivement à celui que, sans plus grand effet, la haute Eglise et les officiers royaux apportaient en Navarre à la cause des agots depuis le XVI ° siècle. (p. 149)
En 1747, Louis Daignan du Sendat, archidiacre du Magnoac, dans le diocèse d'Auch, mit ainsi fin, lors d'une visite pastorale, à l'obligation faite aux cagots de la paroisse de Guizerix de passer par une porte particulière :
... Pour abolir cette distinction [ il ] passa en sortant de l'église par la porte des capots, suivi du curé et des autres ecclésiastiques de la paroisse et ceux de sa suite. Le peuple voyant cela les suivit aussi, depuis lequel temps ont passé indifféremment par l'une ou l'autre porte. (p. 174)
Au premier regard, la réalité sociale de l'exclusion semble prolonger celle des siècles précédents, alors même que la façon de désigner les exclus fait mutation : passé 1550, le vocable cagot prend le pas sur celui de crestian. (p. 111)
Le processus de ségrégation se déclenche dès lors que les différences ne sont plus respectées, lorsque chacun sent son statut coutumier menacé et l'image sociale de soi avilie.
(p. 69)
Les agots ne sont pas des basques espagnols.
Des migrants venus du nord des Pyrénées, lâches et simulateurs : il est difficile de situer moralement plus bas les ancêtres des agots. On ne peut manquer d'observer que le discours de la chercheuse (Pilar Hors) épouse docilement l'idéologie franquiste. (p. 246)