Entretenir un ou plusieurs bonsaï revient à s'occuper d'un jardin miniature. Il faut pour cela des outils adaptés, un respect des cycles naturels que sont les saisons. Il faut aussi tenir compte des aléas climatiques. Un bonsaï est le fruit d'un travail et d'une attention constants. Il n'est jamais fini. Il se bonifie, s'améliore avec l'âge. Il n'y a pas de but final à atteindre, il n'y a pas d'idée de rendement ni d'efficacité.
L'amateur de bonsaï est donc avant tout un amoureux de la nature et des arbres en particulier. Former un arbre en bonsaï permet de l'observer, de l'entretenir et de le protéger : l'art du bonsaï est un fabuleux moyen d'observer la nature et d'essayer de la comprendre. C'est une des raisons pour lesquelles un bonsaï n'est pas un produit de consommation, pas plu que la nature ni l'environnement !
Un être vivant qui dépend de vous, c'est aussi une question de respect de soi. Il faut être digne de ses arbres et non le contraire. Ne pas respecter un être vivant, unique et symbolique, c'est passer à côté de "l'esprit bonsaï". Il y a dans chaque vieux bonsaï plusieurs hommes. Les faux bonsaï, il n'y a rien derrière.
Durant la relecture de cet ouvrage, plus de 2 millions 500 mille hectares de forêt sont partis en fumée aux Etats-Unis et au Canada (forêt primaire de Colombie-Britannique). La vallée de la Restonica, joyau corse, fut incendiée volontairement. Les forêts tropicales primaires disparaissent à la vitesse de 20 ha à la minute, 150 arbres / seconde pour la seule région amazonienne. L'équivalent de la surface de l'Autriche disparaît chaque année. Dernièrement, plus de 600 000 ha de forêt ont disparu en Australie. Les pyromanes étaient, semble-t-il, moins de 40.
"Toute plante est une lampe de chevet."
Victor Hugo, L'homme qui rit
La récupération d'arbres foudroyés au pied du mont Fuji fait partie de la légende du bonsaï. De nombreux plants sont arrachés par les crues chaque année, leur ramassage ne cause aucun dommage, ces arbres étant voués à la mort. Dès la récolte, le souci premier de l'amateur, celui qui aime, est la protection de l'environnement. Ceux qui arrachent, extirpent des arbres sans considération écologique n'ont pas compris.
Poterie, cardiologie ou acoustique, kinésithérapie et stretching, statistiques et probabilités, géologie, physique, biologie, informatique, horticulture et sylviculture, ébénisterie, peinture et sculpture sont quelques-uns des domaines dans lesquels l'art du bonsaï trouve ses techniques, ses inspirations, ses idées.
Écologie, civisme, déontologie et respect (du sacré, des autres, du vivant), psychologie, humour, maître de soi et réflexion sur le monde et ses symboles, sur son existence, sur la relativité du temps et des êtres éphémères, étude du Japon, de la Chine et de l'esprit oriental, étude des approches qui diffèrent selon les pays, des croyances...
(...) l'art du bonsaÏ passe nécessairement par l'ouverture sur d'autres disciplines, d'autres conceptions complémentaires. Tout ce qui permet d'enrichir cet art est le bienvenu. Cela renforce son enracinement, cela ouvre des perspectives.
Le bonsaï n'est pas un modèle réduit. C'est une porte grande ouverte.
Si l'entretien est un plaisir, l'art, lui, s'accompagne d'inconfort moral, de doute, de remise en question permanente. En effet, certaines opérations sont irréversibles et nécessaires à la fois. Choisir une voie, c'est renoncer à toutes les autres. Le bonsaï trouve ici un point commun avec la scupture. La pierre est fendue, la branche est coupée.