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Citations de Bérengère Cournut (374)


Bérengère Cournut
l'absence est une présence encore plus forte
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Je suis subjuguée par la finesse des traits sur ces trames grossières. Je ne sais rien dire, aucun mot ne sort de ma bouche. Seulement des larmes de mes yeux_ en cascade.
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Elle est troublante, Zizi... Depuis quelque temps, j'ai l'impression qu'elle sait d'instinct des choses que, moi, je dois apprendre patiemment.
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Je sais bien que tout ça n'est qu'une illusion, que je ne devrais pas m'accrocher à cette maison. Mais tant que tu l'habiteras, Odile, même en rêve, je ne pourrai pas la quitter.
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Chant des petites personnes :
Qui est-elle ? On l'a déjà vue ? Non, elle n'est pas d'ici - elle n'aime pas l'été. Elle sent fort, elle pue à mon nez ! On l'envoie promener ? Non on s'ennuie, il faut la garder. On peut tuer son chien... Elle a besoin d'aide. Mais elle est trop grasse ! Qu'est-ce qu'on fait de sa graisse ? On lui laisse. Elle cherche un enfant. Il faut lui en trouver un. Donne-lui les tiens. Ils puent autant qu'elle ! Trouvons lui un oeuf ! Un oeuf de la terre, un oeuf à rouler bien loin d'ici. Un oeuf de chien ? Elle aime bien les chiens. Un oeuf d'humain. Un oeuf avec dedans des pieds, des mains. Oui, c'est ça, des mains palmées. Et une queue de poisson ! Il faut l'envoyer près du lac, celui qui est en forme d'estomac. Non, il faut qu'elle aille là où la rivière fait un coude. Non, non, non ! Les oeufs comme ça se trouvent au creux de la dent mouillée, dans les marais. Roulez-la, roulez-la jusque là-bas !
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Durant ma longue vie d’Inuit, j’ai appris que le pouvoir est quelque chose de silencieux. Quelque chose que l’on reçoit et qui - comme les chants, les enfants - nous traverse. Et qu’on doit ensuite laisser courir.

Il m’est arrivé souvent de capituler. Devant le temps qui passe et celui qu’il fait.
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Au revoir, vieille mère. Nous ne prononcerons plus plus ton nom jusqu’à ce qu’un enfant l’endosse, mais le son de ta voix vibre encore dans l’air qui nous entoure.
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La première tentative de greffe a échoué. Peu après notre rencontre, il a décidé qu' il ne se soumettrait pas à un deuxième essai. «Ce n'est pas la peine, disait-il. On vit autant de ses manques que de ses capacités. »
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L’enfant que je devine en moi n’est pas plus lourd qu’une aile d’oiseau, mais il dévore mon sommeil et ma joie.
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Seuls ses yeux parlent, me parlent, m’enveloppent d’une étrange amitié- comme si désormais nous appartenions au même monde, sans que les autres s’en doutent.
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« Non, attends, arrête ! je suis chatouilleuse....» Puis m'est revenue dans la foulée la fluidité trouvée avec les années celle de tout ton être s'offrant à moi, nuit après nuit. Même lorsque tu portais nos enfants, Odile, tu restais souple et légère à mon approche. J'ai l'impression de n'avoir jamais usé de mes muscles avec toi. T'aimer, c'était comme descendre un cours d'eau, je me laissais porter par le courant. Nous finissions toujours ensemble dans la furie de la mer, mais ton corps était l'élément premier dans lequel je me noyais... D'où te venait cet abandon, Odile ? Est-ce lui qui t'a finalement emportée tout entière, cette nuit-là ? Odile... Je n'en peux plus de ton absence. Je n'en sortirai pas.
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Dis-moi, Odile, dis-moi comment on survit à tout ça. Dis-moi où nous avons trouvé la force de tant nous réjouir ce soir, alors que je vois la béance que tu laisses en chacun de tes enfants, comme en moi ou en Jeanne.
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Au final, je ne sais pas, moi, à qui parler de ce souffle froid... parce que même tata ne comprend pas. Quand j'essaie de savoir si elle le sent aussi, elle court me chercher un gilet, un anorak, une écharpe... En fait, elle ne m'entend pas.

Alors j'y pense la nuit. Je me demande si Odile, elle, comprendrait et quand est-ce qu'on pourra en parler. Je commence à avoir des doutes sur le fait qu'on pourra un jour la revoir. Je me demande pourquoi elle est partie, ce qu'elle avait à faire... Si elle n'était pas malade, elle aussi.
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[...] on ne peut pas toujours vivre sous une épaisseur de mystère. J'avais une femme, elle a disparu, sans laisser de traces. Ou plutôt : sans laisser de traces de sa mort, parce que, des traces de sa vie, les nôtres en sont remplies. Ce sont les révoltes de Béguin, les obsessions de Chiffon, les rires et les chagrins de Zizi... Leur mère est partie tout en restant en eux ; et moi, je ne peux plus être un éternel tourment.
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J'ai des enfants
- je me souviens -
J'ai un mari
- je me souviens -
Tous ont un jour ou l'autre
dormi contre mon sein
Et je sais désormais
par quel moyen
prolonger notre lien
C'est une histoire de veines
et de chagrins qu'on mêle
De nappes, de mares et de sels
De charbon aussi -
d'eaux profondes et de gemmes
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Comment puis-je encore me souvenir de toi ? Et de notre mère qui
s'obstinait à nous mettre des chaussettes qui nous laissaient les genoux
à l'air, quand nous aurions voulu cacher nos jambes maigrelettes ?

Tu étais la plus jeune, et maintenant c'est toi qui as pris place auprès
de ma famille, et qui fais la louve aussi bien que moi. Même si
ces temps-ci, tu as les larmes faciles et que ça t'agace

Tu ne peux pas savoir que c'est juste un peu de moi qui se glisse
par tes interstices, que c'est avec toi que je partage encore des
élans, des pudeurs, des caprices. Tu ignores à quel point cette nuit,
ta présence m'apaise
[...]
Et toi, Jeanne, tu prendras le même envol. Tu n'as pas à demeurer
sans homme, sans amour, sans désir d'écrire la vie autrement qu'en
chiffres. Ton professeur de maths me plaît. Il a un détachement
discret, ce corps un peu replet qui fait les bonnes demeures
des femmes inquiètes. Il fuit parfois un peu, mais quand il sourit et
te presse, Jeanne, ses yeux laissent passer le flot de son âme. Ne me
demande pas comment je sais cela. D'où je suis désormais, je vois
ce que j'ignorais auparavant
[...]
À présent, je passe par l'espagnolette, c'est bien assez. Ne t'inquiète
pas, Jeanne. Une dernière caresse sur tes épaules, un dernier frisson
sur ton échine; je suis heureuse de t'avoir revue, frangine. Je prends
avec moi les rêves des deux petits, celui de Chiffon, celui de Zizi.
Ils sont fous, ces deux-là! Emplis d'eau et de marais spongieux,
habités par des brumes sans mémoire, ils voyagent dans des paysages
qui sont comme eux, sans âge ni origine

Je suis le vent, Jeanne
Et je vous emporte tous
plus loin encore
là où le chagrin et la mort
ne sont plus rien
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Je travaillais toute la journée, je ne supportais plus le contact du gravier froid et du béton. Alors j'ai creusé plus profondément - carrément jusqu'à la terre meuble et grasse. Je l'ai fait remonter cerne bonne terre, puis j'ai amené de la chaleur et de la lumière. L'eau de la chaudière et les lampes à incandescence ont tout de suite produit leur effet, l'atmosphère est devenue douce et tiède. Ça m'a rappelé les serres qu'on avait visitées une fois ensemble, avec les enfants. Tu avais aimé cette ambiance calme et lumineuse. J'ai cru que j'allais parvenir au même résultat. Que j'allais pouvoir faire pousser des plantes et que ça allait m'apaiser, dissoudre cette boule que j'ai au ventre depuis que tu as disparu. Est-ce bien une boule au ventre, d'ailleurs ? C'est plutôt comme un trou sans fond, un truc qui, chaque matin, menace de m'aspirer...
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Mais ce soir, oui, je reflète la lune pour eux, comme je jouais
autrefois du hochet devant leurs yeux. Comment me souvenir
des soins que je leur prodiguais alors ? Lorsque j'étais leur mère,
qu'ils étaient mes boutons d'or ?
J'ai aimé, je crois, porter ces petits êtres, avoir dans ma main
l'entièreté de leurs têtes - et même les sentir bouger en moi avant de les connaitre
Ferment, j'ai aussi aimé les concevoir dans le secret de notre
chambre. J'ai aimé te voir en père ébahi, tendre et attentif lorsque
nous étions tous à bord du même lit
Chaque enfant a été l'occasion d'un nouveau voyage dans nos
identités mêlées. Tu étais si inquiet lorsque je portais Zizi.
Moi, j'étais alors si lourde et si légère, abandonnée au désordre annoncé de la fratrie ...
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Ça se passe dans la grande salle du réfectoire, rendue silencieuse par la vigilance des surveillants. Les élèves sont assis chacun à une table, empêchés d'être bêtes par les règles du silence... C'est merveilleux.
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En ajoutant du bleu ou du vert à des traces de graisse et de cambouis, il fait apparaître des rivières, des rivages, des montagnes. Les grosses taches deviennent des iles volcaniques: je vois aussi des plages et des cavernes. Comment fait-il de si belles choses à partir de ramasse-poussière et de chiffons de vidange ? Et surtout pourquoi ne nous les a-t-il jamais montrés ? En reposant soigneusement les chiffons l'un sur l'autre, je m'aperçois que celui du haut n'est pas tout à fait sec. Quand a-t-il fait cela ? Et surtout, pourquoi en cachette de moi ?
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