Citations de Bérengère Cournut (374)
c est etrange comme, parfois, "rien" a l air d être quelqu'un.
Les blancs sont aveuglés par la poudre quand il neige, mais ils savent mieux que nous d'où viennent les bruits, le gibier et le vent. Sauf que sans nous, ils se perdent. Dans le grand blanc d'ici et même dans leur pays.
Durant ma longue nuit d'Inuit, j'ai appris que le pouvoir est quelque chose de silencieux. Quelque chose que l'on reçoit et qui - comme les chants, les enfants - nous traverse. Et qu'on doit ensuite laisser courir.
Nous découvrons ensemble, avec la même joie, le même émerveillement, le tout nouveau manteau de neige. Désormais, le jour naît de la terre. La faible clarté du ciel est généreusement reflétée par une infinité de cristaux. La neige tombée durant la nuit est si légère qu'elle semble respirer comme un énorme ours blanc.
En attendant, je croque parfois des poussins vivants et les écoute chanter dans ma gorge.
J’ai l’impression que quelque chose, ici, me poursuit, tout en me disant de partir.
Je prends avec moi les rêves de deux petits, celui de Chiffon, celui de Zizi. Ils sont fous, ces deux-là ! Emplis d’eau et de marais spongieux, habités par des brumes sans mémoire, ils voyagent dans des paysages qui sont comme eux, sans âge ni origine
Je suis le vent, Jeanne
Et je vous emporte tous
plus loin encore
là où le chagrin et la mort
ne sont plus rien
Jadis, j’ai dû avoir un lien avec tout ça, ces deux enfants-là et la façon dont, cette nuit, ils hantent le paysage. Mais ce soir, je ne suis qu’un souffle, un vent faible qui enrage de ne pouvoir mieux appeler l’orage
Il faudra que tu sois brave alors, il ne faudra pas le retenir.
Nous débordons tous un jour du lit qui ne peut plus nous contenir.
Oh, Ferment… si tu savais comme je danse là-bas, dans le grand
large et le froid. Comme je t’aime aussi – et comme je m’abreuve
au brouillard de tes nuits…
Cette source ne me fait plus râler. Je suis à deux doigts de croire qu’elle est une chance. En tout cas, elle m’occupe l’esprit, m’empêche de devenir fou en pensant à toi, à ce que tu es devenue et qu’on ne sait pas.
Je me souviens de tout.
Je me souviens des plus infimes détails de la maison, depuis les irrégularités de la dalle au sous-sol jusqu’aux nœuds dans les poutres.
Je me souviens des joints du carrelage dans la cuisine, de la couche de graviers dans le cellier, des lucarnes en verre épais qui morcelaient le paysage dans le mur aveugle, à l’arrière.
Incipit :
J’ai été la femme de Ferment
et la mère de trois enfants
Je m’appelais Odile, j’étais jeune
j’aimais rire et pleurer en même temps
J’avais parfois peur de la vie
et beaucoup, beaucoup d’envies
Puis il y a eu ce jour où je suis partie
Ce n’était pas volontaire
c’est venu comme un truc qui sort de terre
Ça se passe dans la grande salle du réfectoire, rendue silencieuse par la vigilance des surveillants. Les élèves sont assis chacun à une table, empêchés d’être bêtes par la règle du silence…C’est merveilleux.
L’autre nuit, tu as ouvert comme une dentelle toute la surface du mur aveugle au nord-ouest. Les maisons voisines avaient disparu, la plaine s’offrait au loin, courant jusqu’au fleuve en une mosaïque de champs de blé, de luzerne et de colza. Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Et ce qui est drôle, c’est qu’en nous promenant l’autre jour tous ensemble de l’autre côté du bois, c’est à peu près toute cette portion du paysage que Zizi a appelé « le lointain ».
Comme je me souvenais encore vaguement des explications de maman à propos des crottes de notes qu’on voyait sur ses
partitions quand elle jouait du piano, j’ai clamé à mon tour : « Bécarre ! »
"C'est étrange comme, parfois, "rien" a l'air d'être quelqu'un."
"C'est étrange comme, parfois, "rien" a l'air d'être quelqu'un."
"Dis-moi, Odile, dis-moi comment on survit à tout ça. Dis-moi où nous avons trouvé la force de tant nous réjouir ce soir, alors que je vois la béance que tu laisses en chacun de tes enfants comme en moi ou en Jeanne.."
J'ai des enfants
- je me souviens -
j'ai un mari
- je me souviens -
tous ont un jour ou l'autre
dormi contre mon sein
Au début Tulukaraq me prenait sur son kayak comme mon père autrefois, puis nous avons décidé d'en fabriquer un à ma taille, avec les peaux de phoques qui nous reviennent. Son oncle nous a conseillés pour la structure : une forme courte, plus maniable entre les glaces. Ensuite, Tulukaraq et moi avons tendu les peaux ensemble. Une blanche au milieu, une noire à chaque extrémité.