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Citations de Bernard Amy (63)


À ce moment précis, seulement, j'admis que Smith était mort et j'eus du chagrin, un chagrin affreux, qui me tordait le cœur, un chagrin comme je n'en avais pas eu depuis le jour où la bonne, vidant la baignoire à mon insu, dirigea vers le grand collecteur de Liverpool mon élevage de têtards. (Jean Ferry, La maison Bourgenew)
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C'est alors qu'il m'arriva la chose la plus rare du monde ; je perçus mon propre bonheur dans le temps même où je me trouvais submergé par cet univers souriant. Tout désir en moi se trouva pour l'instant non point aboli, mais très exactement comblé. Et déjà, je m'interrogeais avec un grand frémissement intérieur, cherchant à me dissimuler à moi-même cette glorieuse certitude de joie, car j'avais suffisamment vécu pour redouter la hargne attentive des dieux. (Samivel, La réponse des hauteurs)
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Je hais les ciels bleus parce qu'ils sont vides et arrogants.

(Guy Martin-Ravel, Les étoiles de la voie Major)
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Le grimpeur est l'homme du vide, qui voit les oiseaux des parois comme ses frères de l'air. (Préface du texte d'Henri Michaux, Le dépouillement par l'espace)
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Le futur n'est pas le résultat de choix parmi plusieurs chemins différents offerts par le présent, mais un endroit qui est crée, d'abord dans l'esprit et la volonté et ensuite dans l'activité. Le futur n'est pas un endroit où nous allons mais un lieu que nous créons. Les chemins ne sont pas à trouver mais à construire ; et cette activité change à la fois celui qui la produit et la destination.
John Schaar, cité dans la préface de la nouvelle de Bernard Amy "Dans le massif du Mont Analogue".
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Il avait accueilli sans frayeur l'arrivée du mauvais temps, presque avec une espèce de joie, comme un renforcement passionnant de l'aventure, une occasion nouvelle de croiser le fer avec ses forces toutes neuves. Seulement ça durait trop ; cette tourmente n'était pas à l'échelle. Il découvrait soudain avec désarroi que les choses refusaient de jouer un jeu courtois.L'enfant qui subsistait encore en lui, presque intact derrière ses dix-huit ans, aurait volontiers crié : "Pouce !" C'était un langage que n'entendaient nullement les cohortes de démons haineux qui s'acharnaient contre eux en grinçant des dents. Il commençait à soupçonner dans son for intérieur qu'ils en voulaient à sa vie, mais l'avertissement émanait plutôt d'un profond, primitif instinct que d'une perception raisonnée.
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Un étrange rêve de pierre et de glace brillante, paradis suspendu entre les grands abîmes des neiges inférieures et de l'azur. D'en bas montaient, avec le bruissement à peine perceptible des torrents, de vigoureux arcs-boutants de roche fauve poussant jusqu'au faîte même de l'arrête des quartiers à angles nets, entaillant hardiment le ciel, ou lancés en porte à faux sur l'à-pic avec une audace stupéfiante. De frêles passerelles de neige, aiguisées comme des sabres, reliaient en guirlande ces donjons les uns aux autres. Et cet univers cubique, plein de miroitements métalliques et de dureté, proposait orgueilleusement aux hommes son jeu de glaces de l'intelligence. D'abord une descente de plaques assez faciles, puis l'arrête neigeuse remontait par une courbe d'or jusqu'au pied d'un puissant monolithe fiché dans la crête, une sorte de menhir. C'est à partir de là que les choses avaient l'air de se gâter avec une corniche énorme, roulée en coquille, hérissée de stalactites dégoulinantes, dont la carapace évoquait la silhouette d'un monstre de l'ère secondaire, lourdement penché sur le versant d'Argentières vers lequel il paraissait près de plonger à tout instant. Savoir si le tricératops se laisserait apprivoiser ? (Samivel, Tourmente)
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Discours d'une passion, le discours sur la montagne est toujours un discours amoureux.
(Hubert Odier dans l'éditorial du numéro 1 de la revue Altitudes, cité par Bernard Amy dans l'avant-propos)
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La montagne d'aventure a une vertu qui lui est propre : le bout de chemin sans cesse reparcouru n'est jamais le même.
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La certitude qu'il était trop tard, qu'ils ne pouvaient plus s'en tirer, que toute évasion était devenue inimaginable s'empara de l'esprit de Gé avec la force d'une évidence mathématique. Il l'accueillit sans réaction. Une excessive tension nerveuse avait épuisé en lui les sources de l'émotion, son esprit s'était à la longue désensibilisé comme ses membres. Il contempla fixement l'image de sa propre destruction, la trouva décolorée, et s'en détourna. Son être se scinda comme un fruit mûr. Une partie de lui-même cessant de se plier aux contingences fut libérée dans une dimension neuve d'où elle examina les gestes de l'autre avec indifférence. Ainsi fut franchi, sans qu'il en prit lui-mêmêe conscience, le premier palier de cet acte long et compliqué qui s'appelle mourir.
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La conquête de l'inutile n'est pas inutile.
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La haute montagne est pour l'homme un milieu difficile. mais dans ses zones les mieux préservées, elle représente la nature à l'état brut.
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Je ne sais pourquoi, j'ai d'abord pensé qu'il fallait éviter d'écraser les fleurs. Marquer son pas dans la neige est facile. Mais ici, ce sont des fleurs, qui ne repousseront qu'au printemps. Puis j'ai avancé au milieu de ces prairies bleues, avec ma fatigue, ma soif, ma faim, mon inquiétude et l'idée presque désespérée qu'il me faudrait absolument me souvenir des herbes du Kurdistan. Il ne faut pas que j'oublie l'ombre des grands vautours, le sifflement de leur vol, le bleu du ciel, le sol que je fixe des yeux pour ne pas savoir quand j'atteindrai mon prochain repère, l'herbe qui se fond dans une seule couleur, la lumière, le soleil, la montagne privée d'eau, le grand déroulement des plateaux vers le nord. Oui, voilà! Fixer des yeux la fin des grands plateaux, en faire l'étape ultime, me dire que les fleurs vont jusqu'à l'horizon.
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Des gestes qui m'attendent, je n'en connais aucun. Je pensais : il faudra les imaginer l'un après l'autre. Mais les prises se mettent à surgir avec tant d'exactitude, chacun de mes gestes s'y adapte si parfaitement que bientôt, je ne sais plus qui, de la prise ou de moi-même, les invente.
Les gestes sont en moi. Les prises les font surgir. Toutes les images d'escalade que j'ai pu accumuler se trouvent arrachées, projetées sur la pierre, puis régulièrement transformées en mouvement.
M'équilibrant des deux mains - l'une du bout des doigts tient la fissure au fond du dièdre, l'autre, paume plaquée contre la pierre, s'imprègne de tiédeur-, les jambes en écart, les pieds sur de petites prises, je m'élève doucement. Je ne suis ni à l'intérieur ni hors de la pierre. Je marche à sa surface. Par chaque doigt, elle entre en moi, et me donne l'intuition du vide qui l'entoure.
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Il s'est mis à me parler des montagnes, de celles qui existent et de celles qui restent à créer, de celles qui, au faite de leur perfection, commencent déjà d'être effacées, de celles qui , encore ébauches grossières, émergent encore à peine à l'intérieur des continents.
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Que l'on soit homme ou femme, la haute montagne est un monde étranger.
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La partie basse du ciel est devenue d'un bleu plus profond, celui des fleurs et celui de l'ombre qu'elles retiennent. Au loin, la vue s'étend au-delà des plateaux que nous dominons et nous pouvons suivre, des régions qui nous entourent jusqu'à l'horizon, la progression des couleurs vers les ocres et les rouges des erres brûlées par le soleil. Il nous semble apercevoir des tentes kurdes. Mais il y a toujours sur ces étendues la même absence de vie.
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Le partage réconfortant en bons et en méchants n'est pas si facile. Si l'on en croit T.E. Lawrence, dit d'Arabie, qui eut à combattre Turcs et Kurdes, les uns et les autres ne sont que d'horribles pillards, obsédés par le massacre. Mais peu après le traité de Sèvres, le même Lawrence conseillera la Royal Air Force, plus efficace que l'infanterie, pour bombarder les populations civiles du Kurdistan. ce sont pourtant les Kurde qui ont été utilisés pour opprimer le peuple arménien. En suite de quoi, lorsqu'ils manifesteront des velléités d'indépendance, l'Empire ottoman les soumettra par une répression "au delà de l'horrible". On ne peut pas en conclure pour autant que les Turcs sont les méchants : certains, conquis par les charmes de l'Anatolie, raconteront les souffrances des soldats turcs "en guenilles, affamés, sans munitions, sans médicaments, talonnés dans des bourrasques de sable par les Anglais bien nourris d'Allenby et les Arabes bien payés de Lawrence".
Le cercle est fermé. Tous sont passés par le crime et la souffrance. L'histoire ne peut rien nous apprendre de plus. A travers elle, il n'y a que des hommes plongés dans une guerre éternelle (pour ceux qui ne veulent rien voir d'autre), ou des hommes glorifiant la vie (pour ceux qui veulent oublier les combats).
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De ses origines à nos jours, l'alpinisme n'a ainsi jamais cessé d'être une activité de découverte des montagnes du monde, et donc d'être une exploration.
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Les alpinistes compulsifs cherchent en fait à revivre l'éblouissement de leur première course.
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