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Citation de VincentGloeckler


Raoul était pressé de retourner au tribunal. En tant que procureur, il rejoignait dans la légende son héros de la Révolution française, le père Duchesne, qui se disait fils de sacripant, poêlier, qui fumait la pipe et qui assumait qu'on le considérât comme un Exagéré ou un Enragé. Désormais, il aurait à créer une justice révolutionnaire comme il avait créé une police révolutionnaire. Cela dit, il devait convaincre les communards de renoncer à leurs principes et consentir aux bienfaits de la dictature - leurs réticences le consternaient. Avrial voulait supprimer la peine de mort, il voulait même brûler la guillotine. Rigault prétendait avoir conçu les plans d'une guillotine à batterie électrique qui rendrait les plus éminents services, mais il se tut quand Renoir glissa dans la conversation qu'il avait rencontré le bourreau Sanson dans l'atelier de son père où il essayait un costume trois pièces en serge de coton. Sanson ! Oui, le petit-fils qui avait perpétué l'oeuvre familiale mais qui avait dû vendre la guillotine pour échapper à des poursuites dans une histoire de moeurs.
Avant de partir, il leur montra la dernière mouture d'un décret qui ferait date et qui imposerait sa volonté à la Commune. Le tribunal révolutionnaire serait composé de cinq membres de confiance qu'il pourrait choisir, lui, Rigault, un tribunal qui se prononcerait sur la culpabilité séance tenante, ce serait oui ou non, et la seule peine prononcée serait la mort et l'article 5 préciserait qu'elle serait exécutée dans les deux heures. Avrial désapprouvait cette justice expéditive. Il le rembarra vertement. "Nous ne faisons pas de la justice, nous faisons la révolution."
Sur ces fortes paroles, chacun retourna à ses occupations.

(pp.107-108)
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