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Citations de Bernard Chambaz (237)


Est-ce moi qui rêve ou bien suis-je un personnage rêvé, une projection de mon double, et alors lequel de nous deux aura le dernier mot?
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Une image avait alors frappé Vladimir Vladimirovitch : la tristesse dans les yeux de Poutine - une tristesse qu'on voit seulement dans les yeux des phoques.
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"La vitesse est d’essence divine. Avant le Dieu des chrétiens qui a repris l’éclair et la foudre à Zeus, c’est Hermès qui l’a incarnée. Hermès va à la vitesse du vent."
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A la fin du match, le Palais des glaces s’était métamorphosé en tombeau. Une image avait alors frappé Vladimir Vladimirovich : la tristesse dans les yeux de Poutine – une tristesse qu’on voit seulement dans les yeux des phoques. P 14
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Bernard Chambaz
Et eussions-nous roulé…


Et eussions-nous roulé
en carriole
légère la vie aurait passé pareil
à peine moins vite
peut-être — même quand j’avais lâché les rênes
pour t’embrasser
dans le cou
par surprise — les cailles et les loriots
après les martins-pêcheurs
car rien ne change en ce bas-monde
« le million de morts aussi, en résumé »
juillet au capitole ou « bonheur et framboises »
comme si les lucioles
réapparaissaient
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Mon frère demandait pardon aux oiseaux ; cela semble absurde, mais c'est juste, car tout ressemble à l'Océan, où tout s'écoule et communique, on touche à une place et cela se répercute à l'autre bout du monde. Admettons que ce soit une folie de demander pardon aux oiseaux, mais les oiseaux et l'enfant et chaque animal qui vous entourent se sentiraient plus à l'aise, si vous-même étiez plus digne que vous ne l'êtes maintenant, si peu que ce fût.
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selon le dictionnaire
balai viendrait de bouleau
et bouleau est un vieux mot gaulois
passé au latin

et revenu chez nous
poussé par un doux vent du sud
mais avec du Bartas qui dit
des vents qu'ils étaient les frais balais de la terre

après que du Bellay plusieurs fois
avait choisi le mot " haleine "
qui plaît forcément

à Verlaine abandonnant
son être aux vents comme un bouleau
( Vous vous en souvenez-vous, Madame ? )


DU BELLAY DU BALAI
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Aussitôt j’aperçois l’accès d’une galerie commerciale où se détache le mot DISCOUNT, comme si on était déjà de l’autre côté du périphérique, en banlieue, ce que tendrait à prouver l’entrée proche d’un parking. Dans mon souvenir, c’était ici les longs murs déserts des usines Panhard, symbole d’un travail ouvrier et d’un progrès liés à des décennies glorieuses qui semblaient éternelles.
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Il n’y a pas de nuit, même pénible, qui ne mène à l’aurore.
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Sur un mur en briques rouges, le poème d'un poids plume affilié au club est affiché. Il y a donc dans ce pays des poètes boxeurs comme il y a des poètes cow-boys. Et une maxime que Jack n'aurait pas désavouée: " Un boxeur, comme un poète, doit tenir bon tout seul. " (p. 205)
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L'heure de la vengeance sonne dès le lendemain matin. Au petit déjeuner, Jack peut lire qu'il a abandonné ses enfants. La presse écrit tout et son contraire, que le mariage n'est pas valable ou qu'il n'est valable que dans l'Illinois. Charmian adore la réponse de Jack. Il proclame qu'il est prêt à l'épouser dans chaque Etat des Etats-Unis, quarante-cinq Etats quarante-cinq cérémonies, et même dans les cinq territoires qui ne sont pas encore entrés dans l'Union, elle rit sans être tout à fait sûre qu'il ne s'y attelle pas pour de bon, Oklahoma, Nouveau-Mexique, Arizona, passe encore, Alaska et Hawaï ils s'y rendront en bateau.
page 212
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Vladimir Vladimirovich reprend son calepin. Il note : prédateur – celui qui vit de sa proie. Il le referme, l’ouvre à nouveau pour écrire : proie – être vivant dont un animal s’empare pour le dévorer. Puis il va chercher ses cahiers dans le tiroir. Et il se dit que tout se passe comme s’il était cerné par le président Poutine et comme si le Président Poutine était cerné par les fantômes de Staline. P 72
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Le sous-bois était donc
jaune le sous-bois
ou le bois -
deux chemins s'écartaient
et je ne savais lequel des deux choisir
- l'un
ou l'autre -
alors si j'ai pris l'autre
je savais qu'un jour je reviendrai
et que je prendrai
l'un qui serait l'autre -
à moins que je ne veuille repasser
par le même chemin
afin de revenir une autre fois encore
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Le verdict est l'affaire de quinze secondes. Trente jours de prison. Jack n'a pas la possibilité de dire un seul mot et il se doute qu'un seul mot lui coûterait trente jours en supplément. Il a un sentiment extrêmement vif de l'injustice commise par ce juge bardé de mépris qui ne vaut pas les vagabonds qu'il condamne. p. 38)
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En classe, il ne fait aucun effort. Ses notes sont, au mieux, médiocres. Pour tout arranger, il est coléreux, réfractaire aux règles. Il se complaît dans cette attitude et, un après-midi, en cours de technologie, il commet un sacrilège. Il dégrade volontairement une pelle, une vraie pelle d'ouvrier terrassier ou cantonnier, une de ces pelles avec lesquelles l'héroïque prolétariat a construit les barrages qui ont permis aux citoyens soviétiques de jouir de l'électricité.
A la suite de plusieurs rappels à l'ordre, il est exclu des jeunes Pionniers.
La sanction est très rare, réservée aux cas désespérants.
Il n'a plus le droit de porter le foulard rouge autour du cou.
Sur le moment, il s'en fout, il est même plutôt content.
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Ce que Vladimir Vladimirovich a préféré, c’est le voyage de la torche olympique. Elle aura connu tous les ciels, tous les fuseaux horaires, tous les moyens de locomotion…
A son grand regret il n’a pas été retenu pour la porter…
Le président Poutine – lui – ne porte la flamme que pour l’allumer. Ce jour-là, il a l’air heureux, un léger sourire aux lèvres, comme s’il ne pouvait être que légèrement heureux. P 34
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Souvent j'ai éprouvé dès les premiers coups de pédale, dans la fraicheur du matin, une allégresse qui se substitue à la fatigue du réveil. Somme toute, le vélo fabrique une fatigue qui défatigue. Cette bonne fatigue remplace la maussade, la forme de lassitude décrite chez Lévinas par la parabole du Voyageur et de son ombre, un Voyageur qui voyage au moins depuis sa naissance: "l'existence projette une ombre qui la poursuit infatigablement."
Lévinas fait naitre l'effort de la fatigue. Paradoxalement, il rejoint la finesse de l'analyse de Descartes dans une lettre adressée à la princesse Elizabeth, où, évoquant les exercices, il signale une fatigue que l'on peut entendre comme légère et qui nous permet de toucher une perfection du corps. C'est une chance, voire un luxe que de dépenser ses ressources. Et non seulement la dépense augmente encore les ressources, mais elle fortifie aussi la force d'âme et confine à la joie.
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Même le jour se traîne de bloc en bloc. Tu as du mal à détacher ton regard de l'estropié qui fait la manche au carrefour, tu as du mal et de la peine rien qu'à apercevoir des types étendus par terre, cuités ou camés, qui n'ont plus rien à voir avec les trimardeurs ni même les clochards d'autrefois. (...)
Tu vérifies qu'il y a là un abîme et que cet Abîme est un Scandale, à savoir "ce qui paraît incompréhensible et qui, par conséquent, pose problème à la conscience. " (p. 85)
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On est en mai 1870, la première ou la deuxième semaine, les fourrés de lilas explosent doucement, personne n'entend la rumeur de la guerre qui menace. Et qui pourrait deviner que l'un - Renoir- sera considéré bientôt comme "le pape", comme le peintre du bonheur même si les mesquins le qualifiaient de peintre pour dames et si les abrutis lui faisaient valoir que le torse d'une femme n'est pas un amas de chairs en décomposition avec des taches vertes et violacées; et que de l'autre- Rigault- sera, sous peu, le délégué à la police puis le procureur de la Commune.

(p. 15)
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Bernard Chambaz
     
Jachères
et rien, peut-être, n’a fait tant de bien que de laisser reposer mes jachères, rien peut-être, malgré cette énorme passion que j’en avais, et que j’en ai encore, cet étonnant mélange de jubilation et de déploration, malgré l’endurance du jeûne, les égards rendus, la déférence, cette somme d’un temps, des années durant m’y vautrant pour qu’en soit la semence meilleure, pareil à Robinson, et je faisais un radeau avec de simples plumes, un bateau avec un brin de bleu, je brûlais mes vaisseaux, ces pages que j’eusse voulu magistralement confusées comme un puzzle du monde dont n’eût manqué, à son terme, la moindre pièce, en repoussant sans fin le banc, rêvant debout, pesant tour à tour sur des charrues au soc plus ou moins lourd, sillonnant, y portant tous les engrais imaginables, crottin, cendres de roses, azote, tourbe, limon, chimies, en faisant une immense cornue, chaque jour apportant son continent de nouvelles ruines, de sorte que tout me semblait retomber, s’effondrer, des mots entiers s’écroulaient, des séries de poèmes prenaient l’eau, mes pages se mitaient, un délabrement incroyable dans tout le livre avec ces yeux tour à tour du dépouillement et de la forêt dense, il y avait aussi les heures les jours les années et les siècles de sécheresse, de famine, et le ventre se gonflait de déserts, la même lettre comme un oued, et rarement une oasis, un sol toujours instable, cette constante érosion de l’écrit, et du comment écrire, l’inlassable séisme, et tous les pinceaux n'y pourraient suffire, ni l’image de Sysiphe sans cesse repoussée car je n’y pouvais croire, mais pourtant, et le sol se fendait, craquait, s’ouvrait, et la terre toute entière n'était plus que le ventre d’un gouffre où je ne pouvais même plus me voir, rien, et tout cela pourtant avançait, se reprenant, semblant maintenant se tenir, notamment par les réseaux du songe et le vitascorbol des mots, cela poussait, et rien n’a fait tant de bien que de la laisser reposer, rien il est vrai n’était plus naturel, pensez-vous une jachère, il se faisait un curieux mouvement dans la terre, sourdement, comme une irrigation d’indigo, car c’étaient d’autres soles qui se mettaient à porter, que j’avais encore si peu travaillées malgré l’énorme souci que j’en avais déjà de longtemps, c’étaient d’autres personnages qui surgissaient, comme des tragédiens et des gisants, des peintres, et même Jésus, d’autres pages qui s’animaient, et ce serait un jour à dire les croisements hybrides qui s’en firent, de nouvelles géographies, les continents glissaient comme une démentielle tectonique, rien, non rien ne pouvait faire tant de bien, et c’étaient d’autres ruines qui poussaient, d’incroyables ronciers, je me perdais, rien ne ressemblant moins à des ruines que d’autres ruines, je ne me reconnaissais plus, et pourtant, c’étaient les mêmes ruines, j’en retrouvais maintenant la syntaxe, des phrases entières dont seuls les mots avaient changé, à tel point que c’en était même devenu une seule et longue phrase, la même ruine mais davantage ruinée, et la chair de ses pierres plus à vif, et les cris de sa chair il me semblait plus vivants, oui, rien ne pouvait faire plus de bien que cette sombre acculaison, à pourrir sur pieds, rien, jusqu’à ma dernière image achevée, consommée, de ruines entièrement arasées, et tous s’y mêleraient, Vendredi l’Etranger et Jason, m’évacuant après avoir festoyé de mes restes, c’est-à-dire, rien, et un jour en viendrai-je de la sorte à publier un livre qui ne serait que le poème d’un mot, et ce mot, comme je mourrai, ne serait-il celui du repli de jachères, et de sa désintégration, rien n’a fait tant de bien peut-être mais rien n'a fait tant de mal non plus.
     
Congé et rien, jamais, comme une histoire de l’indigo.
Silences, silence (...puisqu’il faut bien en finir) accéder au congé — et ce qu’à chaque fois il m’en coûte, quel qu’en soit le sens, alors je remets ça

— comme un gigantesque point à la ligne : moi en ce jour — congé dié — seul avec mes trois bons quintaux de pages : et rien toujours ne saurait mieux rendre conte de la passion que la passion elle-même, changeant de face, de sorte que poème est contagion qui dans un silence fait de cris passe de proche en proche depuis le genou blanc du scribe et, prenant gain en toute chose qu’il touche, se dresse à façon de girouette sur l’immense toit du monde poème est aussi bien sa lecture, où soit contagion une épidémie des fleurs de la peau ou le nom pris par un oiseau après qu’il a été tatoué, poème aussi tous ses prolongements et poème même l’esprit de l’escalier — avec les buissons que sont sur les marches images de la mer.
Une lettre ouverte, en somme.
Post-scriptum
Ici, il fait beau...
J’écris, j ’écris, j’écris.
Et j’attends !
J’ai achevé hier une lettre à Pierre Jean Jouve. J’en attends avec impatience la réponse. Mais sommes-nous encore des courriers — comme antan du côté de Marathon ?
     
Correspondances II, extraits — Revue PO&SIE no 2, 1977.
(Michel Deguy • Jude Stéfan • Jacques Réda • Lionel Ray • Pierre Oster-Soussouev • Alain Duault • Lorand Gaspar • Robert Davreu • Bernard Chambaz • Jean Pérol • Pierre Torreilles • Paul Louis Rossi)
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