Ils ne devaient rien à rien. Au delà de l'étonnement et de l'inutile culture, il n'y avait que le silence en réponse. Aucune communication possible que celle relative à la survie. Tous les codes s'annihilaient. Nous ne savions même pas comment signifier notre gratitude ni comment formuler nos adieux. Ces êtres resteraient dans la partie indéfinie du souvenir. C'est un peuple en hibernation dans la mémoire.
Je pressentais que les jours à venir allaient gommer cette rencontre esquissée au fusain. C'était fragile,évanescent comme un rêve. Deux longues mains terreuses avec des doigts infinis nous avaient offert trois mangues fraîches. Nous étions des hommes et des femmes de la même terre que le temps avait éloignés les uns des autres.