Quand je suis sorti de l’hôpital, ma mère était morte. C’était une femme extraordinaire. J’avais perdu mon père quand j’avais treize ans, et c’était elle, toute seule, qui avait maintenu la famille en vie et unie. J’ai passé les sept jours de la shiv’ah assis, à la revoir vendant des sacs de papier empilés sur sa charrette, à songer à ce qu’avait été son existence et à ce qu’elle avait essayé de m’enseigner. « Nathan, a-t-elle dit, si jamais tu oublies que tu es juif, il se trouvera toujours un goy pour te le rappeler. » « Maman, j’ai répondu, repose en paix, ne t’inquiète pas de ça. Mais si jamais je fais quelque chose qui ne te plaît pas, souviens-toi que sur terre c’est plus dur que là où tu es. »
("J’ai toujours préféré le noir", p. 36)