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4/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1948
Biographie :

De formation scientifique, Bernard Sellier se passionne très tôt pour la littérature.

Deux romans personnels, "A l'ombre des Mirages" et "Les 2 vies de Julien Lacombe" ont été adaptés par ses soins en scénarios pour longs métrages.

Suivront divers recueils poétiques : "Nectar de vie", "Arpenteurs de vie", "Croquis humains", "Cinérimes" (poèmes inspirés de films), une pièce de théâtre : "Les Portes de Janus", divers scénarios pour courts et longs métrages, deux nouveaux romans : "Sous les ailes de l'ange" et "Les femmes de sa vie", ainsi qu'un essai : "Les doux visages de l'être".

site de l'auteur : https://imagesetmots.fr/

Source : www.thebookedition.com
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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
25. CHEMIN DES DAMES (LE)

( " La Guerre des Rose " , Danny de Vito )

Heureux amants d'un jour, qui avez pénétré,
Dans le septième ciel de l'extase absolue,
Ecoutez l'édifiant et douloureux portrait,
D'un couple fascinant que la haine pollue !

Ils s'étaient rencontrés, noir clin d'œil du destin,
Par un jour de tempête où pleuvaient des cordages !
La chamade battait un merveilleux tocsin,
Sous le mâle veston et l'élégant corsage.

Les ans se sont enfuis comme étoiles filantes,
Dans le ciel argentin de la félicité.
Des ovules pondus avec joie déferlante,
Avaient donné le jour à deux charmants bébés !

Le plus fin pinailleur serait rentré bredouille,
Dans sa quête éperdue d’un petit grain de sable !
Pas l’ombre d’un hiatus, pas la plus frêle embrouille.
En trois limpides mots : le rêve inconcevable !

Il advint qu’un beau jour, sans avoir crié « gare »,
- Dieu seul connaît la clé de ce curieux mystère ! –
Un délicat relais se grippa quelque part,
Provoquant un éclat macromoléculaire…

Madame idolâtrait son minou poilucheux,
Cependant que Monsieur divinisait son chien !
Peut-être dans ce fait, un docte logicien,
Eût-il vu le ferment d’un avenir ombreux ?




De prime abord ce furent quelques invectives,
Que l’on peut qualifier de fort inoffensives !
Un « pauvre con » par ci, une « traînée » par là…
Bien maigres ingrédients pour en faire un bon plat !

Puis, la pratique aidant une imagination,
Qui chaque jour gagnait en ludique invention,
Les conjoints, déchaînés, par degré adoptèrent,
Un rythme régulier de barbare croisière !

Ce fut l’odieux concours des sordides trouvailles,
De Monsieur soulageant sa vessie dans la soupe,
A Madame érigeant en monceau de ferraille,
Le fin cabriolet à l’élégante coupe.

Semblable frénésie dans l’agressivité,
Ne pouvait déclencher qu’une fatale issue.
Qui fut, à votre avis, le premier abattu ?
Le malheureux félin, travesti en pâté.

Le point de non-retour ayant été franchi,
Les deux cerveaux féconds n’avaient qu’une obsession :
User de la violence ou de l’hypocrisie,
Pour mener l’ennemi jusqu’à l’extrême onction !

Vous avez sous les yeux, candidats à l’union,
Les lendemains radieux qui attendent vos cœurs.
Si mon récit n’est pas brillante dissuasion,
Devenez, sans regret, expérimentateurs,

Mais n’oubliez jamais que sans relâche veillent,
Dans l’âme du conjoint d’horribles intentions.
Que la méfiance un jour chez l’un de vous sommeille,
Et la mort frappera sans une hésitation !


16/04/2004
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Premier Contrat






Depuis dix minutes, quelques flocons voltigent au gré de la bise du nord, et se liquéfient en touchant terre. Si le thermomètre descend de trois ou quatre degrés la nuit prochaine, c’est le manteau de neige assuré pour demain matin.
Assis sur une des vieilles banquettes du bistrot, dans le recoin le plus obscur, Laurent fixe, à travers les vitres sales, les flaques d’eau qui s’étendent inexorablement, le regard perdu dans une rêverie sombre qui plisse son jeune front. Ses doigts fins caressent machinalement la tasse de café vide.
Horreur du froid, de l’hiver, de la grisaille dans la ville et dans sa vie, de ce bistrot pouilleux, aux comptoirs usés par les milliers de bras crasseux qui s’y sont affalés. Un patron fatigué, à l’image de son troquet, arpente le parquet vermoulu d’un pas lent, lourd et résigné…
Pourquoi diable avoir choisi ce recoin de cauchemar comme lieu de rendez-vous ? La réponse est évidente : discrétion ! Mais est-elle logique ? Laurent n’a pas osé aborder ce sujet la veille, lors de la première rencontre. Ou peut-être n’y a-t-il pas pensé. Qu’importe ? Dans vingt-quatre heures, si tout se déroule comme prévu, ses yeux se perdront dans le bleu profond de la Méditerranée. Sur les plages de sable doux qui chantent la fête, les vacances et la liberté. Loin de ces taudis minables de banlieue parisienne qui empestent les ordures, la crasse et la misère.
Il est indispensable que tout se passe bien ! Il frissonne en voyant surgir devant ses yeux l’image du messager, rencontré pour la première fois, hier, à la même heure. Un visage glacial, hideux, qui semblait appartenir à une race inconnue, quasiment extra-terrestre. Il était soudain là, planté face au jeune homme, sans qu’un bruit ait trahi son approche. Quelle angoisse…
Pourvu qu’aujourd’hui ce soit quelqu’un d’autre ! Les yeux de Laurent quittent brusquement la rue et sa rêverie, pour scruter l’obscurité de la salle. Un soupire de soulagement s’échappe. Pas encore de vision cauchemardesque. Les mêmes consommateurs qui occupaient l’espace à son arrivée. Trois vieux habitués, juchés sur des tabourets branlants, échangent de vagues considérations sur le monde. Là-bas, à l’autre extrémité, un couple d’amoureux qui se dévorent de la bouche et du regard.
Il est quinze heures trente.

A suivre………………..
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SCENE 2

LES MEMES, MARIE


Catherine rentre avec le café. Elle le sert tandis que Mathieu, inquiet, regarde par la fenêtre. Marie entre. C’est une jeune femme élégante, bien maquillée, à la démarche assurée, quasi impériale. On aperçoit discrètement un début de grossesse. Elle pose un sac de voyage, s’approche de Mathieu et lui donne un baiser rapide.

MARIE

Ah, bonjour Catherine. Je vois avec plaisir que vous êtes guérie.

CATHERINE, souriante.

Oui Madame, merci.

MARIE

Soyez gentille de nous préparer le poulet que j’ai posé sur la table de la cuisine. Vous ferez aussi quelques pommes de terre. Ou plutôt, non, des haricots verts, c’est plus digeste avec les protéines. Et une petite salade en entrée.

Elle s’approche d’elle et lui glisse deux mots à l’oreille.

CATHERINE

Bien Madame.

Elle sort. Marie fixe un instant Mathieu qui s’est rassis et baisse les yeux. Elle hausse les épaules et s’assoit.
MARIE

Ces deux jours de liberté n’ont pas l’air de t’avoir beaucoup réussi ! Tu as un air de déterré. Tu as fait la nouba ?

MATHIEU, lève les yeux au ciel.

La nouba… Tu penses ! Non, j’ai très mal dormi, tout simplement.

MARIE

Pourtant, on ne peut pas dire que tu te sois levé aux aurores. Je crois que ce ne serait pas inutile, d’ailleurs, que tu t’habilles rapidement !

MATHIEU, un peu surpris.

Ah bon ? En fait… J’avais quelque chose à te dire. Mais ça n’est pas d’une urgence folle...

Il se dirige vers la porte de la chambre, mais la voix ferme de Marie l’arrête dans son élan.

MARIE

Attends ! Ça tombe très bien, parce que moi aussi j’ai à te parler.

Puis sur un ton ironique :

Au moins, pour une fois, nous aurons quelque chose à partager ! Je t’écoute.

MATHIEU, un peu décontenancé.

Je préfèrerais que ce soit toi qui commences.



MARIE, une moue dégoûtée

Décidément, je ne sais pas si un jour tu te décideras à devenir adulte ! Enfin, il paraît que l’espoir doit se cultiver jusqu’à la dernière extrémité… Vivement qu’elle arrive, celle-là ! Bon, eh bien puisque tu es toujours aussi courageux, voilà : je ne suis pas du tout allée voir ma mère !

MATHIEU, la voix tremblante.

Tu veux dire…

MARIE

Une seconde, s’il te plaît. Laisse-moi terminer au lieu d’imaginer je ne sais quelle bêtise. Contrairement à toi, je ne travaille pas dans les sous-entendus. Je dis clairement que si je n’ai pas rendu visite à ma mère, c’est parce que je suis allée voir un homme dont je t’ai parlé quelquefois, un… conseiller, si l’on veut.

MATHIEU, méfiant.

Comment ça, un conseiller ? De quoi ? Un psychologue ?

MARIE, un peu énervée.

Je ne sais pas exactement quels sont ses diplômes, et de toutes façons je m’en moque éperdument. Je vois simplement que c’est un homme dévoué, intelligent, compétent, de bon conseil. Et si je t’ai demandé tout à l’heure de ne pas rester dans cette tenue, c’est parce qu’il vient déjeuner à midi.

MATHIEU, ne cache pas sa stupéfaction.

Il vient… déjeuner ?


MARIE

Oui. Pourquoi ? C’est tellement extraordinaire ? Ce n’est pas parce que nous ne recevons jamais d’amis que ça doit devenir une religion. Oui, je l’ai invité, et il a eu la gentillesse d’accepter. Il en profite pour rendre visite à une parente, cousine, quelque chose comme ça.

MATHIEU

Mais il habite où ?

MARIE, fait une vague moue de dégoût.

Tu es réellement stupéfiant ! Voilà un homme très sollicité, qui nous fait l’honneur de venir nous aider à résoudre nos problèmes, et tout ce que tu trouves à me demander, c’est le numéro de son immeuble. Pourquoi pas aussi la couleur de sa porte et les dimensions de son tapis ?

MATHIEU

Tu as des problèmes ?

MARIE, commence à prendre
un ton agacé.

Non, Mathieu, JE n’ai pas de problèmes. En revanche, NOUS avons des problèmes.

MATHIEU

Pourtant, jusqu’à maintenant…

MARIE

Comment ça : « jusqu’à maintenant » ? Ecoute-moi, depuis des mois nous ne faisons plus rien en commun, nous passons nos soirées chacun de notre côté, et on fait l’amour tous les vendredi 13 ! J’en suis encore à me demander comment il peut se trouver là !

Elle montre son ventre.

MARIE (Suite)

Alors, si ce ne sont pas des problèmes, comment appelles-tu ça ? De la communion passionnelle, de l’amour volcanique, une frénésie fusionnelle ?
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10. GRAIN DE SABLE


Tu es creuse, dit-on,
Recelant des trésors qui sont inaccessibles,
A nous, pauvres piétons,
Qui parcourons ta croûte en fourmis impassibles.

Un grand soleil, dit-on,
Brille au cœur de ton corps aux mamelons glacés,
Où, pâles rejetons,
Nous pleurons un Eden aujourd'hui trépassé.

De grands êtres, dit-on,
Y croissent en sagesse et spiritualité,
Loin des bêlants moutons,
Qui font leur ordinaire de fatalités.

Des envoyés, dit-on,
Sont parfois missionnés pour observer nos vies,
D'orgueilleux avortons,
Clamant à l'univers leur terrestre génie.

C’est affligés, sans doute,
De voir notre raison dans la fange vautrée,
Qu’ils reprennent la route,
Vers la paix embaumant leur céleste contrée.

Il est dit que tes pôles
Sont, pour les bienheureux qui possèdent la clé,
De notre humaine geôle,
Un blanc tunnel d’accès vers ce monde sacré.

Un bonheur idyllique
Baigne le cœur des purs qui vivent en ces lieux.
Le vocable « tragique »,
Ne vient jamais troubler leur quotidien radieux.

Cet univers béni,
Ce vert jardin d’Eden, dont le souvenir hante
Notre sombre agonie,
Excite mes désirs de ses voix envoûtantes.

Mais un doute survient :
Trouverai-je au sein des splendeurs qui se dévoilent,
Pour mes yeux de terrien,
La beauté d’un ciel pur où dansent les étoiles ?



31/01/2004
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Chapitre 2

15 Juillet



« Je l’ai rencontré le premier avril 1971 ! Comment ne pas se souvenir d’un jour pareil ? Le plus ignare des apprentis psychanalystes en tirerait une montagne de conclusions ! »....
« Voyons, chère Madame, qu’est-ce que cela évoque pour vous ? Ne réfléchissez pas. Ce qui vient spontanément... Uniquement ce qui jaillit du fond de votre inconscient. »
Un balancement vertical de la barbichette. « Mais oui, c’est cela : une farce, une gigantesque farce. Rappelez-vous les gestes effectués dans les heures qui précédaient ? Les plats que vous avez consommés ? On ne soupçonne pas l’importance que l’estomac peut jouer dans l’organisation de notre subconscient ! Aucun des faits qui précèdent un moment aussi crucial ne doit être négligé. L’instant, que dis-je, le millième de seconde qui marque de façon indélébile notre existence. Vous rendez-vous compte ? Ah, je vois. Vous pensez que je déraisonne. Pas un psychanalyste qui ne divague, n’est ce pas ? C’est un lieu commun véhiculé par tous les réfractaires à la clarification de notre bourbier personnel. Je lis votre pensée comme si elle s’imprimait sur un écran cathodique. Avec tout le respect que je vous dois, je le dis tout net : vous vous manipulez ! Désirez-vous une preuve tangible de ce que j’avance ? Cherchez le menu... Oui la liste des petites choses que vous avez englouties au cours de votre dernier repas. Vous croyez l’avoir oubliée ? Vous ne le pouvez pas. Si vous me soutenez cela, je sais que vous mentez à votre moi profond ! »
Je vois la barbichette aussi nettement que si elle se balançait devant mon visage en ce moment. Mais pour ce qui est du menu ?... Voyons, un minimum de concentration !
« Le premier avril était, cette année-là un jeudi. »
« Un jeudi, tiens ! Voyons... Rien que ce mot nous éclaire déjà. Il s’agit du jour consacré à Jupiter. Un bon vivant, cet être-là, qui n’hésite pas à manger gloutonnement, à se fabriquer de bonnes bedaines. Vous constatez comme le « hasard » agence bien les éléments. Je vous parle nourriture, vous me répondez « Dieu de la jovialité ». Excellent début ! Poursuivez, je suis un incorrigible interrupteur ! L’antipode de mes chers confrères ».
Je sortais de chez Viviane, une amie sympathique, mais passablement disjonctée. Elle accumulait les « chéris » avec autant de constance que les 4/20 aux interrogations d’anglais ! Mais ne laissons pas le mental s’égarer. L ’un des plaisirs favoris de ce coquin est d’aller battre la campagne dès qu’un service utile lui est demandé. Viviane était une bonne cuisinière. Elle aimait la Provence plus encore que moi. Plus globalement, en tous cas : le paysage, mais aussi les peintures, les habitants mâles et surtout la cuisine ! Elle mettait des tomates partout, dans la soupe, dans les nouilles, dans les salades vertes et...
« Pourquoi riez-vous, chère Madame ? Ah, je vois que nous avons trouvé ! ».
Oui, bien sûr, c’est vrai qu’il y a de quoi rire ! Il s’agissait de tomates provençales. L’une d’elles avait même atterri sur ma chaussure. Nous nous étions amusées comme des folles...
« Ne détournez pas la conversation, s’il vous plaît. Comment étaient composées ces tomates ? Mmmm? Vous l’avez dit : d’une farce ! Avez-vous conscience maintenant des auspices divins sous lesquels se plaçaient les prémisses de cette rencontre si déterminante ? »
La barbichette tremble de satisfaction.
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10. Don Juan (Le) :

Une Fée bienveillante et douce,
S'est inclinée sur mon berceau,
Gratifiant ma jeune frimousse,
Du plus merveilleux des cadeaux.

Un timbre de voix caressant,
Finesse et harmonie des traits,
Un regard vif, bleu d'océan,
En un simple mot : la beauté !

Une certaine modestie,
Me contraint de dissimuler,
D'autres atouts, qui justifient,
La joie des femmes enjôlées.

Il n'en est aucune, à ce jour,
Qui ne soit redevable au Ciel,
D'avoir goûté ce qu'est l'amour,
Et la jouissance intemporels.

Quand mon regard soudain s’arrête,
Sur une fille de Vénus,
Aucun obstacle à sa conquête,
Ne peut contrer le processus.

Sans borne est ma persévérance,
En moi le temps suspend son cours,
Incontournable la confiance,
Qui étincelle chaque jour.

Ne serait-il pas criminel,
Indigne, voire méprisant,
De priver une âme sensuelle,
Du suprême épanouissement ?


Fille des villes, fleurs des champs,
Toutes sont Reines ou Princesses,
Dignes du plus parfait amant,
Qui les éveille à leur noblesse.

J’apporte mon secours précieux,
A toute femme dont la quête,
Est de s’élever jusqu’aux cieux,
Le cœur dans les bras d’un poète.



26/09/2003
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25. CHEMIN DES DAMES (LE)

( " La Guerre des Rose " , Danny de Vito )

Heureux amants d'un jour, qui avez pénétré,
Dans le septième ciel de l'extase absolue,
Ecoutez l'édifiant et douloureux portrait,
D'un couple fascinant que la haine pollue !

Ils s'étaient rencontrés, noir clin d'œil du destin,
Par un jour de tempête où pleuvaient des cordages !
La chamade battait un merveilleux tocsin,
Sous le mâle veston et l'élégant corsage.

Les ans se sont enfuis comme étoiles filantes,
Dans le ciel argentin de la félicité.
Des ovules pondus avec joie déferlante,
Avaient donné le jour à deux charmants bébés !

Le plus fin pinailleur serait rentré bredouille,
Dans sa quête éperdue d’un petit grain de sable !
Pas l’ombre d’un hiatus, pas la plus frêle embrouille.
En trois limpides mots : le rêve inconcevable !

Il advint qu’un beau jour, sans avoir crié « gare »,
- Dieu seul connaît la clé de ce curieux mystère ! –
Un délicat relais se grippa quelque part,
Provoquant un éclat macromoléculaire…

Madame idolâtrait son minou poilucheux,
Cependant que Monsieur divinisait son chien !
Peut-être dans ce fait, un docte logicien,
Eût-il vu le ferment d’un avenir ombreux ?

De prime abord ce furent quelques invectives,
Que l’on peut qualifier de fort inoffensives !
Un « pauvre con » par ci, une « traînée » par là…
Bien maigres ingrédients pour en faire un bon plat !

Puis, la pratique aidant une imagination,
Qui chaque jour gagnait en ludique invention,
Les conjoints, déchaînés, par degré adoptèrent,
Un rythme régulier de barbare croisière !

Ce fut l’odieux concours des sordides trouvailles,
De Monsieur soulageant sa vessie dans la soupe,
A Madame érigeant en monceau de ferraille,
Le fin cabriolet à l’élégante coupe.

Semblable frénésie dans l’agressivité,
Ne pouvait déclencher qu’une fatale issue.
Qui fut, à votre avis, le premier abattu ?
Le malheureux félin, travesti en pâté.

Le point de non-retour ayant été franchi,
Les deux cerveaux féconds n’avaient qu’une obsession :
User de la violence ou de l’hypocrisie,
Pour mener l’ennemi jusqu’à l’extrême onction !

Vous avez sous les yeux, candidats à l’union,
Les lendemains radieux qui attendent vos cœurs.
Si mon récit n’est pas brillante dissuasion,
Devenez, sans regret, expérimentateurs,

Mais n’oubliez jamais que sans relâche veillent,
Dans l’âme du conjoint d’horribles intentions.
Que la méfiance un jour chez l’un de vous sommeille,
Et la mort frappera sans une hésitation !


16/04/2004
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Deux jours avant mon vingtième anniversaire, Axelle s’est assise doucement auprès de moi, sur le tabouret de piano, pendant que je répétais un prélude de Rachmaninov. Le quatrième de l’opus 23, mon préféré. Elle est demeurée silencieuse pendant une ou deux minutes, puis m’a glissé à l’oreille : « j’ai envie d’amour avec toi ». Je sursautai. Elle était sans conteste l’une des plus belles de notre groupe. Je lui parlais à l’occasion. Mais, à cet instant précis, j’avais l’impression de découvrir son visage et sa voix pour la première fois ! J’ai dû la regarder longuement, comme un abruti, car au bout d’un moment, elle a baissé les yeux et s’est mise à rire, gênée. Des mots étaient bloqués quelque part entre mon cerveau et mes lèvres. J’avais l’impression que les neurones travaillaient comme des fous pour remettre de l’ordre dans un capharnaüm de pensées. Elle a posé sa main, bienfaisante et douce sur mon bras. Sans rien dire de plus. Je lui ai su gré de respecter ma surprise et ma gêne. Une grande tendresse était là, qui nous baignait. C’était bon.
Le calme est réapparu lentement. Ses paroles me sont revenues brusquement. Mystérieux. Comme c’était étrange de s’exprimer ainsi : « j’ai envie d’amour avec toi » ! Etait-ce un lapsus dû à l’émotion ? J’étais intimement persuadé que non, et je le pense encore aujourd’hui. C’était comme une expression personnelle, authentique, jaillie du fond de son inconscient, la projection des mots qui définissaient avec précision son désir intérieur : un mélange de recherche d’union physique et d’unité mystique.
Elle avait un an de plus que moi, et aussi peu d’expérience amoureuse. Nous nous sommes découverts dans un ravissement mutuel. Dans une angoisse permanente aussi, car il était impératif de jongler avec la liberté que nous accordaient nos parents respectifs. Les miens habitaient encore Paris. Mon expérience avec Mireille, qui était pourtant restée à l’état larvaire et « platonique », m’avait définitivement guéri d’un quelconque désir de communication avec mon père dans le domaine du cœur et des sens. Celui d’Axelle était apparemment d’un tempérament différent, plus libéral, mais la prudence nous dictait d’extérioriser le moins possible ce qui bouillonnait dans nos corps.
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3. AME SŒUR

Viens à moi, bel esprit, tu es mon rêve fou,
Depuis la nuit des temps, mon cœur t'a modelé,
Dans la fière odalisque, la princesse hindoue...
Chacune avait le charme, aucune ta clarté !

J'ai parcouru les mers et d’innombrables vies,
Brûlé sous le soleil de mon désert intime,
Nommé bonheur ou joie ce qui était survie,
Cherché tes yeux d'opale au creux des noirs abîmes.

J'avais perdu l'espoir d'un jour croiser ta route,
La fatigue noyait mon âme endolorie,
La confiance absolue cédait devant le doute.
Nous serions à jamais deux entités meurtries !

Ma précieuse âme sœur, mon image fidèle,
Ne reconnais-tu pas l’unique et pure essence,
Qui, jadis, endossa deux écorces mortelles,
Pour vivre intensément de multiples errances ?

Dérisoires fétus tourbillonnant sans fin,
Dans la folle spirale des incarnations,
Mille fois nous avons maudit le noir destin,
Qu’un Dieu impitoyable étendait sur ses pions.

La colère a gagné nos âmes assombries,
Le tissu des passions voila notre mémoire.
La lumière ancestrale est devenue bougie,
Habillant nos décors de formes illusoires.

J’ai volé, massacré, ceux qui étaient mes frères.
Peut-être était-ce toi, ce corps ensanglanté,
Sur lequel s’acharnait mon épée mortifère,
Lessivant dans ton sang ma culpabilité…

Pourtant, tu dormais là, invisible moi-même,
Dans l’atome mémoire inaltérable et pur,
Attendant sans frémir au milieu des blasphèmes,
Que l’illumination lyse la pourriture.

Je t’en prie, ne pars pas pour un nouveau voyage !
Je suis las d’écumer la mer des confusions !
N’es-tu pas, comme moi, saturée de mirages,
Usée par tant de vies et de désillusions ?

Profitons de la chance qui nous est donnée,
Unique et bienveillante, fragile, éphémère.
Elle est l’astre qui brille sur cet hyménée,
Que mon âme blessée, à chaque mort espère.

Ton image se voile et devient filigrane.
Tu t’éloignes de nous, de la félicité !
Je pleure sur le sort auquel tu nous condamnes :
Retrouver la froidure et la captivité !

Je croiserai peut-être ton regard de flamme,
Au détour d’un chemin, dans un être inconnu.
Mes pas s’éloigneront, mais je sais qu’en mon âme,
Vibrera d’amour fou une corde ténue…


12/07/2004
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15. ERREURS DE GENÈSE

Seul dans l'Immensité, le Seigneur médita...
« A Ma droite, du vide, à gauche, du néant !
Dans ce vaste univers, il manque un élément.
Je vais créer l'Ennui, cela Me distraira... »

Il en fut donc ainsi, et des ères passèrent,
Si ce terme convient à l'Immobilité,
Qui remplaçait le Temps, à l'état pré-larvaire,
Aussi bien que l'Espace, encore immesuré !

Dieu, donc, en eut assez de tout seul s'ennuyer.
« Je vais Me diviser, et de cette scission,
Moi-même et Ma Moitié verrons ce qu'il en est...
De Mon Etre il ne peut jaillir que du Tout Bon ! »

« Jusqu’alors Je régnais dans le noir abyssal
Cela convenait bien à Mon repos tranquille.
Si J’œuvre maintenant, il devient capital
De voir les résultats de Mon Travail fébrile ! »

« Que la Lumière soit, c’est Mon tout premier vœu !
Le résultat M’agrée, mais concomitamment,
J’invente le Regret, car après tout, morbleu,
Il eût été plus fin d’y penser bien avant ! »

« La saine réflexion, la simple observation,
M’amènent à juger cet éclat fatigant.
L’habitude viendra, mais dans l’instant présent,
Il Me faut reposer par instants Ma vision. »

« Par décret J’institue et le jour et la nuit.
Dans cette idée Je vois d’ailleurs double avantage.
Je pourrai délasser Mes yeux endoloris,
Et décompter le temps que prendra Mon ouvrage ! »

à suivre...
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