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Critiques de Bertrand Lacarelle (3)
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La taverne des ratés de l'aventure

Stanislas Rodanski fut une comète brillante que peu osèrent regarder sans couvrir leurs yeux d'une main tremblante ; je suppose que son incandescence le rendait probablement difficile à vivre pour ses contemporains d'ailleurs. Si Alfred Jarry fut, selon ses propres mots, "l'anarchiste parfait", Rodanski fut peut-être le surréaliste parfait ; dandy qui s'accommodait de la compagnie des voyous, habité par ses lectures, hanté par Jacques Vaché et Antonin Artaud, il fut une comète dont la traine regorgeait de surprises littéraires, comme la superbe Lettre au Soleil Noir, par exemple. Mais tout ça, aveugle que je suis, je ne l'aurais pas découvert sans ce livre fantastique de Bertrand Lacarelle, déjà auteur de deux essais qui sont de magnifiques hommages, l'un à Jacques Vaché, l'autre à Arthur Cravan. Ainsi, pour ce troisième ouvrage, La Taverne des ratés de l'aventure, Lacarelle se lance dans une enquête littéraire sur les traces de Rodanski, poète né en 1927 et qui écrira à André Breton : "il y a un monde et une vie à faire, car j'ai dix-neuf ans, je refuse ma solitude morale et je refuse aussi l'amitié des imbéciles... Je ne suis pas encore fou" ; pourtant, ce Desdichado, ce malchanceux, pour reprendre les mots de Nerval, fait naître en lui une "folie volontaire", jusqu'à son internement dans un hôpital de Lyon, à 27 ans, où il mourra (volontairement?) parmi les délaissés et les clochards quelques 27 ans plus tard, en 1981. Tout cela est relaté dans une langue de feu qu'on imagine comme une suite à la lecture des Chants de Maldoror ; en effet Bertrand Lacarelle s'enferme 27 jours dans cette Taverne des ratés de l'aventure pour tout savoir, comprendre, sur et autour de Stanislas Rodanski, sur la littérature comme dernière aventure et ses ratés, évidemment. C'est un livre qui fait des sauts entre l'époque de Rodanski et la nôtre. C'est aussi une galerie d'œuvres culturelles puisqu'on y parle des films de zombies de Romero, de Kerouac, d'Arthur Cravan (évidemment), de John Kennedy Toole et sa Conjuration des imbéciles, de William Burroughs, d'Alain Jouffroy, grand ami de Rodanski, etc. Tous ces allers retours, ses connections, ces correspondances entre de multiples références dans des temporalités très différentes, donnent un beau portrait de ce Soleil Noir du Surréalisme qui se décrivait avec un certain humour noir en ces mots : "Je suis à pétrir avec les débris de mon ombre un substance poétique qui ne lèvera qu'après ma mort, me laissant dans le pétrin qui est le cercueil."



La taverne des ratés de l'aventure est une comète dans la littérature actuelle - levez-vite vos yeux au ciel, la nuit n'est pas si blanche et noire, il y brille un beau Soleil Noir!

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Arthur Cravan, précipité

La bio non officielle de Cravan, le poète boxeur !

Une vie surréaliste, dadaïste, tumultueuse, scandaleuse. Remarquablement racontée par Bertrand Lacarelle.

Un sacré énergumène à découvrir que cet Arthur Cravan !
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Ultra-Graal

La légende arthurienne, on la trouve à toutes les sauces. Et depuis longtemps ! Elle promeut les valeurs chevaleresques, mais aussi courtoises, mais aussi chrétiennes... Elle est récupérée par-ci et par-là, par les Plantagenêt, puis par les Tudor, et jusqu'à la reine Victoria ou Churchill !



Plus proche de nous, on fait de Merlin un chantre de l'écologie, ou de Vivianne une sorcière féministe. Les conservateurs américains fondent des confréries arthuriennes, alors que les communistes du début du XXème voit dans la Table Ronde un espace d'égalité dont ils peuvent se réclamer !



C'est que le matériau arthurien est particulièrement ductile, malléable. Il peut tout dire, et son contraire. Ici Bertrand Lacarelle propose une vision à la fois mystique et identitaire de sa lecture du Lancelot-Graal (œuvre majeure de la légende arthurienne du début du XIIIème siècle). Son Ultra-Graal résonne avec ultra-droite et partout fait l'éloge d'un génie français menacé par la modernité. Appel à la révolution (nationale, forcément), au sursaut catholique et monarchiste !



Pour ceux qui désire en apprendre un peu plus sur le monument littéraire dont s'inspire ce court essai, c'est raté. Le bonhomme connaît son sujet et ne raconte pas de bêtise, mais on pourra se renseigner beaucoup mieux en fréquentant d'autres ouvrages (comme celui de Martin Aurell sortit il y a peu en poche, la Légende du roi Arthur). Pour ceux qui aime l'emphase lyrique propre à la prose droitière, allez-y. Ce n'est pas Rebatet ou Drieu, mais ça se lit sans déplaisir. Il y a du souffle, chez Lacarelle. Et une certaine perplexité, chez moi, devant une tel texte.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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