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Critiques de Bob Fingerman (10)
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Minimum Wage : Salaire minimum, galère maximu..

Rob est un dessinateur spécialisé dans la pornographie, sa compagne Sylvia répond au téléphone dans un salon de coiffure.

Ils sont jeunes, ont des boulots précaires et ils s'aiment.

Cette bande dessinée raconte leur vie quotidienne, entre leurs sorties entre amis, leur recherche d'un appartement, leurs week-ends festifs et leurs incessantes parties de jambes en l'air.

J'ai beaucoup aimé les dessins bourrés de détails, qui reflètent bien le New York des années 90 et ses habitants, mais j'ai trouvé ces petites scènes de vie un peu répétitives et j'ai trouvé dommage de résumer cette relation à du sexe, du sexe et encore du sexe et pas grand chose d'autre.

On n'a pas l'impression que les protagonistes font autre chose de leur temps que manger, boire et coucher ensemble, où sont l'échange, l'humour et la tendresse ?
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Le Jour où ça bascule, tome 1

Ce recueil est sorti pour les 40 ans des Humanoïdes associés. Il regroupe des planches de dessinateurs de tous horizons invités à s’exprimer sur le thème : Le jour où ça bascule.

Je dois bien avouer avoir été hermétique à certaines histoires, et touchée par d’autres.

J’ai notamment bien aimé la tranche de vie dessinée par Emmanuel Lepage, dont c’est d’ailleurs la présence qui m’avait attirée vers cet album.

Mais globalement cet album est plutôt une déception.
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Maximum Minimum wage

Ce tome contient une saison complète qui se suffit à elle-même, indépendante de toute autre histoire. Il comprend les 10 épisodes initialement publiés par Fantagraphics de 1995 à 1999, écrits, dessinés et encrés par Bob Fingerman. Il comprend également l'épisode pilote de 72 pages et l'épisode 1 première version, ces 2 histoires ayant été reprises et remaniées dans les épisodes 1 à 10. Le tome s'ouvre avec une introduction de 2 pages de Robert Kirkman, écrite en 2013, expliquant sa passion de lecteur pour la série, ainsi que l'importance qu'elle a eu dans sa construction politique et sociale. Suit une préface de 2 pages rédigées par Bob Fingerman, expliquant la genèse de cette série et son histoire. En fin de tome se trouvent les 10 couvertures commentées par Fingerman, ainsi que celles pour l'édition italienne, 24 illustrations en pleine page par des artistes de comics comme Peter Kuper, Jill Thompson Kevin Nowlan, Mike Mignola, Gilbert Hernandez, Peter Bagge, Ted McKeever, Guy Davis. Enfin le lecteur découvre des pages de sketchs commentées par l'auteur et une liste des 66 personnages apparaissant sur la couverte. Bob Fingerman a réalisé une deuxième saison, excellente, en 2 tomes : Minimum Wage Volume 1: Focus on the Strange & Minimum Wage Volume 2: So Many Bad Decisions.



13 juillet à 15h35, Jack Netzer, un jeune homme d'une vingtaine d'années, est en train de déguster un plat de cervelle bovine pas forcément assez cuite, alors que Rob Hoffman, son colocataire, 22 ans, le regarde faire d'un air poli, curieux et dégoûté. La sonnette retentit, et Sylvia Fanucci fait son entrée, c'est la copine de Rob. Elle note tout de suite l'odeur peu appétissante, et propose à Rob d'aller faire un tour. En se dirigeant vers la chambre de Rob, celui-ci explique à Sylvia que Jack a vu les arabes de la boutique halal du rez-de-chaussée en train d'ouvrir des crânes de vache et que ça lui a donné une idée. Une fois dans la chambre, Rob apprécie le parfum de Sylvia : du patchouli. Bientôt, ils sont dans les bras l'un de l'autre, et Jack peut tout entendre de leurs ébats depuis la salle à manger. Reprenant leur souffle, Sylvia et Rob reprennent leur conversation. Rob explique où il en est de son boulot : 2 pages à dessiner pour un magazine pornographique, une illustration pour le magazine culturel The Voice, et une colonne critique à écrire pour un autre magazine pornographique. Sylvia explique qu'elle s'interroge sur sa promotion : passer de coiffeuse à responsable de l'accueil et des rendez-vous, un boulot finalement moins satisfaisant, moins créatif. Sylvia se rhabille : elle rentre chez elle pour la soirée et la nuit, des papiers à remplir, des factures à payer.



Jack et Rob décident de sortir pour aller s'acheter un burger. Chemin faisant, Jack raconte que sa vie est assez morne en ce moment : pas de relation suivie. Quand il a entendu les ébats de Sylvia & Rob, il a repensé au vide de sa vie affective. Au comptoir, Jack commande 10 hamburgers, ce qui épate toujours Rob qui cale au cinquième. Le lendemain, Rob Hoffman se rend dans les locaux de Pork Magazine pour remettre sa critique de comics (où il descend l'auteur) à Elvis Seward Foucault III, obèse, habillé de noir avec un stetson. Brian O'Brien rentre dans le bureau et propose à Rob qui a fini, d'aller faire un tour. À l'extérieur, Brian se plaint que Sheldon Glattsberg, le patron, se pointe en short au bureau, et qu'on aperçoit ses testicules qui en dépasse. Il n'est pas assez payé pour devoir supporter ce spectacle. 07 août, Rob Hoffman va à la plage de Coney Island avec ces copains : Sylvia Fanucci, Jack Netzer, Max, Tony et Maddie. Rob, Jack et Max sont très impressionnés par le physique de Maddie. Jack en rajoute une couche avec la poitrine de Sylvia, ce qui n'est pas fait pour faire plaisir à Rob. Le soir, Sylvia et Rob font l'amour et après Sylvia évoque la fois où Rob avait dit qu'il l'épouserait dans l'avenir.



Une introduction par Robert Kirkman qui explique que c'est le comics qui lui a permis d'ouvrir son esprit ! Des dessins en pleine page par des artistes aussi réputés que Mike Mignola qui se trouve en plus très loin de sa zone de confort ! Une édition Deluxe ! Mais de quoi s'agit-il ? Si les comics de superhéros se taillent la part du lion aux États-Unis, ce pays a également une tradition bien vivace de comics dit underground (petit tirage, sujets subversifs ou intimistes), avec des auteurs comme Robert Crumb ou Harvey Pekar. Soit, mais personne n'a jamais entendu parler de Bob Fingerman. Ce dernier raconte l'histoire d'un jeune homme (22 ans) vivant dans un quartier de New York, rencontrant ses copains (son colocataire Jack Netzer, Brian O'Brien, Max), discutant avec sa copine Sylvia et ayant des relations sexuelles avec elle, évoquant de temps à autre son boulot de dessinateur pour un magazine pornographique, ce qui signifie que personne ne lit ses bandes dessinées. Au fil des épisodes, Rob Hoffman déménage, va passer un week-end à la plage avec Sylvia, son frère, sa femme et son fils, fait l'amour avec Sylvia, rend visite à Brian, dessine quelques planches, accompagne Sylvia pour une interruption volontaire de grossesse, se rend à une convention de comics où à peine une poignée de visiteurs lui adressent la parole. Il va passer Noël dans la famille de Sylvia. Il parle avec son éditeur. Il tente une collaboration avec Bedelia une actrice avant-gardiste. Il participe à une tentative avortée d'un film par Brian. Il tente d'éviter un déséquilibré dans le métro. Il attrape la grippe. Il pose nu pour Sylvia et réciproquement. Il s'agit donc de courtes tranches de vie dans un ordre chronologique, le lecteur suivant Rob Hoffman dans chaque plan. Il fait connaissance avec lui : sa situation professionnelle lui fournissant le minimum en termes de salaire (minimum wage), sans avenir, sans reconnaissance. C'est un jeune homme calme et posé, avec une solide libido, prévenant vis-à-vis de sa compagne, sociable et agréable pour ses amis.



Sur le rabat de la jaquette, le lecteur découvre une citation de Jules Feiffer, dessinateur ayant longtemps œuvré pour le magazine Village Voice, louant la capacité de Bob Fingerman à rendre compte de la vie quotidienne (amour, amitié, carrière) du personnage, avec un regard d'anthropologiste. Les dessins sont propres, sur eux, descriptifs, avec un trait de contour tout juste appuyé et des têtes de personnage un tout petit peu trop grosses, ce qui leur donne plus de caractère. Il simplifie également les traits de visage, pas tout à fait caricaturé, mais avec des traits appuyés. Chaque protagoniste est immédiatement identifiable, avec ses postures propres, sa façon de bouger, ses mimiques, sa tenue vestimentaire qui reflète sa personnalité. Bob Fingerman ne magnifie pas ses personnages, il ne gomme pas leurs différences. Rob Hoffman a tendance à suer souvent, sous le coup de l’émotion, de la chaleur. Jack se rase le crâne et a un regard insistant qui peut mettre mal à l'aise. Sylvia est un peu petite, avec de vraies rondeurs. La copine de Brian est grande et filiforme, avec des os un peu saillants, très visible dans sa tenue de Vampirella à la convention. Elvis Seward Foucault III est vraiment obèse, mais un goût très sûr pour sa tenue vestimentaire noire. Le regard de la mère de Sylvia indique tout de suite que c'est une personne déçue de la vie et prompte à porter un jugement, en l'occurrence sur Rob Hoffman. Les personnages sont tout de suite familiers pour le lecteur : ils sonnent juste et leur apparence en dit long sur leur personnalité et leur caractère.



La réelle gentillesse de Rob Hoffman fait que le lecteur lui accorde tout de suite son amitié, sans réticence. Il le suit avec plaisir dans ces moments de la vie de tous les jours, banals pour Rob, certainement plus exotiques pour le lecteur. Il peut observer les moments de la vie de Rob : aller chercher à manger à l'établissement de restauration rapide du coin, une visite familiale, aller signer (enfin pas beaucoup… enfin pas du tout) dans une convention, assister à un enterrement, aller boire un coup, aller assister à un spectacle avant-gardiste, aller rendre compte à son éditeur, être seul et invisible au milieu de la foule, trouver un coin de solitude au bord de la rivière, etc. À chaque fois, l'artiste représente les décors, et le lecteur éprouve la sensation de se promener dans les rues de New York, comme un habitant, et pas comme un touriste. Il ne s'agit aucunement de faire le tour des sites remarquables, mais d'être utilisateur de la ville au quotidien. Cela amène aussi à côtoyer ce qui ressemble à une faune indigène avec ses us et coutumes parfois étranges. Il faut savoir comment éviter le clodo dans le métro, comment ne pas réagir aux abrutis qui lancent des insultes aux passants pour les provoquer, etc. Il y a bel et bien une dimension anthropologique. Si les situations sont souvent banales et très quotidiennes, les dialogues ne donnent jamais l'impression d'être creux, ou seulement informatifs. Les personnages évoquent leurs émotions, leurs ressentis, leurs impressions sur une situation, avec naturel et franchise. Il faut voir comment Jack parle du fait qu'il entende tout des ébats de son colocataire Rob avec Sylvia. À chaque épisode, le lecteur est épaté par le naturel des personnages et leur justesse. Tant et si bien qu'arrivé à la fin, il est content de recommencer autrement en découvrant la toute première version de la série, au travers d'une centaine de pages supplémentaires.



Quelle étrange expérience de lecture : Bob Fingerman raconte la vie banal et quotidienne de Rob Hoffman dans ce que le lecteur peut supposer être entre la biographie et l'autofiction. Il laisse le lecteur accompagner Rob Hoffman dans ses amitiés, ses amours et sa carrière, avec des personnages au caractère prononcé, mais sympathiques dans leur humanité (sauf peut-être un sans-abri repoussant trop collant). Il restitue le décor qu'est ce quartier de New York dans les années 1990, pas d'une façon démonstrative, mais comme écosystème où vit Rob Hoffman. Très vite, le lecteur sympathise avec Rob, un individu banal et unique, vraiment facile à vivre et compréhensif. Il devient son ami et l'accompagne comme un ami, sans grande révélation sur la vie, sans drame extraordinaire, mais avec une sensibilité d'une rare justesse.
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The Mask - Omnibus Volume 2

Ce tome fait suite à The Mask Omnibus Volume 1 (les 3 premières miniséries réalisées par John Arcudi & Doug Mahnke) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il comprend 4 histoires indépendantes de 4 épisodes chacune, et une histoire courte de 8 pages.



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The hunt for Green October (1995, scénario d'Evan Dorkin, dessins de Peter Gross, encrage de Gross, Barbara Schulz et Karen Platt, couleurs de Matt Webb) - Dans la jungle amazonienne, un groupe d'indigènes est en train de danser autour d'un feu, avec des crânes ensanglantés posés devant. Un groupe de néo-nazis armés jusqu'aux dents arrive et ouvre le feu, massacrant tout le monde. Ils récupèrent le masque vert, mais sont à leur tour attaqués par un groupe de ninjas. À Sky City, Ray Tuttle tient une boutique d'occasion et il accueille une dame qui lui ramène un carton rempli de vieux trucs sans valeur. Il lui en donne $6, et y pioche un masque vert pour le ramener chez lui pour sa fille muette Emily. Chez lui, il maudit Nelson Hathaway, responsable de la mort de sa femme, et maintenant un des hommes les plus riches de Sky City.



Avec ce récit, le principe est acté : le masque va passer de main en main (ou de visage en visage), à chaque histoire pour un nouvel individu qui va se transformer en cette créature aux capacités extraordinaires, semblant être un véritable personnage de dessin animé de Tex Avery, avec un goût prononcé pour la violence mortelle à tendance sadique et spectaculaire, frappée du coin du comique morbide. Cette fois-ci, le masque atterrit par un concours de circonstances entre les mains d'un individu que la vie n'a pas gâté et qui a des raisons d'en vouloir aux puissants. Evan Dorkin construit une vraie intrigue : la montée de violence dans les actions de The Mask, la culpabilité de Ray Tuttle vis-à-vis de sa fille Emily, et l'inspecteur Kellaway qui tente de trouver le porteur du masque. Pour faire bonne mesure, il rajoute deux gangs rivaux qui cherchent à s'emparer du masque.



À cette époque, Peter Gross n'est pas encore devenu le fidèle coéquipier de Mike Carey. Il réalise des dessins descriptifs avec un bon niveau de détails. Les scènes en civil montrent des individus normaux avec des postures normales, sauf pour des expressions de visage un peu exagérées quand quelqu'un s'emporte. D'une manière générale ses pages semblent un peu chargées, mais sans nuire à la lecture. Le lecteur attend bien sûr les moments spectaculaires quand Mask se déchaîne. Peter Gross lui en donne pour son argent : costumes délirants (il n'est pas près d'oublier Mask en chanteuse d'opéra teutonne obèse, ou en Robin des Bois), postures hystériques, accessoires à gogo (Monster-truck tronçonneuse, sucette géante) et comportements absurdes et énormes (flux de vomi). C'est du comique énorme et massif, du délire visuel, de la violence impossible. Cependant les conséquences sur les personnages réels et les décors manquent de concret, sont, elles aussi, soit trop énormes, soit inexistantes. Le lecteur finit par se lasser de ces démonstrations de violence exubérantes et factices.



Une histoire consistante, Mask déchaîné, mais une dimension dramatique mal gérée et des conséquences des actions de Mask inconsistantes. 3 étoiles.



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World Tour (1996, scénario de Robert Loren Fleming, dessins et encrage de Gary Erskine, couleurs de Bernie Mireault) - À Sky City, Tommy Haines (cambrioleur professionnel) a réussi à s'introduire dans la salle des coffres d'une banque et il s'apprête à faire main basse sur leur contenu, quand 2 policiers annoncent leur présence dans la salle principale. Il ramasse un drôle de masque vert qui était dans un coffre et le met sur son visage pour dissimuler son identité. Dans une base secrète militaire, le général Blaire a décidé d'en finir en se jetant dans l'anomalie du niveau 13, mais il y est récupéré par un drôle de gugusse en barque avec un masque vert. Après une confrontation contre Zero, puis contre King Tiger, direction Steel Harbor.



Pour bien comprendre l'enjeu du récit, le lecteur doit se rappeler qu'en ce milieu des années 1990, l'éditeur Dark Horse Comics avait décidé de développer sa propre ligne de comics de superhéros, avec une série de miniséries (regroupées dans Dark Horse Heroes Omnibus Volume 1), se déroulant dans plusieurs villes fictives. Avec cette notion en tête, il comprend mieux la logique du récit qui passe de la base militaire abritant Vortex dans la région de Cinnabar Flats dans le Nevada, à Steel Harbor, puis à Arcadia, puis à Golden City. Le scénariste a imaginé une trame simple qui propulse Mask d'une cité à l'autre, avec son psychothérapeute qui essaye de le rattraper. Sous réserve que le lecteur soit un minimum familier de ces superhéros maison, il peut alors apprécier la trame sans prétention, prétexte à des confrontations expéditives et spectaculaires, dans lesquelles il est donné libre cours à toute la démesure loufoque et absurde du personnage. Gary Erskine réalise des dessins propres sur eux, descriptifs dans lesquels les personnages civils, les superhéros et Mask cohabitent sur le même plan, en prenant soin de montrer les destructions occasionnées par les pouvoirs délirants de Mask. 4 étoiles pour un récit prétexte mettant bien en scène la démesure de Mask.



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Southern Discomfort (1996, scénario de Rich Hedden, dessins et encrage de Goran Delic, couleurs de James Sinclair) - Eric Martin reçoit un appel téléphonique en pleine nuit : Leo Durn, un détective privé, lui apprend qu'il a localisé sa sœur à la Nouvelle Orléans, et qu'elle est vraisemblablement en danger. Il meurt soudainement pendant la conversation. Eric Martin prévient sa compagne qu'il part à la recherche de sa sœur. Il passe par la banque pour récupérer ses économies afin de se payer son billet d'avion et a la surprise de trouver un masque vert dans son coffre. À Sky City, l'inspecteur Kellaway décide de prendre des vacances.



Le scénariste a donc décidé de mélanger Mask avec des praticiens vaudou. Pourquoi pas ? Le lecteur suit Eric Martin à la Nouvelle Orléans, pour se heurter à des praticiens d'un vaudou aux accessoires de pacotille, mais aux effets bien réels. Il se trouve qu'ils sont aussi les organisateurs d'un trafic illégal peu ragoutant. Le lecteur suit ces péripéties appréciant les traits de contour un peu gras qui donnent la sensation d'une ambiance poisseuse. Il se rend compte qu'il éprouve des difficultés à s'intéresser aux personnages, aux méchants trop méchants mais pas toujours très futés, à Mask que rien ne vient mettre en danger et à ses déchaînements trop sages par rapport aux deux histoires précédentes. 2 étoiles.



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Night of the return of the living Ipkiss… kinda (1996, 8 pages, scénario de John Arcudi, dessins et encrage de Doug Mahnke, couleurs de Chris Chanelor) - Kathy est venu déposer une rose sur la tombe de Stanley Ipkiss. Elle se recueille puis s'en va. Mask sort de sa tombe, tel un mort vivant et s'en va en ville tirant sur le premier venu qui lui parle mal. Bon, impossible de résister au principe du retour des créateurs de Mask, ne serait-ce que pour 8 pages. Le lecteur retrouve la violence aveugle et malsaine de la version originale, sans excuse, sans rime ni raison. Il sourit en voyant passer Walter et il sourit devant la fin en queue de poisson. Effectivement la version de John Arcudi & Doug Mahnke possède une logique interne et une puissance de feu qui ne se retrouvent pas dans les 3 récits précédents.



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Toys in the attic (1998, scénario de Bob Fingerman, dessins et encrage de Sibin Slavković, couleurs de Bernard Kolle) - Le masque arrive entre les mains de Krasker, un designer de figurines pour la petite entreprise Grepco. Il se trouve que la même semaine, il trouve dans sa boîte aux lettres une invitation pour une réunion d'anciens du lycée, invitation qui lui précise que lui ne peut pas y participer. Le lendemain, la police retrouve le corps de Nick Hopper, 34 ans, fiché au mur par des petites haltères.



Arrivé à ce stade du recueil, le lecteur n'attend plus grand-chose de la dernière histoire. Bob Fingerman a imaginé une enquête dont il donne l'identité du coupable au lecteur dès la première scène. Les dessins de Sibin Slavković, sont propres sur eux, descriptifs, avec un bon niveau de détails sans être surchargés. Les apparitions de Mask sont brèves et moins baroques que dans les récits précédents, plus à taille humaine. Pourquoi pas ? Petit à petit, le lecteur se rend compte qu'il s'intéresse à l'intrigue, et qu'il éprouve de l'empathie pour Krasker, mais aussi pour le trio de policiers mal assortis. Il sourit franchement aux idées des policiers pour les thèmes des meurtres : les 7 péchés capitaux, ou les 7 phases de l'homme tels que nommés par William Shakespeare, ou encore le nom des rennes du Père Noël. C'est à ce moment-là qu'il se rend compte que le scénariste pratique un humour absurde à froid avec une grande élégance, et que le dessinateur est en phase avec lui. Certainement la meilleure histoire du recueil, alors qu'elle est celle qui joue le moins sur le délire visuel de Mask. 5 étoiles.
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Petites cervelles

Entre les différents archétypes mis en place et des situations toutes plus épouvantables les unes que les autres, l’auteur de Minimum Wage s’en donne à cœur joie dans cette courte fable de moins de cent pages.
Lien : http://www.actuabd.com/Petit..
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Minimum Wage : Salaire minimum, galère maximu..

Cette BD, malgré de critiques positives, m'a un peu déçu, non par le dessin, ni par le jeu de noir et blanc mais par le thème du "sexe" omniprésent....comme une obsession...



Déjà le héros, Rob est dessinateur de BD pornographique...

D'autre part, on dirai que son couple avec Sylvia ne tient aussi qu'à ça...

Et tous ces potes sont aussi obsédés...



Mais attention, cette BD n'est absolument pas pornographique, et le coté agréable est que l’auteur en fait un récit absolument sans tabou.



Bref, cette BD décrit des tranches de vie d'un couple peu singulier, en galère financière en pleine crise économique dans le New York actuel.

Malgré tout, ce qui est marrant, c'est que l'on peut facilement s'y reconnaitre dans ces descriptions.



Une petite déception mais au final j'ai quand même bien apprécié.

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Minimum Wage, tome 2 : So Many Bad Decisions

Ce tome fait suite à Minimum Wage Volume 1: Focus on the Strange (épisodes 1 à 6) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il regroupe les 6 épisodes de la deuxième partie de cette saison, initialement parus en 2015, écrits dessinés, encrés par Bob Fingerman qui a également appliqué les nuances de gris, et réalisé la mise en couleurs des pages qui le sont. Il contient les couvertures originales, ainsi que les dessins en pleine page réalisés par Art Altergott, Julien & CDM, John Cebollero, Colleen Doran, Tommy Lee Edwards, Karl Heitmueller, Greg Hinkle, Kurt Komoda, John Paul Leon, Joseph Michael Linsner, Jason Little, Andrew MacLean, Stan Manoukian, Mark Matcho, Troy Nixey, Eric Palma, Amy Reeder, Alex Robinson, John Sanford, Chris Wahl, Bill Wray.



Rob Hoffman est au lit avec sa copine Sheila et elle a quelque chose d'important à lui annoncer. Au vu de sa formulation, il est certain qu'il s'agit d'une rupture, mais en fait elle souhaite juste lui dire qu'elle a un nouveau boulot, mieux payé. Elle lui fait remarquer qu'il a l'air tendu en permanence, et elle se doute bien que cela a un rapport avec son ex-femme. Rob finit par le reconnaitre, par lâcher le prénom de Sylvia dont il a divorcé peu de temps auparavant. Elle lui dit qu'il pourrait peut-être consulter un psychologue professionnel. Dans la journée, Rob se rend dans son magasin spécialisé de comics Forbidden Planet, et il y croise un autre artiste Hank Manley avec une carrière bien assise. Ce dernier l'invite à aller manger dans un restaurant végétarien, ce que Rob accepte. Ils discutent boulot, et c'est surtout Hank qui parle, constatant à quel point Rob se contente de produire des bandes dessinées pornographiques, sans rien faire de personnel, et en lui donnant de nombreux conseils. Rob ressort un peu sonné de la discussion.



Puis Rob se rend chez son copain Max. Rob joue à la console sans réussir à s'en sortir, pendant que son pote est aux toilettes, tout en discutant de ce que Max est en train de couler. Rob se rend ensuite dans les locaux de son éditeur qui lui offre un paquet de cannabis. Une fois ressorti à l'extérieur, Rob ne sait pas quoi ne faire car il ne consomme pas. Il finit par se débarrasser du paquet dans une corbeille de rue. Dans le même temps, il pense au fait que c'est son anniversaire et qu'il va être bon pour le passer tout seul, car aucun de ses amis ne s'en est soucié, et qu'il n'a pas donné la date à Sheila. Finalement il se retrouve à manger chez sa mère qui lui a acheté un gâteau, et qui le plaint car c'est son premier anniversaire sans Sylvia Fanucci, son ex-épouse. Rob sait qu'il n'a plus qu'une chose à faire : rentrer chez lui et se mettre au travail en dessinant des pages de la série pour laquelle il a un contrat de main d'œuvre, mettant en scène des cafards anthropomorphes vivant dans les égouts. Mais Sylvia s'invite dans cette BD sans crier gare dans un costume de Vampirella trop sexy pour Rob qui finit par se réveiller de ce cauchemar, et il rejoint Sheila pour le repas le lendemain.



Impossible de résister à la tentation de découvrir la suite de la vie quotidienne de Rob Hoffman auteur de comics, vivant avec le revenu minimum comme l'indique le titre, passant d'une copine à une autre après l'échec de son mariage, dessinant des comics pornographiques parce que ça paye bien, dessinant une série pour enfants qu'il estime être particulièrement idiote, et sortant de temps à autre avec ses potes. Le lecteur retourne donc à Manhattan et dans le quartier de New York pour suivre un individu très sympathique, dénué d'ambition, avec un gros besoin affectif. L'auteur sème des références culturelles de manière organique. Ainsi le lecteur peut s'amuser à regarder les teeshirts de Rob : Sepultura, Placebo, The Cult, ou à repérer les références à Robert Crumb, et la parodie déguisée des Tortues Ninjas. Il emmène le lecteur dans les rues de New York, des petits appartements, des petits locaux de travail, des boîtes de nuit surpeuplées, des restaurants calmes, avec des dessins sentant le vécu et un niveau de détails qui rend chaque endroit spécifique, que ce soient les accessoires de dessins dans le studio de Hank Manley, ou les aménagements des divers restaurants. Il se promène dans ces rues et ces immeubles comme un individu familier des lieux, avec le point de vue de Rob, newyorkais de longue date.



Comme dans le tome 1, la vie de Rob tourne en rond, entre relation sans lendemain, et train-train professionnel sans espoir d'évolution. L'auteur se montre aussi drôle que cruel vis-à-vis de son personnage. Le lecteur fait la connaissance de ses copines les unes après les autres. Après s'être fait larguer par Sheila, il se reconnecte au site de rendez-vous en ligne auquel il s'était inscrit et jette son dévolu sur une jeune femme goth. Elle est grande, mince, et a de grandes dents. Fingerman montre comment les deux apprennent à se connaître, les efforts faits par Rob pour suivre sa copine à un concert goth, et la première partie de jambe en l'air, avec les doutes et les appréhensions de Rob dans des bulles de pensée. Il n'y a pas de gros plan de pénétration, et la scène est tout juste érotique, la représentation de la nudité s'arrêtant aux fesses et aux seins. Impossible de se retenir de sourire aux inquiétudes de Rob qui souhaite se montrer le plus doux possible, et qui se rend compte que ces grandes dents ne sont pas très douces sur sa langue et sa peau. Impossible de résister à la scène suivante où il montre la planche de bande dessinée qu'il en a tirée, à son pote Jack. À chaque relation sexuelle (il n'y a pas tant que cela), l'auteur se tient un peu éloigné des personnages, et évite de se focaliser sur la nudité féminine, les deux partenaires étant traités de la même manière. Ces moments arrivent naturellement car Rob fait en sorte d'avoir une vie sexuelle, et chaque rapport est l'occasion pour le lecteur de découvrir son état d'esprit, ce qu'il en pense. Les relations sexuelles sont un pan de sa vie, reflète une partie de sa personnalité. Elles n'ont rien de gratuit dans la narration.



Le lecteur suit donc la vie quotidienne de Rob Hoffman au fil de ses relations, de ses discussions avec ses potes, de ses interrogations sur le genre de comics qu'il a envie de créer, de sa procrastination, de sa conscience diffuse que dessiner les cafards mutants, et des bandes dessinées pornographiques relève d'un boulot alimentaire pas entièrement satisfaisant. L'auteur sait rendre chaque scène amusante, généralement par le biais d'un décalage humoristique : Matt voulant absolument parler de son accomplissement dans les toilettes, le donjon SM dans un des pièces des bureaux du nouvel employeur de Sheila, Rob totalement écrasé par la présence physique massive et musclée de Hank Manley, la prise de conscience que Bekka parle de sa relation sexuelle avec Rob dans le sketch comique qu'elle est en train de faire en public, la scène de rêve en couleurs dans un monde post apocalyptique, le concert donné par le groupe de Sylvia où elle joue de la basse. Dans le même temps, l'histoire s'inscrit bien dans le registre de la comédie dramatique. La couverture l'annonce clairement : le cerveau de Rob est tout entier accaparé par la luxure, mais aussi l'angoisse (ou plutôt l'inquiétude), les regrets, la solitude. Avec ces thèmes en tête, le lecteur envisage la vie de Rob sous un autre angle. Effectivement il est plutôt à la recherche d'une relation stable avec une femme que du coup d'un soir, ce qui dénote un besoin affectif encore plus grand que le besoin physique, une inquiétude de la solitude. Le scénariste ne rentre pas dans une analyse psychologique de ce besoin : il met juste en scène comme un état de fait. Pour autant, Rob ne souhaite pas se remettre en couple après l'échec de son mariage.



Le récit prend un tournant plus mélodramatique sans devenir insoutenable, quand Rob décide d'appeler son ex-femme au téléphone. Dans la postface, l'auteur explique qu'il voulait revenir sur la relation entre Rob et Sylvia, sans pour autant montrer l'accumulation d'acrimonie ayant mené à leur divorce. Il le reprend donc un an plus tard et montre comment la relation repart sur une dynamique très similaire. Sans jamais user de langage psychologique ou psychanalytique, il montre comment ces retrouvailles permettent à Rob de contenter ses centres de plaisir, comment cette relation participe à son bonheur, à l'apaiser sur le plan sexuel, affectif et social. Rob se confie à ses potes et Jack Netzer qui est plus âgé que lui, lui fait remarquer ce qui est en train de se passer, comment son contentement s'accompagne d'une augmentation de son angoisse, celle-ci étant générée par le comportement de Sylvia. De manière inattendue, Rob finit par prendre conscience que certaines de ses aspirations ne peuvent être contentées que sous réserve qu'il accepte de sacrifier une partie de son contentement immédiat au profit d'une gratification différée. Il se trouve sur le chemin de la maturité, ce qui surprend le lecteur qui ne le pensait pas capable d'une telle volonté.



Le lecteur se rend compte qu'il retrouve avec grand plaisir Rob Hoffman, sa vie simple et pas très compliquée, sans ambition particulière, sans prétention. La narration visuelle génère une sensation d'immersion toujours aussi enveloppante, que ce soit le fait d'avoir la sensation d'arpenter les rues de New York, ou de côtoyer des individus palpables, plausibles, chacun avec leur caractère. Rob poursuit son petit bonhomme de chemin dans sa vie sans réelle responsabilité, et pourtant une évolution se produit bien insensiblement.
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Minimum Wage, tome 1 : Focus on the Strange

Ce tome fait suite à la première série de 1990, regroupée dans Maximum Minimum Wage, qu'il n'est pas indispensable d'avoir lue avant. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2014, écrits, dessinés et encrés par Bob Fingerman (également auteur de la première série). Fingerman a également réalisé l'application d'un ton bleu pour aboutir à une bichromie, ainsi que la mise en couleurs d'une poignée de pages.



Rob Hoffman est un jeune homme de 25 ans dont la procédure de divorce arrive à son terme (il n'attend plus que les papiers signés). Suite à sa séparation, il a dû retourner vivre chez sa mère, toujours à New York, où il occupe une chambre bien à lui. Comme ils ne vivent pas aux mêmes horaires, il ne la croise pas souvent. C'est un dessinateur qui réalise des pages de bande dessinée pornographique pour un magazine qui paye bien (mieux que les comics de superhéros). Son célibat forcé lui a permis de retrouver sa bande de copains : Max, Jack, Matt et Brian. Le soir ils sortent dans des bars, parfois en boîte. Il lit régulièrement des livres de Philip K. Dick (en l'occurrence Les clans de la lune alphane), et il ne se lasse jamais des jeux de mots sur le nom de famille de l'auteur (qui signifie pénis en argot anglais).



Rob Hoffman déjeune régulièrement avec Jack, 2 potes qui se racontent tout y compris leurs relations sexuelles. Il éprouve des difficultés à ne plus penser à Sylvia (son ex-femme). Il se satisfait des rentrées d'argent découlant de ses BD pornographiques, tout en sachant que ça ne durera pas éternellement (les responsables du magazine n'étant pas convaincu de l'intérêt d'inclure une BD de ce type). Il lui tarde de reprendre une activité sexuelle autre que solitaire. Il s'inscrit donc sur un site de rencontre en ligne. Après quelques rendez-vous non concluants, il fait la connaissance de May.



Cette deuxième série de Minimum Wage commence donc avec un personnage fraîchement divorcé, un nouveau point de départ. Bob Fingerman raconte la vie de Rob Hoffman sans dramatisation excessive (Rob n'est pas dépressif après sa séparation), avec une forme de franchise sur ses sentiments (même les moins reluisants), et avec un humour chronique relevant de la dérision envers son personnage. Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'une BD comique, plutôt une chronique intimiste. Rob Hoffman est un individu sans beaucoup de responsabilité (ni femme, ni enfant, ni crédit, ni parent à charge, pas de problème de santé), avec un petit boulot lui assurant assez de revenu pour vivre, mais sans ambition artistique. Il bénéficie de la compagnie de potes qui sont de vrais amis et son physique est agréable.



Ces 6 épisodes se déroulent du 8 mai au 19 août 2000. Il n'y a donc ni extraterrestres, ni superhéros, ni aventure. Le lecteur s'attache rapidement au protagoniste qui est sympathique, conciliant, détendu, respectueux. Il s'intéresse aux autres, il est gêné quand il pète en présence de quelqu'un d'autre. Il n'est pas dominateur avec ses relations féminines. La projection dans ce personnage s'en trouve donc très facile, ainsi que l'empathie avec ses émotions. L'auteur ne surjoue jamais la dimension affective. Hoffman n'est pas un anxieux et rien ne semble angoissant. Il ne se complaît pas dans l'auto-apitoiement. Cela ne veut pas dire que le récit en devient fade. Son inconscient ressasse l'échec de sa relation avec Sylvia, ce qui affleure parfois de manière consciente, soit sous forme de peine émotionnelle, soit sous forme de pensées le déconcentrant au mauvais moment. Par contre, trouver un autre appartement semble une simple formalité. Se rendre aux rendez-vous décrochés sur le site de rencontre ne provoque pas d'inquiétude, juste un léger inconfort quand le décalage avec l'autre est trop grand. Passer à l'acte le premier soir est aussi naturel que de prendre le premier verre.



Il faut par contre un peu de temps pour s'habituer à l'approche graphique. L'artiste réalise des dessins dans un mode descriptif avec quelques exagérations. Par opposition à ce qui se pratique dans les comics de superhéros, il représente les décors avec une grande régularité, dans plus de 80% des cases. Il fait varier le niveau de détails, de quelques traits à élevé. Ainsi la première séquence dans une boîte de nuit, plusieurs cases sont sur fond noir ce qui occulte l'arrière-plan. Par contre sur la première page, il représente les détails du parking : voitures stationnées, clôture grillagée, arbres derrière la clôture, une dizaine de personnes se rendant de leur véhicule vers l'entrée de la boîte, flaques d'eau au sol, quelques papiers, tout cela en 1 seule case.



Cette approche descriptive des environnements donne de la consistance aux lieux où évolue Rob. Le lecteur finit par ressentir l'environnement urbain de New York, du moins les endroits que le protagoniste fréquente régulièrement. Il s'agit des trottoirs et des bouches de métro en journée, ainsi que des avenues désertées de nuit entre 2 et 3 heures du matin. Il pénètre également avec Rob dans différents appartements (le sien, celui de sa mère, celui des 3 femmes qu'il fréquente successivement), dans les bureaux du magazine, dans le restaurant qu'il fréquente régulièrement. À chaque fois, Bob Fingerman prend le temps de détailler la géométrie du lieu, son aménagement, les meubles et les différents accessoires. Le lecteur a l'impression de pénétrer dans l'intimité des personnages. Il observe le salon bien propre de la mère de Rob, l'aménagement impersonnel et fonctionnel du restaurant, le peu d'affaires dans la chambre de May, la collection de livres dans le salon de Jack, la qualité des meubles dans l'appartement de Deedee.



De la même manière le dessinateur donne une garde-robe différente à chaque personnage. Les potes de Rob sont plutôt en jean et tee-shirt. May porte un pantalon taille basse, et ne quitte jamais (ou presque) sa casquette. Deedee porte plutôt une robe longue, alors que Sheila est en robe qui s'arrête au-dessus du genou, avec un généreux décolleté. Chacune de ses femmes arbore une coiffure différente, et il en va de même pour les personnages masculins, avec une mention spéciale pour la houppette de Rob (c'est trop court à l'arrière pour être une iroquoise). Ce dernier porte lui aussi des teeshirts (avec des baggies) piochés dans une large collection, tous à l'effigie d'un groupe généralement de métal : Prong, Motörhead, Metallica, Godflesh, Korn, Iron Maiden (Eddie sur la pochette de [[ASIN;B0000251VS Killers]]), Tenderloïn, Disturb, ou alors dépourvu d'inscription, mais toujours noir. Afin de rendre ses personnages plus vivants et de mieux faire passer les émotions, Bob Fingerman exagère les traits du visage, sans toutefois aller jusqu'à la caricature.



L'artiste représente des individus avec des morphologies variées, sans musculature digne d'un homme adepte du culturisme, sans mensurations idéales de mannequin pour les femmes (qui peuvent soit avoir d'amples hanches, soit être vraiment maigres). L'identification avec les personnages n'en est que plus facile. Lors des ébats, il limite la représentation de la nudité aux fesses et aux seins, sans dessiner les organes génitaux, sans représenter la pénétration. Les scènes sont coquines, sans verser dans le pornographique : il n'y a ni exploit sportif, ni position pour contorsionniste.



Le lecteur se rend compte qu'il s'attache très rapidement à Rob Hoffman et qu'il s'investit dans sa vie, dans la vie d'une personne qui ne cherche pas à construire, qui se contente de la vie comme elle vient. Il essaye de dépasser la phase du mariage raté, malgré la rémanence de quelques pincements au cœur. Il fait preuve d'un peu de recul sur ses propres insécurités, sans se perdre dans l'admiration de son nombril ou la contemplation des chaussures. En fait les remarques les plus incisives et les plus analytiques proviennent de Jack, plus lucide sur la psychologie de son ami. Le lecteur sourit régulièrement aux événements survenant dans la vie de Rob Hoffman, même si le scénariste veille à rester dans la zone de plausibilité, à ne pas tirer sur la corde de la suspension consentie d'incrédulité. Les rendez-vous à partir du site de rencontre ne fonctionnent pas à chaque fois. Lorsque Rob se retrouve à manier une marionnette pour une émission d'interview avec une actrice d'un feuilleton qu'il regardait enfant, le lecteur voit qu'il s'agit pour lui d'un emploi occasionnel et que la coïncidence n'est pas si énorme que ça. Du coup, la relation sexuelle qui en découle reste possible.



Le lecteur sourit également aux différentes remarques d'ordre sexuel, échangées entre potes qui sont crues sans être ni hypocrites, ni graveleuses. Là encore, il peut accepter que sous le coup de l'émotion, Rob puisse sortir dans la rue, en ayant oublié de retirer son préservatif, ou qu'il se retrouve à se soulager contre un mur après une nuit bien arrosé, avec ses 2 potes faisant de même. Par contre coucher avec l'actrice qui incarnait un personnage qui l'a ému dans une série télévisuelle quand il était enfant, c'est vraiment transgressif.



Ce tome raconte une tranche de vie d'un jeune adulte sans grande ambition, capable d'être autonome financièrement, sortant d'un mariage raté, et ne souhaitant pas se lancer dans un engagement à long terme. Le lecteur peut y voir au choix une chronique gentille, amusante et dessalée, ou un constat sur un individu bien élevé prenant la vie comme elle vient, à peu près satisfait de son sort, profitant de ce qu'apporte le jour, sans envie capitaliste particulière.
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Minimum Wage : Salaire minimum, galère maximu..

Rob et Sylv, Sylv et Rob, ces deux-là sont inséparables et fou amoureux l’un de l’autre. Autour d’eux gravitent une multitude de personnages : les potes de Rob’, l’ex copine lesbienne de Sylv, les parents, les colocs… A travers une dizaine de courts récits, Bob Fingerman raconte les déboires de la vingtaine : le premier appart’, les petits boulots, les petits salaires, la galère au quotidien, les conventions de BD (Rob est dessinateur de BD érotiques). Il y aborde aussi des thèmes plus sérieux comme l’avortement, l’engagement et le mariage, mais toujours sur un ton léger et plein d’humour !

Voici un comics indépendant qui sort des sentiers battus et qui, à sa façon, présente une tranche de vie (parfois étrange certes !) mais qui parlera aux jeunes adultes et qui rappellera aux plus âgés des souvenirs…
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Minimum Wage : Salaire minimum, galère maximu..

Minimum Wage serait une autre façon d’évoquer ce que dans une autre ville monde centripète et à d’autres époques, on appelait la bohème. Les Humanos ont profité de la réédition intégrale publiée en 2013 par Image et ayant été profondément revue par l’auteur, pour en faire aujourd’hui la première traduction en français.
Lien : http://www.du9.org/chronique..
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