Brigitte Ollier :
Robert doisneauA l'occasion de la sortie d'un livre sur
Robert DOISNEAU édité chez HAZAN,
Olivier BARROT présente de nobreuses
photos du célèbre
photographe exposées actuellement au Centre Beaubourg.
Été
Mon oncle était très actif,toujours prêt à faire quelque chose dans la maison où dans le jardin,et à transformer l'ordinaire en extraordinaire. (...)
Il aimait rire et il aimait faire rire,il aimait aussi l'inattendu.
Annie Galeron, graphiste
(p.13)
Préface de Brigitte Ollier
J'ai toujours eu un faible pour Robert Doisneau et ses photographies qui dégrisent la réalité, comme un lendemain de fête. J'y ai croisé des gens plus ou moins abordables,fréquemment aimables, tantôt embarrassés par leur corps, les soucis,les parapluies,tantôt en harmonie avec cette société d'après-guerre où l'espoir renaissait. En photographiant ces gens ordinaires dans leur décor, souvent en bas de chez eux. Doisneau les a rendus hors du commun.
Tirage
(...) J'étais le plus heureux des hommes. Et je côtoyais un homme qui symbolisait ce que j'admirais : la simplicité, la générosité, l'humour,la tendresse et une vision exigeante de la vie.(...)
La vie m'a béni d'avoir été si proche de Doisneau. (p.59)
Péter Turnley,photojournaliste
Gris
Ce qui m'a toujours frappé dans les photographies de Robert,c'est sa façon, si rare chez les photographes,de ne pas profiter des effets de lumière. Il ne cherchait pas à faire de l'épate, il n'était pas dans le spectacle ni dans la séduction. Je reconnaissais ses photos du coin de l'oeil,à cause de cette luminosité si particulière, un Camaïeu de gris très subtils,accordant à chaque personnage sa propre expressivité. C'était comme si la lumière était à l'intérieur même de la photographie. -(-Daniel Pennac,écrivain )
« La beauté échappe aux modes passagères . »
Il avait une élégance contenue,loin de cette image préfabriquée du gars de banlieue au phrasé rap,ni titi ni Toto,mais proche de Prévert et de Queneau,nos chers poètes.
Brigitte Ollier
Un photographe sédentaire n'est pas à l'abri des coups de canon, il est même en première ligne. En compagnie de Robert Giraud, de son interminable gauloise et de son "durillon de comptoir", dont "les broussailles favorites" étaient Maubert, Mouffetard, les Halles, Doisneau fit la tournée des rades de la nuit. Mademoiselle Anita, par exemple, fut l'une des sirènes de ces pêches miraculeuses, une colombe perlée tombée du ciel alors qu'il patientait pour écouter Jeanne Chacun, chanteuse tombée aux oubliettes. Rien n'est plus typiquement parisien qu'un bistrot. Rien n'est plus français qu'un litre de rouge étoilé. Rien n'est plus insaisissable que ces conversations à haute température, langues déliées, nuques dénouées, d'où surgissent comme des rots de bébés des bouts de phrases aussi tordues que des bretelles d'autoroutes.
Solidarité
(...) C'était un être avec qui j'étais en totale solidarité, il était irrésistible de drôlerie et de gentillesse, on rigolait comme des bossus (...)
Quand le président Pompidou a décidé que les Halles quitteraient le quartier ,nous y avons passé des nuits entières, malgré un froid de loup.Nous avons été deux militants forcenés contre la destruction des pavillons de Baltard.Doisneau était ivre de rage.Derrière son air tendre il y avait une force énorme de résistance et de contestation. Il était profondément engagé. (p.60)
Edmonde Charles-Roux
Le Protocole compassionnel est l’un des livres les plus courageux, les plus admirables, les plus essentiels sur la douleur, le courage et l’évènement le plus tragique de la fin du XX° siècle, l’apparition de la maladie de l’amour.
Soleil
J'ai ouvert le restaurant en mars 1992 (**quartier de la Butte aux Cailles), et Robert est venu dès les premiers jours.Souvent avec Sabine (Azéma ).(...)
Je l'ai connu peu de temps,mais intensément. Il écoutait et il regardait,c'était un curieux de la bonne curiosité, il ne se prenait pas le chou. (...)
Ça faisait du bien quand il était là, c'était un grand bonheur,que du miel.Il était apaisant comme un soleil. (p.18)
Paul Desaivre, cantineur