Bruno Munari

Le triangle fait partie d’une trilogie, comprenant également le carré et le cercle. L’ouvrage existe en anglais et en italien, mais la langue importe peu car l’essentiel est dans l’abondance des illustrations ici rassemblées. Bruno Munari livre dans ce petit format carré, à la couverture blanche orné d’un simple triangle noir, un catalogue détaillé et raisonné de cette forme géométrique de base : le triangle équilatéral. Au fil des pages, il recense, avec minutie, il compile, avec rigueur, objectivant la manière dont cette figure structure la production intellectuelle qu’autant qu’artistique, qu’elle soit peinture, sculpture, design, décoration ou architecture. Logos, pavages, nombres, plans du Corbusier, de Nizzoli et Oliveri, alphabets, symboles, pictogrammes, vues au microscope, coupe transversale d’un concombre, décorations, déformations optiques, pliages, tressage, paniers d’osier, tripodes, flocons de neige, tangram, postures de yoga, c’est une liste à la Prévert qui explore, qui étonne, qui inspire. C’est ainsi que l’a voulu ce designer génial qu’était Bruno Munari. Cet abécédaire du triangle est une partie non négligeable de son legs.

Comment faire voyager les petits chez eux? Bruno Munari a de quoi leur proposer un petit voyage tout mignon. A chaque double page, nous rencontrons un habitant du zoo. L'un après l'autre, on observe un dessin de lion, de flamants roses, de zèbre... avec une phrase de présentation. Le dessin est simple, un peu enfantin cependant très facilement identifiable. Les bambins pourront s'imaginer de vivre des aventures rocambolesques. Une fausse naïveté efficace qui devrait plaire. Pas besoin de charger les choses pour que cela soit mignon et charmant. Par contre, cela reste à destination des non-lecteurs ce qui favorise ainsi une interaction avec l'adulte. Vous aussi vous allez contribuer à proposer une diversité de récits.

Les livres de Bruno Munari sont une expérience à part. Le plasticien italien s'est essayé à beaucoup de choses et propose ici une histoire sur le principe des poupées gigognes.

Chaque véhicule en cache un plus petit jusqu'à ce que l'homme au camion finisse nu pied. Mais rien n'est trop dur pour apporter son cadeau d'anniversaire à son fils.

J'ai beaucoup aimé le petit détails autour des bornes kilométriques qui donne un aspect très concret à l'histoire.

A découvrir dès 3/4 ans.
Lien : http://boumabib.fr

alors les forêts sont vraiment mal ?



The circle

Pour Bruno Munari, le carré, avec sa stabilité, son équilibre, ce côté terrestre, était du côté de l’humain et de ses constructions. Le cercle, alors relèverait du divin. Forme refermée sur elle-même, parfaite et infinie, à l’image du très ancien symbole de l’Orobouros, tantôt serpent tantôt dragon qui se mord la queue. Entourant la totalité du monde existant, le cercle symbolise le cycle du temps et l’éternité. Depuis l’auréole à l’orbe, jusqu’à la définition du divin, il y a toujours, dans le sacré une référence au cercle.

Cercle, disque, boule, sphere sont indissociablement liés au mouvement, leur instabilité est permanente et leur dynamique perpétuelle. Roue, disque vynil, CD, engrenage, poulie, spirale, bobine, rouet, dévidoir, tourniquet, tout y parle d’action, de trajectoire, de déplacement, de mobilité, d’oscillation, comme une impulsion, une course toujours reprise.

Triangle constructeur, carré mesureur, le cercle est alors calculateur puisqu’il permet, depuis la découverte de l’irrationnel pi, ce nombre transcendant, constante d’Archimède, indispensables dans de si nombreuses formules de physique, d’ingénierie. Probablement une des constantes les plus usitées et les plus importantes en mathématiques.

Symbole de botanique, de météorologie ou d’astrologie, mystères et alchimie, bulle de savon, arche des cathédrales, bulbe du Kremlin, coupole des mosquées, bague, alliance, section transversale du tronc de l’arbre, compas et cycloïde, talisman, sextant, globe, cible, rosace ou lune, qu’il s’agisse du cercle ou de la boule, l’un et l’autre sont l’équilibre permanent dans le déséquilibre constant.

Le carré, écrit en italien et traduit en anglais, est un des trois opus formant la trilogie que Bruno Munari a publié sur les formes géométriques élémentaires et leur utilisation par l’homme, que cette utilisation soit symbolique ou concrète, intellectuelle ou artistique.

Le carré, c’est l’enceinte de pierre ou d’épineux de l’enclos et du potager clos de mur, c’est le premier champ, le plan d’un bâtiment, c’est l’homme de Vitruve, inscrit, bras étendu, dans cette forme aux quatre côtés de longueur égale et à quatre angles droits, dont la régularité fait qu’elle en devient le symbole de la structure. Monotone quand elle est uniformément répétée, comme les cases de tout damier ou échiquier, le carré est aussi emblématique des paradoxes et des oppositions. Il a la stabilité de l’assise quand il est posé sur un de ses côtés et devient signe dynamique quand, posé sur un de ses sommets, il tient malgré tout et à la limite du déséquilibre permanent.

Si le triangle, pour Bruno Munari, était un élément constructeur, permettant de décomposer les surfaces complexes, le carré est, quant à lui, un élément mesureur. C’est en unité carré que l’on prend la mesure des surfaces et en unité cube, celle des volumes.

De réflexion en déclinaison, ce petit ouvrage au format carré, à la couverture blanche frappé d’un unique carré noir centré, en décline les usages divers et variés, parcourant l’histoire, la géographie, les styles et les genres, les arts et les essais, depuis le trou central des sapèques jusqu’au Modulor du Corbusier, de la spirale du nombre d’or aux frises de l’art grec, des proportions harmonieuses d’un profil au papier d’origami japonais… Cette forme de base dans son évidente simplicité acquiert, pour le designer qu’était Bruno Munari, les dimensions énigmatiques de l’arcane.

« I prelibri » en italien, « les prélivres » en français est un grand livre en contenant 12 petits. Pour les adultes que nous sommes devenus, ce coffret bibliothèque est un bel objet contenant à son tour de beaux objets. Mais ce n’est pas tout. Si ce sont les livres d’avant les livres, ces prélivres sont, tout de même, de vrais livres. Chacun raconte une histoire tout comme chacun décline les caractéristiques de ce qui fait un livre : ici la couverture, là la reliure, sur celui-ci le sens de lecture, celui-là, l’orientation, celui-là interpelle sur le haut et le bas, tel autre, se lit dans un sens ou dans l’autre, là, c’est la matière qui change et qui, sans mots écrits, parle… Chaque livre est une déclinaison, ici tout est papier, mais on peut le lire dans un sens ou dans l’autre. Ici, le fil rouge de l’histoire est un vrai fil de laine qu’il faut suivre d’un bord de la page à l’autre. Là, la couverture est en bois, de même que le sont les pages, n’est-ce pas du bois que vient le papier ? Ici, les pages en sont transparentes et bruissantes comme les mots d’une histoire que l’on chuchoterait au creux de l’oreille. Là, c’est un livre de comptabilité, dans lequel le nombre de fourmis présentent change sans cesse, elles apparaissent, surgissent, disparaissent ou reviennent. Celui-là est un traité de gymnastique, autant de sujets traités en 12 petits livres qu’il y en a dans nos bibliothèques et nos librairies par centaines. Ces livres ne se racontent pas, pour l’enfant ni à la place de l’enfant, ils se vivent, ils se manipulent, ils s’expérimentent, laissant l’ambiguïté devenir question et la question, réflexion ou imagination. Ces livres sont faits pour les petits enfants, et ils le savent, pour peu que vous les leur mettiez à disposition, sans entrave ni frein à leur découverte. Car c’est justement de cette découverte permise, encouragée, que peut naître et que naîtra la conscience de la richesse et de la diversité du livre.

Bonne nuit à tous B. Munari seuil jeunesse 20€



isbn: 0020888025



« ciccio dort dans son petit lit et rêve que son train lui échappe



Derrière le rocher de l’aquarium le poisson Berengario dort. »



Dans la maison et le jardin, de la chambre au grenier, tout le monde est endormi, paisiblement.
Lien : https://www.litterature-enfa..

Ce livre illisible est un vrai bonheur à partager avec les enfants à partir de 15-18 mois qui en prendront soin avec délicatesse comme le demande l'objet, à la plus grande surprise des adultes. Pas de texte, pas d'image, toute la magie est dans la couleur et la découpe des pages.

Un libre avec des caches - superbes. Sont évoqués des chiffres, des couleurs, on peut aussi travailler dessus-dessous, en haut à droite, en bas à gauche...

Il peut également servir de modèle à la réalisation d'un album à languettes.

Très bel album qui explique comment peindre des roses à l'aide de salade... Surprenant...