C.A. Larmer

Elle devait avoir la soixantaine, cheveux gris très courts, chair tremblotante aux biceps. Dans sa tenue immaculée, elle aurait pu être infirmière, mais selon toute apparence c'était la femme de chambre, servante ou quelle que soit l'appellation que les gens riches donnent aux pauvres qui rangent leur bazar.

Regarde les choses en face Alicia, il y a de moins en moins de gens qui lisent. .. les gens ne lisent plus de romans, point barre. Tout le monde est scotché sur You Yube à regarder des demeurés qui jouent à lancer leurs bébés en l'air. Bon courage pour trouver huit personnes qui lisent, et en plus qui lisent des polars, et en plus qui lisent cet éteignoir d'Agatha Christie.

Mais monsieur Poirot, le Mal existe ! C'est un fait ! Je crois au Mal tout comme je crois au Bien...

Jamais ils ne comprendraient ce qui les avait frappés.
L'observateur retint un ricanement. Bon sang, lagrande Agatha Christie elle-même en aurait été réduite à se gratter la tête. ..

Eh bien, ce n'est pas pour ça qu'on a signé, hein ? C'était juste un divertissement, on était seulement censés se réunir tous les quinze jours pour parler de littérature policière. Je n'avais pas prévu de me retrouver à poursuivre des vrais criminels, tu vois ?

Les bastingages sont hauts, dit-il. On ne passe pas par dessus à moins d’être ivre et de faire l’imbécile.
- oui à moins qu’on vous y aide, fit une voix derrière eux.

Ah ! Mais oui. J'avais hâte de vous rencontrer, les amis.
— Vraiment ? dit Claire. Vous aimez la lecture ?
- Quoi ? Oh non, mon Dieu. Qui a du temps pour ça ?

Je compatis avec Hercule Poirot et Jane Marple, désormais. Mener une enquête est parfaitement exténuant.

Pour elle, il n’existait rien de tel qu’un bon vieux polar pour se réveiller le matin et se laisser glisser dans le sommeil le soir. Et s’il était signé par des auteurs de la trempe d’Agatha Christie ou de P.D, James, c’était encore mieux.

Elle en était donc à son troisième verre, une quantité appréciable pour l’aînée des sœurs Finlay, surtout l’estomac vide, quand on lui tapota légèrement sur l’épaule. C’était Lynette.
« On t’attendait au restaurant, poulette. Tu viens ?
- Je prends juste un verre en tête à tête avec moi-même, Lynny. Il faut bien que je boive avec quelqu’un.
- Où étais-tu ? Anders est venu, il te cherchait. Il a dit qu’il avait raté votre rendez-vous et il se demandait où tu étais passée.
- Où j’étais passée, moi ? Et lui, où était-il passé, bon sang ?
- J’en sais rien, mais là, il est à la table du capitaine et il mange. Et tu devrais faire pareil. »
Alicia engloutit son verre et interpella le barman.
« Hé, monsieur Grincheux, je crois que ma superbe sœur, là, voudrait aussi une coupette. Hein, Lynette ? »

À l’autre bout de la ville une personne avait regardé le journal télévisé avec délices. Arthur aurait beau dire ce qu’il voudrait et lancer tous les appels du monde, Barbara ne rentrerait pas.
Elle se retourna et examina le visage muet avec satisfaction, les lèvres fendues en un sourire qui semblait ne plus jamais devoir la quitter. Elle avait une chance inouïe. Dans ses rêves les plus échevelés, elle n’aurait jamais espéré une chose pareille. Le navire appareillait enfin.
Enfin, elle avait pris le contrôle. Elle était la reine et c’était son tour d’être sous les feux de la rampe.
Elle ricana en fixant Barbara, puis un frisson d’angoisse courut dans ses veines, douchant son enthousiasme.
« Garde la tête froide », siffla-t-elle. Ce n’est pas fini. C’est loin d’être fini.

Miss Marple commence toujours par le petit bout, les détails qui semblent insignifiants. Parfois, ce sont eux qui en disent le plus.

C'est tellement frustrant, fit observer Claire. Je compatis avec Hercule Poirot et Jane Marple, désormais. Mener une enquête est parfaitement exténuant.

Une chose était sûre, elle avait une gueule de bois assez grande pour faire une forêt.

Préoccupée par ces pensées, elle faillit ne pas remarquer le couple qui se tenait à l’autre bout du pont privé, tête contre tête, abîmé dans sa conversation. L’homme la vit arriver, en revanche, et s’écarta en passant la main dans ses cheveux clairs. Si ce mouvement n’avait pas attiré son regard, Alicia aurait peut-être poursuivi son chemin sans les voir, mais elle scruta l’obscurité et reconnut l’homme avec qui elle était entrée en collision quelques heures plus tôt dans l’escalier.
Il parut embarrassé, ou surpris. Ou quelque chose.
Et Alicia comprit vite la raison de son embarras. La femme avec qui il s’entretenait de manière si intime continuait à parler sans s’être retournée, mais cette tunique rayée et ces épaules de nageuse ne laissaient aucun doute.
C’était Corrie van Tussi, la femme du capitaine.

Malheureusement pour nous, nous ne sommes pas dans un roman d'Agatha Christie, avec un lieu clos et une vingtaine de personnes parmi lesquelles il faut faire le tri. Si on ajoute l'équipage, nous sommes quelque quatre cents suspects potentiels.

« Tu es une véritable experte. Oui, on lui a donné le nom du deuxième mari d’Agatha, Max Mallowan. Je crois que personne n’avait jamais relevé ça. Jamais. – C’est tellement drôle ! repartit Missy. Mais pourquoi ne l’avez-vous pas appelé Peter ? C’était le nom du chien d’Agatha, n’est-ce pas ? Elle adorait ce chien. C’était quoi, comme race ? Ah, non, non, ne dis rien, je vais retrouver. » Elle posa deux doigts sur son front en fermant à demi les yeux. « Je devrais le savoir, j’ai lu sa bio il n’y a pas si longtemps. Ah, c’est ça… » Elle laissa retomber la main, sourit victorieusement. « Un terrier ! Un terrier à poils durs, ils appellent ça, je me demande ce que ça peut bien signifier.

Regarde les choses en face Alicia, il y a de moins en moins de gens qui lisent. .. les gens ne lisent plus de romans, point barre. Tout le monde est scotché sur you tube à regarder des demeurés qui jouent à lancer leurs bébés en l'air. Bon courage pour trouver huit personnes qui lisent, et en plus qui lisent des polars, et en plus qui lisent cet éteignoir d'Agatha Christie.

Jamais ils ne comprendraient ce qui les avait frappés. L'observateur retint un ricanement. Bon sang, la grande Agatha Christie elle-même en aurait été réduite à se gratter la tête.

Je me sens comme un pansement sur une jambe de bois, par moments, à rester assise sans rien faire dans ma bibliothèque.