C.A. Larmer

C'est tellement frustrant, fit observer Claire. Je compatis avec Hercule Poirot et Jane Marple, désormais. Mener une enquête est parfaitement exténuant.

Elle en était donc à son troisième verre, une quantité apprécia pour l’aîné des sœurs Finlay, surtout l’estomac vide, quand on lui tapota légèrement sur l’épaule. C’est Lynette.
« On t’attendait au restaurant, poulette. Tu viens ?
- je prends juste un verre en tête à tête avec moi-même, Lynny. Il faut bien que je boive avec quelqu’un.

Elle s’y installa confortablement, sortit « Le crime de l’Orient-Express » et l’ouvrir à la première page.
Quelques minutes après, Alicia faisait route à bord d’un train luxueux en compagnie de treize meurtriers potentiels. Et d’un certain Hercule Poirot.

Il n’y avait rien qu’elle détestait plus que donner des pourboires (d’accord, elle détestait encore plus la fin dans le monde, mais vous voyez l’idée)

Je tuerais pour faire un voyage dans un train de luxe, avait soupiré Claire.
Pourquoi t’en priver ? S’était enquis Perry.
- De quoi, de tuer ou de prendre l’Orient-Express ?

A mon avis, Poirot veut dire qu'il est important de rester objectif à propos de la victime quand on cherche à élucider un meurtre, une disparition ou quoi que ce soit. Regarde Arthur, par exemple. S'il a été tué, a priori, ce n'est pas parce que c'était un type adorable. À mon avis, il ne l'était pas du tout, et ca ne nous mènerait nulle part de prétendre le contraire. Si l'on veut accéder à la vérité, il faut la regarder en face, droit dans les yeux. Il apparaît à ses probable que quelqu'un n'est plus supporter l'attitude dominatrice d'Arthur, ou ses liaisons, ou quelque chose de ce genre.
Chapitre 24

C'est affreusement triste et terriblement tragique, mais c'est un fait. La frontière entre l'amour et la haine est une ligne ténue, mes amis. On ne compte plus les histoires, et je ne parle pas de romans, mais de la vraie vie, de faits bruts: des femmes qui assassinent leur mari, des pères qui assassinent leurs filles, ça n'a pas de fin.
Chapitre 15

Mademoiselle Finlay, dit-il en plantant ses yeux dans les siens, vous semblez être une personne intelligente, mais vous devez être très prudents, vous et les autres membres de votre club. Nous ne sommes pas dans un roman policier dont on discute assis autour d'une tasse de thé.

Tout était prêt. La table était dressée, des fleurs disposées dans un vase, le thé noir infusait dans une théière de porcelaine aux délicats motifs, et un grand plat de sandwichs au concombre et fromage frais ( sans la croute, bien sûr) couronnait le tout. Le décor parfait pour le rendez-vous inaugural du club des amoureux du mystère.

Rien ne pouvait remplacer la joie pure que l’on éprouvait à découvrir dans sa boîte une vraie enveloppe, son épaisseur, son odeur de bois, à la sentir dans sa main en déchiffrant l’écriture et en s’efforçant de deviner d’où elle provenait. Puis la retourner, trouver un indice parfois, l’ouvrir, déplier les feuillets…

En réalité, son seul objectif était de s’intégrer à ce groupe qui allait lui permettre de donner le coup d’envoi à un plan autrement tortueux.
Et remarquable, véritablement ! Inutile de jouer la fausse modestie à ce stade. Ce plan lui avait coûté du temps et des efforts, mais qui allaient finalement trouver leur récompense. S’il fonctionnait, et comment pourrait-il en aller autrement ?, il détruirait une vie, en dévasterait une autre, et laisserait pantois ce ramassis d’amateurs.
Jamais ils ne comprendraient ce qui les avait frappés.
L’observateur retint un ricanement. Bon sang, la grande Agatha Christie elle-même en aurait été réduite à se gratter la tête…

"Eh bien, au moins il y en a qui s'amusent, sur ce bateau."
Ces paroles allaient revenir la hanter plus tôt qu'elle n'aurait pu l'imaginer.

- Anders
- S'il te plaît ! Tu as dit que tu me laisserais finir.
Elle fit mine de se coudre la bouche, lui arrachant un sourire.
Je ne disais pas que je ne voulais plus faire partie du club. Bon sang, j'aime vraiment ce groupe, ça fait longtemps que je ne m' étais plus amusé autant. C'est horrible pour les Parlour, mais bon, c'est revigorant d'être mêlé à tout ça.
Alicia acquiesça. C'était précisément ce qu'elle ressentait. Il sourit encore.

Comme vous tous, visiblement, je lis beaucoup de romans policiers, mais je suis passionnée par tout ce qui touche à Agatha Christie, même si elle était loin d'être une sainte, quand on lit son autobiographie ou les biographies écrites sur elle. Je crois d'ailleurs que ça me fait l'aimer encore plus!

« Vous devez tout faire pour résoudre ce crime avant que nous arrivions à terre.
- Ce qui ne nous laisse pas beaucoup de temps, capitaine, dit Packer en regardant sa montre.
- Ce qui vous laisse très exactement trente-deux heures et demie, rétorqua le capitaine, sans avoir besoin de consulter l’heure. Je sais que vous en êtes capables. S’il vous plaît, je compte sur vous. »
Anders, qui était occupé à examiner la blessure, eu un soudain éclair de déjà-vu. Une scène d’un roman lui revenait, un train luxueux pris dans une tempête de neige, et le directeur de la compagnie suppliant le petit détective rondouillard à la moustache élaborée et au crâne ovoïde de lui venir en aide.

- He, ça, c’est un coup bas !
- Ah oui ? Dis ça à la femme qui nourrit les requins dans la mer de Tasman en ce moment même !

Cuisiner Anders était encore un peu trop gentil, décida Alicia en dévalant les quatre étages vers l’infirmerie. Il méritait de griller à petit feu, à four très chaud.

Elle aurait pu être avec n’importe qui. Malheureusement pour nous, nous ne sommes pas dans un roman d’Agatha Christie, avec un lieu clos et une vingtaine de personnages parmi lesquelles il faut faire le tri. Si on ajoute l’équipage, nous sommes quelque quatre cents suspects potentiels.

Comment imaginer crime plus audacieux, plus encore que celui auquel ils avaient assisté quelques heures plus tôt sur ce grand écran ? Au moins, dans l’histoire d’Agatha Christie, le meurtrier avait attendu que sa victime soit seule dans une crique isolée pour agir.
L’impudence de ce criminel était terrifiante.

Ils étaient vraiment une petite bande de fouineurs qui aimaient les histoires.