Je sais de quoi il est nourri, alors qu'un éleveur qui se fait livrer des aliments ne peut vérifier le contenu du camion qui déverse son produit dans le silo. Il n'a pas, même s'il en a envie, les instruments nécessaires au contrôle. Il doit faire confiance au fabricant, les yeux fermés. On a vu le résultat de cet aveuglement dans l'affaire de la vache folle, où la confiance des agriculteurs a été abusée, les vaches laitières ayant été contaminées à l'insu de l'éleveur.
Le paysan était un serf. La Révolution l'a libéré. Le "progrès" l'a ramené à sa condition première. Vive le progrès !
Maîtres et esclaves : on ne sort pas de ces rapports là. Mais, aujourd'hui, l'agriculteur n'est plus seulement un serf au milieu des champs : c'est aussi un cobaye de plus dans le laboratoire qu'il a lui-même bâti et qu'il paie, par annuités, à ses banquiers.
Cette agriculture "intégrée" dans une filière agro-industrielle situant le producteur au bas de l'échelle, l'industriel au sommet et le Crédit agricole au niveau intermédiaire fait de l'élément de base, l'agriculteur, un maillon sans pouvoir et sans profit. S'il n'a pu en acquérir aucun, c'est que le monde agricole est représenté par des gens que l'industrie a les moyens de manipuler.