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Citation de santorin


A Massaoua, la nuit , les gens dorment dans les rues. C'est à cause de la chaleur. On ne peut pas rester à l'intérieur parce qu'on y étouffe dans un air immobile et épais, dense en souffles et forts en odeurs, qui vous pèse comme une couverture....
A Messaoua, quand le soir vient, les gens sortent de chez eux leur lit sous le bras. Anghareb, c'est ainsi que s'appelle la couche faite de sangles de cuir entrecroisées et tendues sur un cadre de bois ou de fer, avec quatre pieds guère plus hauts qu'une paume. Sur les balcons, les vérandas, les terrasses plates en haut des maisons, dehors, à côté de la porte ou au milieu de la rue, où il y a de la place, couverts par un tapis , une peau de vache ou juste une fouta, les anghareb se sont répandus dans toute la ville, ils couvrent les ruelles de la mosquée de Cheik Hammali en bas vers le bazar et en haut jusqu'au port, ils passent la rade, arrivent aux baraques et au fort de Taouloud, et au de-là de la digue, sur la terre ferme, jusqu'aux plaines de Otoumlo et de Monkoullo, mais pas au-delà parce que là, il y a des hyènes et on ne peut dormir à ciel ouvert, même s'il fait chaud.
S'il est encore tôt, alors entre les ruelles de Maddaoua on entend parler doucement, on entend murmurer, dans un arabe aspiré et rauque, dans un tigré large, aux voyelles ouvertes, on entend chuchoter, dans la langue des Baria et des Kounama, dans les dialectes de Bombay et de Sumatra des commerçants banians, en grec et aussi en amharique, mais là doucement, très doucement, parce que c'est la langue du Négus et des espions. Puis, quand la brise enfin arrive et que l'air devient noir, les voix coulent toujours plus loin, toujours vers le fond, et à Massaoua, il ne reste que les bruits du sommeil.
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