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Citation de collectifpolar


Adolescente, Ágata avait eu maintes fois l’occasion d’entendre sa sœur décrire à d’autres personnes leur passé commun. Voilà pourquoi elle imaginait sans peine ce qu’Olivia racontait à ses riches connaissances, à ses nombreux maris ou amants lors d’un premier rendez-vous :
– Tu sais, cuore, tu as devant toi une victime de la guerre froide. Je dirais même que, comme dans le roman de John le Carré, je suis l’espionne qui venait du froid.

Ágata sourit. Si sa sœur aînée servait toujours le même discours à ses amis et amants, elle allait devoir le réviser pour ne pas avoir l’air d’un fossile, car personne ne se rappelait plus de nos jours ce que pouvait bien être la guerre froide. Mais une fois remise au goût du jour et habilement placée (Olivia excellait dans l’art de l’à-propos), cette phrase éveillait probablement la curiosité.
– Une espionne ? s’étonnait son interlocuteur.
– Eh oui, répondait Olivia en se fendant d’un adorable sourire. En fait, l’espion, c’était plutôt mon père. Dans la Russie soviétique, tu me suis ? Un peu avant la perestroïka, dans les années 1980. « La capitale des ténèbres ». C’est comme ça qu’on appelait Moscou. Tu ne peux pas t’imaginer l’enfance in-croy-able que j’ai eue là-bas, entre une ambassade aux murs tendus de velours et l’école Maxime-Gorki, qui sentait le chou. Tu vois cette cicatrice près de mon sourcil ? Je me la suis faite en cours de guerre. Oui, trésor, c’est la vérité vraie. À l’époque, dans les écoles soviétiques, on apprenait aux élèves à armer et à désarmer une kalachnikov. Même les filles devaient être prêtes à défendre la Révolution.
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