Elle pouvait encore voir la petite fille qu’elle avait été, couchée sur son lit, une pile de livre toujours à portée de main. Combien d’heures avait-elle passées à lire et combien de mots avait-elle avalés pendant ses années de préadolescences ? Les livres lui avaient tenu compagnie lorsque sa mère travaillée. Elle soupira
Elle ne voulait pas que ces souvenirs remontent à la surface. Ils appartenaient tous à un passé dont elle avait refermé la porte, laissés là où ils ne pourraient blesser personne. Lorsqu’elle était enfant, elle ne savait pas comment ignorer sa solitude, mais elle la maîtrisait maintenant à la perfection.
« Je ne veux pas que l'on impose à mes enfants un mensonge sur quelqu'un qui n'existe pas. »
Elle plissa les yeux.
« Le Père Noël existe. C’est vous qui crachez votre venin avec les mensonges que vous écrivez dans votre livre. »
Le Père Noël est un mensonge. Ce n’est rien de plus qu’une histoire que les parents racontent à leurs enfants pour qu’ils se tiennent tranquilles au moins un mois par an.
Elle, elle avait toujours un livre en main, sans pour autant en lire beaucoup. Il lui servait de refuge au cas où l’un des garçons pensait qu’elle les regardait.
L’embarras était un euphémisme pour décrire ce qu’il ressentait, là, torse nu en plein milieu de sa chambre, en compagnie d'une femme qu'il connaissait à peine.
En résumé, elle s’était toujours sentie comme une fleur qui ne pouvait pas avoir assez de lumière, et Mateo avait toujours représenté le soleil à ses yeux.
Rien de honteux à faire du théâtre. Évidemment, c’était un peu bizarre mais tous les créateurs ne sont-ils pas pour le moins excentriques ? Son cœur se réchauffa à l’idée que la femme dont il était amoureux n’était pas folle.
...l'aide que tu apportes ici est un magnifique cadeau pour tous les enfants qui prendront plaisir à croire au Père Noël. La joie est le plus beau présent que nous puissions offrir aux enfants, souviens-t-en.
Une femme qui rencontre un homme bizarre dans une maison vide peut risquer pas mal de choses.