Depuis un petit moment déjà, quelque chose me pèse dans un coin de la tête et me taraude comme un gamin impatient. Ca ne m’a pas quitté depuis mon réveil ce matin, entre ces quatre murs gris qui auraient dû être violets.
C’est une idée toute simple. Une affirmation. Ca se résume à un sujet, un verbe, un complément, qui valsent comme des feuilles sous le vent.
Je veux mourir.
Agressée. La police. Un son étranglé s'échappe de ma gorge et des larmes roulent sur mes joues. Ma mère va apprendre que j'ai menti. Que j'ai trop bu. Que des types m'ont vue nue, écrit sur le corps. Elle qui me croit toujours vierge découvrira des photos de moi en petite culotte, abrutie d'alcool et couverte d'injures. Je vous en prie, ne faites pas ça, je gémis dans le couloir désert. Il n'y a rien à signaler.
(...)
Brusquement, je détale. (...) Je remonte le couloir à toutes jambes, aveuglée par mes larmes, sac claquant dans mon dos au fil de cette fuite à l'aveugle d'un couloir à l'autre. C'est en sortant en trombe du hall principal, me croyant enfin libérée, que je tombe sur lui.
Celui qui a affirmé un jour que l'anxiété était comme une ombre menaçante qui plane au-dessus d'un individu, à l'image de Bourriquet sous son nuage de pluie, ne savait pas de quoi il parlait. La peur est une émotion nettement plus sinistre, une moisissure incrustée en nous qui attend juste l'occasion idéale d'infecter tout notre organisme. Tout allait bien et en un claquement de doigts, on est contaminé, on suffoque et on voit ses organes, son cerveau et son cœur pourrir de l'intérieur. On en vient alors à regretter d'être né, à souhaiter ne plus exister. Que tout s'arrête enfin.
Il n’y a pas de « bonne » décision. Il s’agit seulement d’apprendre à surmonter un événement si traumatisant qu’on doute d’avoir la force de continuer à vivre. Il s’agit de regarder la vérité en face et d’admettre - au moins en son for intérieur - qu’on est profondément marqué. À mon sens, s’il y a au moins une justice à appliquer, c’est celle-là. Et c’est le côté héroïque de l’histoire.
Il n'y a pas de « bonne » décision. Il s'agit seulement d'apprendre à surmonter un événement si traumatisant qu'on doute d'avoir la force de continuer à vivre. Il s'agit de regarder la vérité en face et d'admettre au moins en son for qu'on est profondément marqué. À mon sens, s'il y a au moins une justice à appliquer, c'est celle-là. Et c'est le côté héroïque de l'histoire.
Elle est déjà en toi, tu sais. Cette Erica Strange que tu as dessinée dans toute son illustre rébellion. Il faut juste que tu la fasses renaître.
Les malheureux n'ont d'autre remède que l'espérance.