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Citation de AuroraeLibri


Ses parents lui avaient narré l’affaire de Loudun, le procès du père Urbain Grandier, torturé puis brûlé vif en 1634 parce que sept nonnes d’un couvent d’ursulines et leur supérieure, mère Jeanne des Anges, disaient avoir été ensorcelées par lui. Séduisant, séducteur, le curé avait attiré la convoitise de Jeanne des Anges qui l’avait sollicité pour être le confesseur de sa communauté. Après son refus, une haine implacable l’avait littéralement habitée.
Des mois durant, elle-même puis toutes les sœurs avaient eu d’effroyables convulsions, avaient exposé sans pudeur leurs parties intimes, s’étaient mises à baver, à hennir, à aboyer, à se contorsionner, possédées, clamaient-elles, par une armée de démons. Les exorcistes appelés à l’aide, tout aussi hantés que les malheureuses, n’étaient parvenus à rien. Tous haïssaient Grandier qui s’était montré hautain au temps où il occupait le haut du pavé à Loudun. En outre, le malheureux curé avait, quelques années plus tôt, commis un pamphlet contre le cardinal de Richelieu. Celui-ci ne pardonnait jamais. Quoique certain de l’innocence de Grandier (il ne croyait guère aux démons), le cardinal avait voulu l’écraser, le faire souffrir, l’anéantir. Juges et témoins avaient été soigneusement sélectionnés, les amis de Grandier ou ceux susceptibles de témoigner à sa décharge expulsés de Loudun.
Mais quand le corps du prêtre avait été réduit en cendres, après d’inhumaines tortures afin d’obtenir des aveux qu’il n’avait jamais signés, les démons, sans doute satisfaits chez les ursulines, avaient refusé de quitter la place. Il avait fallu l’intervention d’autres exorcistes et surtout la puissance du temps pour faire décamper la horde infernale. Jeanne des Anges qui, par son hystérie, avait conduit un innocent à la plus atroce des morts, était désormais considérée comme une sainte. Le roi Louis XIII, la reine, Gaston d’Orléans l’avaient reçue. Elle jubilait. On la comparait aux plus hauts mystiques. Une vie réussie en dépit de la violence qui lui avait été faite, des années plus tôt, par des parents désireux de la fourrer dans un couvent alors qu’elle n’avait nulle vocation mais un grand goût pour les hommes. Tout finissait bien.

Chapitre 36
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