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Biographie :

Journaliste et écrivain, Catherine Herszberg est notamment l'auteur de Fresnes, histoires de fous (Seuil, 2006), récit de quatre mois passés au quotidien en prison pour témoigner du sort des malades mentaux détenus.

Source : Le Seuil
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Chaque année, l'Insee chiffre le nombre de pauvres en France (8, 2 millions en 2011) sans jamais proposer toutefois de lecture sur l'organisation politique qui génère cette pauvreté. Les pauvres surgissent ainsi sur la scène sociale comme une masse importante que l'on va aider ou punir, selon les mérites ou les défauts de chacun, mais rarement comme le symptôme d'une défaite sociale. Tandis que la fraction la plus riche de la population ne cesse de s'enrichir, la pauvreté n'est plus un phénomène qui relève d'une responsabilité collective. C'est pourquoi Catherine Herszberg est allée demander à des inconnus non pauvres, selon le critère européen, pourquoi les pauvres sont pauvres. Cette démarche s'inscrit dans la continuité de celle qui l'a déjà poussée à observer le sort réservé aux fous emprisonnés (Fresnes, une histoire de fou, 2007). A nouveau, il est question d'hommes mis à l'écart de la société, qu'on est soulagé de ne plus voir, leur vie n'intéressant à peu près personne. Cette enquête pointe ainsi comment le phénomène de la pauvreté s'est détaché du politique, et de notions comme la justice ou l'égalité, pour relever au mieux d'un discours compassionnel, voire charitable. Ce divorce conduit à l'acceptation de ce fait social comme une fatalité, voire une nécessité. Acceptation renforcée par la certitude que le capitalisme mondialisé produit un surplus d'êtres humains 'inutiles', surplus appelé à croître dans les années à venir. 'Dès lors, la seule question qui se pose est celle-ci : qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de ces hommes en trop ?'

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Citations et extraits (87) Voir plus Ajouter une citation
… le directeur

- Nous sommes dans un système de condamnation à la mort sociale. D’abord par l’exclusion économique et après par l’exclusion totale. Le mec fou, quand il est condamné, il faut bien le mettre quelque part. On est dans l’industrialisation de la peine, mais on ne peut pas rallumer les fours crématoires.

… le soignant

- Je vais sans doute vous choquer, je choque tout le monde en disant cela, mais au rythme où ça va, on finira par rouvrir les chambres à gaz.

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Depuis quelques temps, Château-Thierry reçoit des détenus venus directement du CNO (centre national d'observation ndlr). Ça n'arrivait jamais, assure la psychiatre, c'est de plus en plus fréquent. "On nous envoie les longues peines qui sont au-delà de la tolérance des autres prisons, et ça va de la chose la plus conne à la plus insensée." La plus conne, ce pourrait être ce psychotique qui fait des impositions de mains et jette des sorts aux surveillants qui prennent peur. La plus insensée, c'est cet homme qui entre dans le bureau de Sylvie Aigrot, se précipite sur le radiateur comme s'il s'agissait d'un téléphone, entame une conversation la tête dans le radiateur avant d'envoyer des satellites dans l'espace. Le psychiatre, elle, l'a envoyée direct en HO (hospitalisation d'office ndlr). Quelques temps plus tard, l'hôpital psychiatrique l'a rappelée. Certes l'homme est fou, a dit le médecin hospitalier, il est même si fou qu'on ne peut rien pour lui, alors on vous le renvoie. "Ça met en colère d'y repenser, s'énerve Sylvie Aigrot, je ne veux pas voir cet homme en prison, je n'ai jamais vu un homme aussi fou que celui-là!" Trop fou pour être hospitalisé; il risque d'immobiliser un lit pendant des années. "C'est pour ça qu'on voit peu de psychotiques aussi délirants à l'hôpital, une bonne partie d'entre eux est en prison...!"
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J’ai déjà vu des experts certifier que des types totalement fous simulaient. Ceux-là oublient qu’ils sont médecins et se prennent pour des juges. « Comme certains juges se prennent pour des médecins, la confusion est à peu près totale.


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… les rets pervers dans lesquels sont désormais pris les psychiatres en détention. Passés derrière les murs pour soulager une souffrance psychique extrême, leur présence en prison retire désormais aux juges tout scrupule quand ils y expédient des hommes et des femmes dans une souffrance psychique extrême ! Qu’importe la taule pour ces malades ; ils y trouveront des psychiatres pour soulager leurs maux.
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Ca ne plaisante pas une grille dressée de plus de 30 mètres carrés, ça soumet, c'est fait pour ça.
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[Concernant l’article 122-1]

La démence, c’était absolu, brut d’acception, trop brut même, au point que l’identité du sujet s’y abîmait tout entière. En cette fin du XXe siècle, la perception de la folie modifiée par les connaissances acquises sur les maladies mentales impose d’en finir avec la démence du début du XIXe siècle. Le discernement, c’est en effet beaucoup plus subtil. Tellement subtil qu’on ne sait trop s’il s’agit d’une notion morale ?... philosophique ?... clinique ?... En outre, déterminer si ce concept – dont on ne peut attester avec certitude de quel champ de la pensée ni du savoir il relève – est aboli ou seulement altéré impose parfois aux experts psychiatres des acrobaties cérébrales.
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J'ai débarqué à Fresnes au début du mois de décembre - un mauvais mois pour la prison. La lumière est trop chiche pour passer les fenêtres grillagées, les jours trop courts et surtout trop glacés pour revigorer les chairs. Au mois de décembre, le corps contraint du prisonnier se replie davantage encore. Le corps du visiteur aussi. Car il fait froid l'hier en prison ...
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... en prison rien ne donne envie de vivre, et c'est sans doute l'une des raisons qui expliquent qu'on y meurt beaucoup.




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Sylvain T., c’est cet homme qui entre dans les murs des cellules à Fresnes, supplicié par des insultes, des ordres, des menaces, des bêtes, des ronds, des fils, des sigles… et qui n’a trouvé qu’une parade pour leur échapper – un peu : répéter à voix haute le mot « absous ».


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Je n'ai pas fait de commentaire, mais songé aux effets pervers d'un univers hors-norme - tout est hors norme en prison, la violence, la réclusion, le bruit, l'arbitraire, la misère, la perversité... et même la folie. C'est même d'une telle démesure que pour la supporter il faut nécessairement la réduire en la rabattant sur un ordre plus familier. Dès lors le quotidien peut devenir acceptable et c'est sans doute l'une des conditions qui permettent de travailler en détention. Au risque de passer la limite sans même s'en apercevoir et commencer doucement à tolérer l'intolérable. Là où le "hors normes" devient la règle commune, comment préserver intacte une capacité d'indignation ? Comment songer encore à s'émouvoir ? La question, pourtant cruciale, n'a de réponse qu'au singulier.
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