Catherine Trudeau

L'inspectrice régionale-provinciale-nationale-mondiale-internationale MADEMOISELLE FARIDA MUSTAPHA, fait sa tournée pour évaluer les écoles chaque mois. Équipée de jumelles, d'un radar à haute fréquence, d'un ruban à mesurer en métal souple QUI CLIGNOTE, d'un décodeur à odeurs suspectes, d'un mini-laboratoire...et d'une foule d'objets hétéroclites qu'elle traîne avec elle dans une grosse valise à roulettes, elle fait chaque fois une entrée remarquée dans l'école.
Avec une liste plus longue que celle des cadeaux de Noël des enfants sages, elle vérifie des dizaines et des dizaines d'éléments, et elle les note de 1 à 10. Elle vérifie tout-tout-TOUT:
-le niveau de décibels des classes de maternelle
-la propreté des planchers après les séances de gouache
-le taux de sel dans la soupe de la cafétéria
-la concentration de méthane dans l'air les lendemains de sorties scolaires à la cabane à sucre
-le nombre de mailles dans les filets de basket du gymnase
-le pH de l'eau des urinoirs dans la toilette des gars
-le nombre de mines de crayon que les élèves de première année vont péter dans une journée
-la douceur du tissu des doudous du service de garde
-la longueur des poils de moustache molle des gars de sixième
-la perfection du nœud de cravate de Monsieur Légaré...
...et ainsi de suite.
Une fois tous ces éléments notés, en tenant compte de la saison, de la pression atmosphérique, de l'angle de rotation de la Terre et de sa PROPRE HUMEUR en lien avec les phases de la lune, mademoiselle Mustapha en arrive à un chiffre.
Elle seule sait s'il correspond à la note de passage ou pas. RIEN n'est simple dans tout ce processus.
J'ai beau trouver ça rigolo, il y a deux problèmes de taille avec ces inspections. On ne sait JAMAIS quand mademoiselle Mustapha va se pointer.
On ne sait jamais non plus quel élément de sa longue liste elle va évaluer ce jour-là.
Et si elle décidait de compter le nombre de moumoutes égarées dans les objets perdus?
[ p.109 à 117]

«Une mise en demeure c’est une demande faite à quelqu’un, avec des grands mots savants écrits sur du beau papier de bureau. Ça a l’air d’une invitation à un pique-nique à la campagne mais dans le fond, c’est une obligation.»

Mademoiselle Mustapha, toujours armée de ses babioles pour inspecter tout-tout-TOUT, promène son regard dans la classe. Elle renifle par petits coups et affiche son air habituel. c'est-à-dire : SUSPICIEUX.

Ses sourcils sont en forme d'accents circonflexes, comme dans MALHONNÊTE, GÂCHIS, CHÂTIMENT, CHÔMAGE.

-Ooooooh! Mais non, Babette, tu n'as rien à te faire pardonner! Tu n'as pas fait exprès! dit madame Marie-Plume. Ce n'est que du matériel, mes petites chenilles à poil! Ne vous en faites pas trop. Allez hop! Boule d'amour pour notre Babette à bulles!

Une boule d"amour, c'est comme un câlin de groupe GÉANT. Un peu comme celui des joueuses de l'équipe féminine canadienne de hockey quand elle ont gagné la médaille d'or aux Olympiques. Mais avec pas de patins et en moins sautillant. Dans notre cas, c'est plus pour réconforter que pour célébrer, disons.

«Non mais, quelle idée d’appeler sa fille BÉRÉNICE ! En veux-tu des moqueries ? «Bérénice la réglisse, Bérénice la saucisse…» Je suis tannée, tannée, TANNÉE ! C’est décidé : mes parents doivent changer mon prénom. Sinon, je fais la grève de TOUT !»

Le père d'Ariel avait offert une généreuse récompense à quiconque retrouverait le sac à mains en raison de son précieux contenu: les recettes secrètes des mille saveurs de crème glacée qu'ils vendent à leur crèmerie.

Elles font leur renommée:

cornichons au melon d'eau

Pâté au poulet

Lasagne au citron

Pizza Hawaïenne ( pizza jambon et ananas )

et gâteau aux patates.

Saveurs souvent imitées, jamais égalées.