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3.16/5 (sur 230 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 26/12/1957
Biographie :

Cécile Desprairies est une historienne, auteure de plusieurs ouvrages sur l’Occupation allemande en France et sur la Collaboration.
Elle travaille dans l'édition. Pour son ouvrage Paris dans la collaboration, elle a mené de longues recherches en France et en Allemagne. Elle est l'auteur de Ville lumière, années noires ( Denoël, 2008 ).

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On dirait une satire à la sauce Ubu roi, voilà ce que provoque « La Propagandiste » le premier roman de Cécile Desprairies paru aux éditions du Seuil. Un livre qui nous projette dans une famille pro-nazie sous l'Occupation. Absence de morale, fanatisme, spoliation, Cécile Desprairies nous raconte en détails et avec humour comment une petite fille découvre le passé collaborationniste de sa mère, Lucie., héroïne française du Reich tant son dévouement s'avère total et comment la narratrice décide de s'emparer du récit familial une fois sa parentèle décédée. Cécile Desprairies nous dit que dans l'humour, il y a de la peur mais il y a aussi du courage puisque pour révéler un passé aussi glaçant et compromettant de manière romanesque sans ornement mais plutôt à la façon d'un voyage dans le temps, il en faut. C'est parti ! Suivez le CNL sur son site et les réseaux sociaux : Site officiel : www.centrenationaldulivre.fr Facebook : Centre national du livre Twitter : @LeCNL Instagram : le_cnl Linkedin : Centre national du livre

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Epuration judiciaire - page 104

Le clan est saisi d'effroi par les procès qui se poursuivent et les listes des condamnés lues dans le journal. Le premier fusillé, un ami journaliste, Georges Suarez, le 9 novembre 1944, les a sidérées. Puis, Jean Hérold-Paquis, exécuté le 11 octobre 1945. S'attaquer à des journalistes et à un type de trente-trois ans - sept ans de plus que Lucie - les salauds ! Et Jean Luchaire qui dirigeait la corporation de la presse. Personne ne savait exactement ce qu'elle recouvrait cette corporation mais il avait un beau carnet d'adresses. Un type un peu coureur mais si gentil. Fusillé le 22 février 1946. Sa fille doit être dans tous ses états. Les salauds ! Et maintenant Jean Mamy, journaliste et réalisateur, une relation de Zizi qui avait promis de la faire travailler. Que va-t-elle devenir ? "Jean Ma-my!" psalmodie Zizi, perdue, elle qui a toujours été entourée et choyée, dépendante des hommes et de l'argent. "Mais Lu-cie?"
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Page 107

Heureusement, l'Espagne de Franco est un lieu d'accueil. Il paraît que Bonnard, l'ancien ministre de l'Education, organise même à Madrid des tournois de tennis avec ses compatriotes. Sacré Abel. "L'Abel et l'Abetz", comme les surnommait mon grand-oncle Raphaël. Où mène l'Instruction publique.
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En attendant, les Allemands ne peuvent plus se passer de « Luzie ». Elle est même qualifiée de « Leni Riefenstahl de l'affiche » ! C'est un honneur. Lucie s'efforce de ressembler en tout point à son aînée. De plus, Leni est une proche du Führer. Leni et Luzie !
(…)
Les Allemands ont sumommé la jeune femme die Propagandistin, la propagandiste. Son esprit pragmatique et son sens des priorités la guident. Elle est partout.
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Leur correspondance amoureuse aussi est étonnante. Elle contient, côté Friedrich, rédigée à la façon du Sturm und Drang, ce mouvement allemand précurseur du romantisme, le compte rendu exalté de ses lectures mais aussi le récit des dernières expérimentations sur ses rongeurs.

Il a ses « cobayes du bas » (signe féminin), ses « cobayes du haut » (signe masculin) auxquels il applique des « tests de Zondek », par des injections d'urine. Friedrich n'est pas du genre à avoir des maîtresses. Ses maîtresses sont ses souris et il est davantage question d'euthanasie, de mitose et de méiose, de dissection et de follicule que de mots tendres, car le devoir appelle à une cause supérieure et Friedrich a la science romantique.

De toute façon, les souris, les juifs, les rats, c'est un peu la même chose à ses yeux, et il évoque avec une gourmandise effrayante les deux rongeuses jumelles dont il dispose en ce moment, prêtes pour l'expérimentation, la démonstration, et l'au-delà.
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Avec aisance, Lucie est ainsi passée du magazine nazi Signal au magazine américain Life. Elle s'y connaît en agitprop, alors poser façon New Look en Miss Dior n'est pas trop difficile. Lucie est en terrain connu. Elle a, en bonne propagandiste, étudié la concurrence. Le magazine nazi Signal qu'elle a fait sien, né en 1940, a été directement inspire du confrère américain Life, créé quatre ans plus tôt. On y repère le même cadrage de photos en pleine page, souvent en couleurs, la même typographie des légendes en police Futura - Lucie apprécie en connaisseuse la lisibilité des petites capitales grasses que son oncle Gaston lui a appris à reconnaître - et les mêmes reportages sensationnels, avec exploits sportifs, goût des cimes, approche dangereuse et même mort en direct, faits par des inconnus sur des inconnus qui deviennent « héros d'un jour ». L'esprit pionnier du magazine américain est le sien, à une idéologie près. Ces Américains sont tellement persuadés d'avoir raison. Laissons-les le croire.
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Plus tard, quand, adulte et devenue historienne, je ferai mes recherches pour comprendre ce qu'il en a été, j'apprendrai que cet onde avait été une connaissance d'Otto Abetz, l'ambassadeur à Paris du Reich (prononcé par la tribu « Rèche »). Il était aussi un proche de Jean Luchaire, qui dirigeait la puissante Corporation nationale de la presse. Bien qu'il ait été au départ « socialiste », l'oncle journaliste, efficace et discret, avait contribué à influencer l'opinion publique française, en instillant les visées des nouveaux maîtres, dosant l'antisémitisme en fonction du support auquel il collaborait. De son « grand journal » aux hebdomadaires Gringoire et Je suis partout, en passant par la version française du magazine Signal, l'éventail était large. Mieux encore, il était devenu patron de presse. À la mi-juin 1940, dans un Paris occupé et désert, l'oncle avait saisi sa chance. Les « autorités allemandes » l'avaient nommé directeur de la rédaction du « grand journal », en remplacement de Lazareff, contraint à l'exil.
(…)
Le « grand journal » était resté populaire. Gaston n'avait pas oublié d'où il venait. De toute façon, dans le qualificatif « national-socialiste », il y avait bien le mot « socialiste », non ? En somme, lui, le fervent républicain, avait glissé. Après tout, Lavai lui aussi avait commencé à la SFIO.

Oui, grâce à ses réseaux, le grand journal avait réparu très vite. L'agence d'information était allemande, et alors ? Il y avait toujours moyen de s'entendre avec la censure. Si les autres journaux étaient vendus avec des « blancs », parfois même des articles vides au beau milieu de la page, ils n'avaient à s'en prendre qu'à eux-mêmes. Gaston avait tout déjoué. La censure. Le papier. La distribution.
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De toute façon, soigner les malades ne l'intéresse pas. Aux êtres humains, il préfère leurs tissus. En bon national socialiste, il adhère à toutes ses thèses et fait en sorte de les propager autour de lui : allégeance à la foi germanique, à la tradition, à l'héroïsme et à la connaissance de la nature. Il emploie sans cesse des mots nouveaux dont Lucie tâche très vite de trouver le sens, à l'aide de l'étymologie. Holistique, du grec holos, un tout. Elle comprend que le Volk est primordial : seul le peuple est à même de fonder le droit et la norme, dictés par l'âme du peuple. On est socialiste dans la famille - du moins, on l'a été. C'est pourquoi les proverbes et coutumes sont si importants. Ils peuvent permettre de codifier un droit conforme à la race.
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À toi de combler les blancs, donner du sens, lier les événements, au-delà de ce qui a été. C’est ton héritage, la part qui t’échoit, tu n’en auras pas d’autre.
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Le darwinisme social aussi parle à Lucie, car toute vie est combat, elle le sait bien, et les vices sont héréditaires. Elle l’a vu, enfant, avec les vaches et les poules. On lui avait montré dans un pré un veau à cinq pattes dont le membre surnuméraire, à la façon d'une queue, était attaché sur le dos de l'animal. Encore une anomalie génétique. Que laissait-on vivre ce veau, inutile jusque pour lui-même ? L'environnement social et familial n'y est pour rien. Un veau est un veau.

D'une manière générale, il faut lutter contre les asociaux. II y a assez d'alcooliques et de feignants comme ça. Lucie aime bien ce terme d'« asocial » ; la société de citoyens et d'individus n'est pas tenable, seul compte le groupe, un groupe homogène, bien sûr.
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Depuis quelques temps, Lucie, qui n'a que vingt-quatre ans, adopte un style à la Goebbels : fanatique, exalté mais maîtrisé. La moindre prise de parole est conçue comme un évènement d'une intensité dramatique hors du commun, quelque part entre la transe et l'extase.
P. 156
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En revanche, on ne mentionnait pas que les pourvoyeuses juives, même adultes étaient orphelines.Leurs parents étaient morts, mais comment ? Quand j'insistais, j'obtenais: " morts-en-déportation", terme qui restait pour moi assez vague, à mi- chemin entre " départ" et " transport". Vers où ? Et pourquoi morts ? Ma mère fit une longue réponse que je compris quasiment pas.Cette information administrative, froide, sonnait comme une évidence. C'était, semble-t-il, la place des juifs.Et les juifs, c'étaient les juifs.
Il n'était bien sûr pas fait mention de " génocide " ou de " shoah", termes que j'ai appris dans les livres.Ces femmes disaient " la guerre", comme si ce terme générique suffisait à rendre compte des existences particulières.
Aussi la fonction de cette Martine était-elle naturellement d'être prodigue.De toute façon, c'était le rôle des juifs: donner, se séparer de leurs biens.

( p.28)
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