Cécile Krug

J'ai donc très peu mangé et tout aussi peu parlé de moi.Je n'ai pas été adoptée,je n'ai pas été lobotomisée,je n'ai pas été otage et je n'ai pas fait le tour du monde en radeau,donc,à mes yeux,je ne suis pas quelqu'un de très original et je me débrouille toujours pour en dire le moins possible et relancer la conversation sur l'autre.

Ma missive rédigée, j’inspecte les placards de la cuisine en quête d’un petit quelque chose à me mettre sous la dent. Il n’y a que des boîtes de tisane. En suis-je au stade où je conçois de sucer des sachets ? Oui, sans hésiter. Me voici dehors. J’ai pris soin de glisser le mot sous la porte. Ils le trouveront à leur réveil demain matin. Le chat miaule en m’apercevant et je suis obligée de caresser son corps galeux pour le faire taire. Dommage que je n’aie pas de sachet de tisane goût souris sous la main, ça l’aurait calmé.

Thé ou café ? ", cette question, qui peut vous paraître anodine, est capitale pour moi.
Je ne la pose qu'aux hommes avec lesquels je sens que j'ai un bout de chemin à faire et qui vont compter dans ma vie. [...] Les quatre hommes qui ont eu droit à mon " Thé ou café ? " après notre première nuit d'amour ont tous été importants. Edgar est le cinquième. " Garance, trente-cinq ans, célibataire, attachante, rencontre Edgar, qui n'a qu'un seul gros défaut : sa splendide meilleure amie, Aglaé...

J'avais eu les plus gros que le ventre et c'était uniquement dans mon imagination qu'Edgar était bâti comme un mulet élevé aux hormones de croissance. Edgar était dans la bonne moyenne nationale, seulement il lui manquait bien quelques bons centimètres, en longueur et en diamètre, pour remplir tout ce latex. La capote était tellement grande que la maintenir en place , il a fallu que je la coince de force sous ses testicules. Avec du recule j'aurai pu trouver mieux ou m'appliquer davantage. Imaginez un instant le tableau : Edgar debout , totalement éberlué, avec la capote "formule trois en un" (...) comment la capote allait se comporter. La réponse est MAL. Elle a tenue quelques seconde et est remontée d'un seul coup comme un store dont on lâche précipitamment la ficelle, en lui arrachant la moitié des poils.

Quand les filles ont un chagrin d'amour, elles perdent en moyenne entre deux et dix kilos en quelques semaines. Dans l'ensemble, elles ne mangent rien, dorment peu et pleurent beaucoup. Moi, les kilos, je les prends. J'en avais déjà trois de trop et, en onze jours, j'en ai pris trois trois quarts de plus. Direction culotte de cheval et bourrelets disgracieux. D'après ce que j'ai lu dans un magazine, les psychologues appellent ça le syndrome de l'autodestruction. Plus les kilos s'installent, plus je me trouve moche, plus je me goinfre et vice versa.

Thé ou café ? Cette question, qui peut vous paraître anodine, est capitale pour moi. Je ne la pose qu’aux hommes avec lesquels je sens que j’ai un bout de chemin à faire et qui vont compter dans ma vie.

Je vous avoue que je ne fais pas des tonnes d'efforts pour aller vers elles mais je considère, puisqu'elles sont en position de force, étant supérieures en nombre et se connaissant toutes depuis longtemps, que c'est à elles de m'accueillir dans leur groupe et pas à moi de m'imposer.

[...] la faim et le manque exacerbent tout ce que nous ressentons. (p. 287)