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Citation de Acherontia


Une chose singulière me frappe alors que nous posons le pied dans cette chambre, pour nous retrouver face à une nouvelle mise en scène. Jamais, à travers tous les lieux hantés que j’ai fréquentés, je n’ai trouvé de spectres si organisés, rangés chacun dans leur propre pièce, à m’attendre. Les entités de cette île, parsemées à travers le manoir et ses collines, m’apparaissent trop soigneusement présentées – cataloguées faute d’autres mots. D’ordinaire, les fantômes se hâtent de découvrir les lieux qui les entourent, de venir à la rencontre des vivants qu’ils entendent ou aperçoivent, voire même sentent, grâce aux émotions qu’ils projettent. Pourtant, ici, nous les découvrons presque tous cantonnés dans leur rôle, sur les lieux de leur mort. Parqués, en somme.
Cette nouvelle pièce n’y fait pas exception. Spacieuse et autrefois bien agencée, elle n’a plus rien de l’adorable chambre d’enfants qu’elle a dû être, à une autre époque. Des volets clos filtrent une lueur blafarde qui strie la salle de longs filaments aveuglants. Les meubles et les décorations jonchent le sol en une mare éparse de jouets cassés, de débris de bois, et de lambeaux de tissu. Les rideaux mangés par les mites dégringolent des tringles de guingois, un miroir brisé reflète la lumière du jour au plafond, renvoyant les rayons du soleil à travers un mobile dont ne pendent plus que des fils et un unique avion sans ailes. Des membres de poupées se mêlent à la fourrure d’ours en peluche déchiquetés, aux voiles déchirées d’un navire de pirate foulé au pied, et aux pages trempées de dizaines de livres de contes.
Près de l’entrée, une série de têtes de baigneurs fixe le spectacle de leurs orbites noires.
Trônant au milieu de ce capharnaüm, une chaise à bascule va et vient en cadence. Sur celle-ci, une nourrice berce une petite masse emmitouflée dans une layette rongée par l’humidité. Du sang s’échappe des cavités vidées de ses yeux et de sa bouche, maculant ses joues laiteuses, son menton, sa chemise stricte.
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