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Critiques de Chantal Robillard (54)
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Dimension Brocéliande

BIENVENUE EN FÉERIE.



Il est bien difficile de donner une idée complète d'un tel ouvrage, regroupant des plumes à ce point diverses, malgré une inspiration commune : la célèbre forêt de Brocéliande, ses contes, ses mythes et légendes et, bien entendu, la fameuse "matière de Bretagne", son Roi Arthur, sa cohorte de preux chevaliers ainsi que ses Merlin, Viviane et autre Morgane. Rassembler un tel aéropage d'auteurs, de poètes, d'illustrateurs aussi divers, ayant toutefois en comment leur passion pour les littératures de l'imaginaire, fut ainsi la mission, certainement passionnante, à laquelle se sont livrées Chantal Robillard et Claudine Glot à l'occasion de cette anthologie, ce Dimension Brocéliande édité chez Rivière Blanche au mitan de l'année 2017.



Certains participants y confient leur propre lecture du légendaire arthurien : Lionel Davoust, impeccable et profond, tord le cou à une certaine image de Lancelot dans un premier envoi, sa seconde nouvelle - une réédition - est tout bonnement abyssale ; Marc Nagels, plus trompeusement classique mais aussi très spleenétique (l'influence des préraphaélites, peut-être ?), avance sur le terrain de la légende sombre.

D'autres reprennent à leur compte cet univers magique du petit peuple, de ses monstres et de ses fées : Justine Niogret et son style reconnaissable entre tous nous livre une nouvelle violente, implacable et macabre ; Claudine Glot entreprend une première fable très contemporaine, inquiétante et drolatique à la fois, qui remet cette mystique au coeur de notre contemporanéité ; le poète Ozégan replace, de sa plume évocatrice et inspirée, tout ce monde merveilleux au plein centre d'une mythologie essentielle et immuable.

D'autres enfin évoquent un peu tout de cela, et bien d'autres choses encore, mais sans oublier que cette forêt au pouvoir d'attraction si puissant est, en quelque sorte, l'un des personnages vivant et certainement central de tous ces grands mystères : Nicolas Mezzalira, quasi journalistique mais très subtil, y convoque Jules Verne, le Président Wilson, Albrecht Dürer, Aristide Briand ainsi que quelques autres pour une explication de gravure étoilée époustouflante ; Pierre Dubois, égal à lui-même - inimitable, fécond, toujours un rien polisson - extravague à tout va, et c'est toujours spirituel ; quant à Hervé Thiry-Duval, inattendu mais solide, sa nouvelle pourrait s'avérer tout juste aigrelette si sa conclusion ne se faisait pas si joliment monstrueuse ; on achèvera ce très rapide et incomplet tour d'horizon par le texte de Françoise Urban-Menninger qui, malgré son modernisme de façade, est un petit chef-d'oeuvre de conte "à l'ancienne" semblant tout droit sorti de la tradition populaire immémoriale.

On poursuivra avec cette belle nouvelle de Claudine Glot, la seconde de sa main proposée ici, une histoire de chevalier hors de son temps - nous sommes au beau milieu du 19ème siècle, au camp militaire du Thélin, lointain précurseur du futur camp, proche, de St-Cyr-Coetquidan -, une histoire d'homme épris d'idéaux purs et de rêves de chevalerie, de hauts faits d'arme et de franchissement d'obstacle impossible, servie par une langue exigeante et sûre, qui se fait ici tour à tour nostalgique et brutale (comme les faits exposés), d'une belle force d'évocation et qui laisse derrière elle un étrange parfum de mélancolie surannée mais captieux. On retiendra aussi le texte de Frédéric Rees en hommage à Champlain le "créateur" du Québec. Cette composition relativement hors-sujet est rédigée intégralement en alexandrin, d'une versification souple, agréable à lire, qui mérite qu'on la signale.



Comme fort souvent avec ce genre d'ouvrage, il y en a pour tous les goûts, tous les styles, toutes les attentes. L'ensemble fait cependant preuve d'un bel équilibre, entre des thématiques certes ramassées mais plus diverses qu'il pourrait y sembler, des écritures confirmées ou de véritables premiers pas, de la prose et de la poésie, du modernisme bien tempéré ainsi que des références à des littératures plus anciennes mais sans passéisme outrancier...

L'objectif est cependant atteint : rendre hommage à cette magnifique et enchanteresse forêt, sise aux confins des Côtes d'Armor, d'Ille-et-Vilaine et du Morbihan, renouveler l'impérissable souvenir de ses légendes, propager la bonne parole : Oui, Faërie est bien vivante, la Geste se poursuit, inlassablement ardente, preuve en étant ce foisonnement sans cesse renouvelé de plumes et de témoins de l'imaginaires !



Ci-après, la table des matières des nouvelles figurant dans ce recueil. Elles sont encadrées d'une préface et d'une postface des deux anthologistes assermentées (par le Commandant Merlin, selon une source proche de l'enquête) !



Estelle Faye : Cent retours.

Sara Doke : le ventre de l'arbre.

Pierre Dubois : L'histoire du monsieur dans la forêt

Jacques Jouet : le fils unique du Merle et de ma mère.

Justine Niogret : le souvenir de sa langue

Anne Fakhouri : Amours entérines.

Claudine Glot : Moi, j'y croirai jamais !

Emmanuel Honegger : La fée et le hérisson.

Lionel Davoust : le meilleur d'entre eux.

Hélène Larbaigt : Feuille fée.

Bernard Visse : You were only waiting for this moment

Pierre Marchant : Sur les routes du Graal

Ozégan : La harpe de Merlin.

Françoise Urban-Menninger : Biens mal acquis ne profitent jamais !

Marc Nagels : La Quête de Méliant

Elisabeth Chamontin : Les Topinambours de Viviane.

Hélène Marchetto : Cai Hir.

Séverine Pineaux : La Forêt des songes.

Frédéric Rees : Champlain l'Enchanteur.

Nicolas Mezzalira : le Mystère de l'Etoile Verte.

Patrick Fischmann : La fleur du chevalier.

Hervé Thiry-Duval : le Fada de Féerie.

Claudine Glot : La mort est un cheval pâle.

Chantal Robillard : Ne jamais baisser la garde !

Nathalie Dau : Dame du val et doux dormeur.

Lionel Davoust : L'île close.

Isabelle Minière : le mystère de la forêt

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Reines et Dragons

Après trois éditions des Imaginales d’Épinal où l’anthologie était dirigée par l’organisatrice du festival, Stéphanie Nicot, celle-ci laisse la main à d’autres auteurs et charge, en 2012, le prolifique duo créateur Sylvie Miller – Lionel Davoust (et très bons nouvellistes) de faire perdurer le regroupement thématique de nouvelles qui paraît chaque année en mai. Là où Stéphanie Nicot dirigeait des anthologies titrées par des associations logiques comme « Rois et Capitaines », Sylvie Miller et Lionel Davoust ouvrent un arc d’anthologies qui vont associer une figure forte de la fantasy avec une créature fantastique. Ainsi, Reines et Dragons se place d’emblée dans cette optique très intéressante à lire comme à écrire.



[Davantage de contenus (éléments connexes, images, critique plus longue) sur ]

Comme ces douze nouvelles ont été lues au cours d’un Challenge courant sur une année entière, chacune d’elles a son propre petit paragraphe d’analyse.



Parmi les auteurs conviés à l’anthologie Reines et Dragons, il y en a peu que je ne connaissais pas d’avance ; Chantal Robillard fait partie du lot. Ecrivain, conservateur en bibliothèque et poète, elle semble avoir de multiples facettes qu’il est forcément difficile de cerner en peu de pages. Dans Le Dit du Drégonjon et de son Elfrie, elle livre une très courte nouvelle particulièrement parlée et phrasée. Ce n’est pas pour rien que la préface de Sylvie Miller et Lionel Davoust, les deux anthologistes, on nous conseille de la lire à haute voix. Ils l’ont sûrement choisi comme ouverture de leur ouvrage parce qu’elle est accrocheuse justement par cet aspect-ci et par le fait d’être très court.

Avec l’incessante complainte « Drégonjon, Drégonjon, viens nous secourir ! », Chantal Robillard prend le risque de lasser le lecteur dès le départ en ressassant cette réplique. Cela prend heureusement place dans un contexte simple à saisir : de jeunes elfes invoquent Drégonjon pour qu’elles soient sauvées de leur situation délétère. Je vous laisserai juger de la thématique choisie qui, bien que désormais convenue, a toujours besoin d’être remise en avant au vu d’un certain patriarcat latent et traditionnel. Pour autant, même si l’orientation de l’anthologie est totalement respectée avec le dragon protecteur et la reine qui s’élève, je ne cesse de me questionner sur l’intérêt de quitter un joug pour un autre, de rejeter un enfermement pour une relation peut-être trop peu définie en fin de nouvelle...



Thomas Geha, alias Xavier Dollo, est déjà un auteur que je connais davantage. La saga Alone, le diptyque du Sabre de Sang ou bien American Fays en collaboration avec Anne Fakhouri sont autant d’ouvrages très appréciés à chaque critique, le tout étant parfaitement complété par de nombreuses nouvelles dans tous les genres de l’imaginaire.

Celle qu’il a proposée à Sylvie Miller et Lionel Davoust, « Chuchoteurs du Dragon », se déroule dans un monde médiéval de fantasy, le Royaume de l’Esflamme du Dragon, où les castes sont bien segmentées et les secrets bien gardés. Nous découvrons rapidement Hiodes, reine et héroïne, dans les bras de son amant Malwenn, guerrier d’élite. Leur amour va se retrouver confronté aux rêves par lesquels le fameux Dragon se lie aux monarques qu'il a choisis.

C’est un texte relativement classique que nous livre Thomas Geha, dans le microcosme de la fantasy médiévale sur le thème « Reines et Dragons », mais efficace. Il est toujours compliqué de faire ressentir l’onirisme de certaines situations et la façon dont il le fait rapproche plutôt cette œuvre de l’univers du Sabre de sang, avant tout, avec une magie induite par les forces même qui anime son monde, qu’elles soient encore vivaces ou déliquescentes. C’est donc la trame de fond qui va surtout rester dans l’esprit du lecteur, après avoir terminé « Chuchoteurs du Dragon » : le choix des souverains par une créature fantastique au statut compliqué, le passage du titre de Chuchoteur à celui de Lié, etc.



Au tour d’Adrien Tomas, avec « Ophëa », de nous donner l’envie de découvrir sa vision des Reines et des Dragons. Il y dévoile une vision classique certes, sûrement à l’image de ses premiers romans (La Geste du Sixième Royaume ; La Maison des Mages), mais particulièrement divertissante et qui révèle, à la toute fin, un sel bien placé.

Ophëa est la jeune reine d’un royaume ayant récemment perdu son souverain, le chevaleresque Naïel, mort au combat face à la « Bête » qui terrorise les alentours. Forcée de concéder du pouvoir, Ophëa doit se résoudre, telle Pénélope dans l’Odyssée, à épouser, pour le bien du royaume, celui qui réussira à vaincre le Dragon (car c’en est un, et de belle taille) et à lui rapporter sa tête. Pour venger le souverain précédent, pour acquérir encore plus de pouvoir, pour la gloire, pour l’honneur, pour l’amour même, les seigneurs du plus puissant au plus humble défilent devant la créature pour l’affronter plus ou moins courageusement. Outre un classicisme encouragé par le thème de départ, certains pourraient tiquer sur un léger abus des comparaisons au premier abord, mais finalement le récit prend le pas sur le reste et on chevauche l’intrigue comme ces chevaliers leur monture.

La nouvelle d’Adrien Tomas suit raisonnablement une structure en trois parties cohérentes : l’exposition (une situation mal barrée qui pose un objectif clair, net et précis), le déroulement de l’action (si son état d’esprit était morne, le lecteur reprend du baume au cœur, tandis que si le début avait été déjà très apprécié, ces moments de bravoure ou de lâcheté n’en sont que meilleurs), et enfin le dénouement (que je ne dévoilerais pas ici, évidemment). L’auteur prend totalement au mot le titre de l’anthologie et son intention est tout à fait louable, car elle pourrait servir, en ce début d’anthologie, de maître étalon aux nouvelles qui suivent.



Anne Fakhouri, auteur du Clairvoyage, de Narcogenèse et d’American Fays, a l’habitude du récit initiatique et de la mise en place du sentiment amoureux ; elle utilise cela dans sa nouvelle « Au cœur du dragon ».

Jil et Œuf de Dragon font partie d’un peuple vivant au pied de montagnes habitées par des dragons plus ou moins mystérieux (il en existe plusieurs espèces ce qui complexifie l’affaire). Ceux-ci sont à la fois dangereux et pourvoyeurs de matières premières bien utiles pour le fonctionnement de la société qui les côtoient, c’est pourquoi ils constituent un défi pour les « grimpeurs », caste de casse-cous dont le rite d’initiation, d’entrée, est bien sûr de grimper dans un des repères draconiques pour en ramener un trophée. L’amitié tendancieuse nouée dès le départ entre Jil et Œuf du Dragon sera évidemment l’enjeu de cette quête.

Clairement, c’est davantage la figure du dragon dans toute sa complexité qui est développée que celle de la reine, mais ce n’est pas un constat qui pose franchement problème ici, puisque la nouvelle se fonde davantage sur la compréhension (ou non, pour le coup) de l’essence même des dragons, et de ce qui les relie à ces « grimpeurs ». Dans le style, j’ai été moins convaincu, car de ce que j’ai déjà lu d’elle, Anne Fakhouri m’a habitué à plus de répondant, humoristique par exemple ; bien sûr, il y a quelques lignes de dialogue croustillantes, mais je me demande si c’est une nouvelle à conseiller pour découvrir cette auteur, au moins pour la construction des sentiments entre les personnages, là oui.



Justine Niogret nous offre, elle, une bouffée d’air frais à respirer avec attention. Sa nouvelle « Achab était amoureux » nous étonne dès le départ avec non pas un, mais deux titres mystérieux. En effet, « Achab était amoureux » figure au sommaire, ainsi que dans la mise en page ; toutefois, le titre au début de la nouvelle est en fait « La Grande Déesse de fer de la Miséricorde » ! Apparemment, c’est la seule nouvelle de Justine Niogret à avoir vu son titre accepter par les anthologistes… et puis finalement non, voilà tout ! c’est plutôt « Achab était amoureux » qui fut retenu. Mystère de l’édition d’une anthologie...

L’auteur de Chien du Heaume et de Mordre le Bouclier, comme à son habitude, réussit dès les premières lignes à tourner le thème imposé (des reines et des dragons) dans une direction toute personnelle. Le climat est rude, la vie dure et les rencontres pas toujours heureuses. Justine Niogret cultive là le dilemme entre le confort de la proximité et l’aventure vers l’inconnu, entre l’assurance et la tentation. Le décor mis en scène autour de ce duo improbable (la jeune Reine et le sage dragon retiré du monde) est clairement beau. Et, après lecture, on comprend bien tout l’épais mystère entourant le titre de cette courte nouvelle : « La Grande Déesse de fer de la Miséricorde » expose une justification sous forme de métaphore au fait que, bel et bien, « Achab était amoureux ». Il y aura donc au moins une référence que je cerne pleinement, celle du destin liant un chasseur et sa proie, une personne et son destin, un amour et son objet.



Comme très souvent, Pierre Bordage, qu’on ne présente plus, fait une petite incursion dans la fantasy relativement classique pour offrir sa contribution à l’anthologie officielle des Imaginales. Pour le thème des reines et des dragons, c’est sa nouvelle « Morflam » qui nous narre la rencontre de l’une et de l’autre.

Aux confins du royaume de Mandraor, surgit à nouveau le dragon Morflam ; à Saordor, la capitale, la toute jeune reine Hoguilde, déjà particulièrement catégorique dans ses premiers choix politiques, doit affronter cette nouvelle menace pour son royaume avec fermeté malgré son jeune âge et surtout en s’affirmant en tant que reine. La fine fleur des chevaliers partie au combat, Hoguilde finit par fuir sa capitale et ses rencontres en chemin vont décider de sa destinée royale.

Pierre Bordage nous emmène ainsi dans un monde médiéval-fantastique assez classique avec une héroïne forte mais très peu expérimentée et ses rencontres se révèlent cousues de fil blanc. Malgré tout, il est toujours aussi fluide de lire des écrits de Pierre Bordage ; les personnalités s’installent vite et l’intrigue suit tranquillement son cours. Si tout le monde n’adhérera pas à la réflexion qui sous-tend toute la fin du récit, cette nouvelle se laissera lire sans complexe.



Charlotte Bousquet, auteur notamment de la trilogie de l’Archipel des Numinées, propose pour l’anthologie Reines et Dragons une variation déjà beaucoup moins classique et évidente que certains de ses collègues. Avec « Azr’Khila », nous plongeons dans d’antiques déserts arides et mortels.

Pour la pauvre Yaaza, femme âgée du désert, la vie n’est pas simple, c’est un euphémisme. Suite au massacre de sa tribu lors d’une razzia des cavaliers teshites avec force pillages et viols, elle se retrouve seule avec sa vieille chèvre Buruyi. Divagations et envies de vengeance se mêlent pour nous mener vers une magie vaudou autour de la déesse-reine Maysa Khila et son représentant-vautour. Le mystère emplit bien vite les pages de cette nouvelle, d'autant plus que le lecteur peut légitimement chercher assez loin la relation reine-dragon, mais au moins, grâce à Charlotte Bousquet, nous sortons largement de l'épisode classiquement classique choisi par certains de ses collègues, pour plutôt filer vers une variation atypique.

Le style de Charlotte Bousquet, dans cette nouvelle en tout cas, n’est pas fluide du tout, et ce pour une bonne raison, puisqu’elle est, semble-t-il, dans une recherche constante du mot juste ; et, de fait, l’ensemble apparaît un peu moins évident qu’à l’accoutumée dans une nouvelle normalement rapidement lue. Avec ses non-dits et ses choix scénaristiques, l’auteur donne, au fond, l’impression d’offrir deux histoires en une, avec ce choix final relevant de deux hypothèses possibles. Au lecteur d’opter pour sa préférée...



Vincent Gessler, auteur suisse de Cygnis (Prix Julia-Verlanger et Prix Utopiales européen 2012), est déjà quelqu'un de plus récent, de plus discret aussi que certains de ses camarades de cette anthologie. Plus spécialisé dans la science-fiction au départ, il tente avec « Où vont les reines » une plongée dans la fantasy bien épurée.

Alors donc « Où vont les reines » ? « Dans ton cul », dirait l’autre. Pourtant, ce n’est pas là où va être envoyée Ae par sa mère. Alors qu’elle découvre sa maternité, sa mère, la reine d’Akhit, la dépêche dans l’endroit secret où vont les souveraines chaque année à partir de leur premier enfantement. Car, en fait, les reines d’Akhit sont des tueuses de dragon et le fait de partir en étant enceinte leur accorde le droit d’atteindre un sanctuaire de dragonnes.

Sans dévoiler le dénouement, on peut regretter un petit manque d’évolution et d’enjeux que les mots choisis ne gomment pas vraiment : Ae a le mérite de découvrir de quoi nous tenir en haleine pendant une nouvelle, mais nous n’allons pas non plus énormément loin dans la réflexion autour de la situation. Heureusement, nous sommes totalement dans le thème de l’anthologie : de vraies reines, majestueuses et fortes, face à de vrais dragons, puissants et reptiliens.



Érik Wietzel est un auteur déjà bien rompu à la fantasy pure (La Porte des Limbes, Cycle d’Elamia, Les Dragons de la Cité rouge) et sa nouvelle « Le Monstre de Westerham » ne dépareille pas de ses habitudes d’écriture (en matière de fantasy, car il est aussi largement passé à l’écriture de thriller depuis).

Encore une fois, nous tombons sur une étrangeté dans le titre : « Le Monstre de Westerham » s’affiche en tête de la nouvelle et dans la table des matières, pourtant nous trouvons « Le Prix de la trahison » en haut de la mise en page. Étrange donc, sachant que les deux titres sont suffisamment mystérieux sur le ton de la nouvelle ; peut-être est-ce là un problème semblable à celui rencontré par Justine Niogret pour « Achab était amoureux / « La Grande Déesse de fer de la Miséricorde ».

D’abord, nous suivons le duo Askelle et Klarion : la première, malgré les conseils et envies de son frère, part dans la quête d’un Crâne de Valeur. D’un autre côté, nous rencontrons Ayline, souveraine d’Arnilton mais reine réfugiée à Straton, qui cherche à reconquérir sa capitale. Les deux quêtes vont inévitablement se croiser en un dénouement bien trouvé.

Érik Wietzel a suffisamment bien tourné ses descriptions pour éviter toute conclusion trop rapide et finalement, n’est-ce pas dire qu’une nouvelle est bonne quand on ne peut pas décemment en dévoiler davantage ? Il réussit quand même en quelques pages à mettre dans son récit à la fois une petite mythologie, quelques fausses pistes et une conclusion abrupte.



S'il y a bien un auteur qui sait créer des mondes imaginaires en quelques lignes, c'est bien Mathieu Gaborit. Alors découvrir une de ses nouvelles, ici « Under a Lilac Tree », est toujours intrigant.

Eveilleuse est la reine d’un monde étrange. Elle évolue entre un monde tangible et un monde intangible. Son parcours dans cette nouvelle interroge la place du lecteur et, par un onirisme trouble, fait se briser la réalité mais aussi, parfois, se flouter la compréhension. La mise en abîme de la maladie, du pouvoir des livres et de l’imaginaire rend cette nouvelle encore plus englobante et provoque la nécessité de la relire avec un œil renouvelé.

C'est donc un petit récit finalement assez compliqué dans sa structure et son style que nous livre Mathieu Gaborit (en même temps, nous ne sommes pas là que pour lire du facile et du jetable), mais un récit qui tente de nous parler de l’intérêt d’accepter le statut de Muse au nom des rêves qui en découlent, de la vie que cela promet. Ambitieux.



C’est au tour de Nathalie Dau de nous faire connaître sa vision du lien entre dragon et reine, à l’aide de son écriture d’un fantastique sensible et émouvant.

Dans « Cet œil brillant qui la fixait », c’est un peu « quand Gwendolyn rencontre Tiainrug ». Le souci, dans ce royaume médiéval-fantastique, c’est que l’une fait partie du peuple du lac et que l’autre appartient au peuple de la montagne. Tous deux sont les Créatures représentant et menant leur camp au combat, du moins normalement, car quand les sentiments s’en mêlent, peut-être que l’origine de cette guerre inepte sera enfin dévoilée.

Nathalie Dau met à profit son science du sentiment en fantasy pour distiller une nouvelle où tous les côtés habituellement niais de ce genre de romance sont parfaitement en adéquation avec la situation. Les enjeux sont clairs : que reste-t-il de nous quand les amours et les transformations ont fait leur œuvre ? Ces deux Créatures, aux mutations reptiliennes, déjouent les pronostics lancés par chacun de leurs camps.



L’anthologie met Mélanie Fazi en valeur en lui laissant l’honneur de conclure. Cette auteure aux multiples récompenses pour ses recueils fantastiques nous glisse une nouvelle fraîche et, mine de rien, contemporaine.

Dans « Les Sœurs de la Tarasque », nous suivons l’itinéraire contrarié de Rachel, l’une des sept élèves du pensionnat destiné à désigner la future femme de l’Avatar, représentant du Dragon. Le monde peut bien tourner (la technologie semble bien proche de la nôtre), il n’empêche que l’Avatar a besoin d’une mère pour ses futurs enfants et toutes les familles rêvent de placer leur fille à ses côtés. La société des Sœurs de la Tarasque sont là pour éduquer et préparer ces jeunes filles désignées. Toutefois, Rachel ne semble pas à fond pour suivre ce chemin tout tracé et ne voit pas d’un bon œil sa meilleure amie, Lénaïc, être autant sous le charme du puissant personnage masculin.

Mélanie Fazi nous livre une nouvelle au ton très jeunesse, mais elle fait passer ce ton d’une manière si fraîche qu’il paraît tout naturel. Nous sommes dans un pensionnat pour jeunes filles, alors ces petites remarques, ces petites habitudes pour des demoiselles en pleine puberté sont tout bonnement parfaites. La justesse du ton rencontre également une intrigue parfaitement calibrée pour une nouvelle. Il n’y aura donc bien que la multiplication des prénoms et l’origine du Dragon qui pourraient gêner le lecteur.



Pour reprendre quelques considérations de manière plus générale, l'avantage de ce thème, de cette nouvelle association entre une créature fantastique (Dragons) et un personnage humain (Reines), est de faire proposer, de fait, nombre de femmes fortes, ce qui change en bien de la production littéraire majoritaire, même la tendance s'équilibre. Un certain nombre de nouvelles ont mis en scène beaucoup de mensonges et de faux-semblants, à voir s'il y a derrière ce choix des volontés éditoriales au départ. Enfin, on a vu que l’octroi des titres de nouvelles a pu quelque peu bloquer, mais la construction anthologique réalisée par Sylvie Miller et Lionel Davoust a permis d’attaquer avec un texte très court (pas très immersif pour ma part, mais pas trop bloquant au moins), puis d’enchaîner avec la fantasy la plus classique, pour finir avec, à mon humble avis, les textes les plus ambitieux.

Dans tous les cas, l’ensemble de cette anthologie est plutôt de la solide fantasy, le plus souvent bien pratique pour découvrir tel ou telle auteure...

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Reines et Dragons

Comme l'année dernière, je suis reparti cette année avec l'anthologie des dernières Imaginales. Il faut dire que le sommaire des auteurs est vraiment intéressant et en plus, cette année, l'anthologie a été dirigée par Sylvie Miller et surtout Lionel Davoust. J'avais donc hâte de voir ce qu'allaient nous proposer les différents auteurs sur le thème de cette année : Reines & Dragons. Tout comme l'année dernière cette anthologie a été lue en mini LC avec Snow que je remercie et avec qui j'ai eu de bonnes discussions argumentées sur chacun des textes. Une LC vraiment agréable et vous pouvez d'ailleurs retrouver son avis ici.







Le Dit du Drégonjon et de son Elfrie de Chantal Robillard. Une nouvelle assez courte en forme de poème qui nous conte la souffrance de certaines Elfries maltraités par leurs peuples. Il m'a fallu quelques lignes pour rentrer dans ce texte, mais uns fois dedans il s'est révélé vraiment intéressant par sa profondeur et sa critique, mais aussi par son ton ironique et acerbe des plus captivants. Ajouter à cela un côté stylistique poussé avec un texte composé sans la lettre "a" et la répétition du refrain de façon mathématique selon la suite de Fibonacci et vous obtenez un texte, sous forme de poème, vraiment surprenant et agréable.







Chuchoteurs du Dragon de Thomas Geha. Une nouvelle qui nous raconte la vie d'une reine, choisie par le Dragon, mais qui va tomber amoureuse, ce qui va bouleverser sa vie et lui dévoiler certains secrets. Je dois bien avouer que j'ai trouvé ce texte un peu convenu, il traite de reine et de dragon de façon classique et donne l'impression d'avoir du mal de sortir des codes. Attention il n'est pas mauvais, il se lit bien, mais je ne sais pas, j'attendais peut être plus. Par contre, la fin est vraiment surprenante et mélancolique et l'idée des chuchoteurs et des demidames vraiment originale, de plus la plume de Thoma Geha est toujours aussi agréable à suivre. Le texte manque peut être un peu plus de surprises.







Ophéa de Adrien Tomas. Je ne connaissais pas cette auteur mais vu que je suis reparti du festival avec son roman j'ai pris cette nouvelle comme une découverte de son style et je dois dire que je ne suis pas déçu, un texte vraiment réussi, plein de surprises et de rebondissements. La trame reste aussi plutôt classique, avec la traque du dragon pour obtenir les faveurs de la reine, mais il est traité de façon décalé et pleine d'ironie et la fin se révèle vraiment surprenante et efficace. Les personnages ne manquent pas de prestance à leurs façons et se révèlent attachants. Un peu plus d'originalité aurait encore rendu le texte meilleur, mais bon je chipote.







Au Coeur du Dragon de Anne Fakhouri. Un texte ou les dragons sont des animaux sauvages comme les autres et ou les hommes et les femmes doivent nettoyer leurs déjections et y trouver aussi des pierres précieuses et y gagne leurs noms lors de l'épreuve finale. Un texte troublant qui pose des personnages vraiment soignés et humains, l'histoire est vraiment bien construite, originale et efficace. L'univers est vraiment bien amené et surprenant. La rencontre entre l'héroïne et le marchand permet pleinement de découvrir deux mondes différents entre ceux qui rêvent et les réalistes de la vie. L'histoire d'amour et le triangle amoureux qui se dessine est loin d'être mièvre et se révèle surprenant surtout que des questions restent sans réponse sur un personnage.







Achab Etait Amoureux (ou La Grande Déesse de Fer de la Miséricorde) de Justine Niogret. Alors là je me suis posé une question la nouvelle a deux titres, est-ce une erreur de l'éditeur ou est-ce fait exprès? En tout cas moi qui cherchait de l'originalité je dois dire que j'ai été gâté par ce texte vraiment surprenant avec une jeune fille s'appelant Reine, qui chasse la baleine au lance-tartine et qui philosophe sur la vie avec un personnage nommé dragon qui dirige un café. Des personnages soignés avec une héroïne bourrue et caractérielle et un dragon amical et compréhensif, mais surtout ce qui marque le lecteur c'est ce côté drôle, poignant et surprenant différent de ce que je connaissais de l'auteur. Après, j'ai fais mes propres hypothèses pour moi la chasse à la baleine c'est un peu comme chasser un rêve et surtout j'ai trouvé que l'histoire pouvait se lire en boucle. Une fois ce texte fini relisait le début et tenez-moi au courant. En tout cas un texte vraiment original et surprenant, mais voilà, je dois bien l'avouer je ne crois pas avoir tout compris.







Morflam de Pierre Bordage. Une reine est obligée de partir à la rencontre d'un dragon pour éviter la fin de son royaume. Je n'ai pas vraiment accroché à ce texte, déjà le personnage principal est antipathique au possible, fermée et égoïste, de plus j'ai trouvé que l'intrigue en elle-même offrait une impression de déjà vue et manquait clairement d'originalité et de souffle. L'écriture de l'auteur se révèle toujours aussi simple et efficace, mais voilà comme je l'ai dit une héroïne pas attachante et un univers qui manque de profondeur font que je suis resté de marbre devant cette nouvelle.







Azr'Khila de Charlotte Bousquet. Yaaza est la dernière survivante de son peuple, ce qui en donc la reine, et elle décide d'aller se venger. Un texte nerveux dès le départ et qui monte page après page en tension et souffrance avec un style efficace et très imagé, nous dévoilant ce que doit endurer notre héroïne pour arriver à mener à bien cette vengeance. Un univers sombre dominé par la violence et l'esclavage qui colle parfaitement à l'univers. Mais je trouve dommage la conclusion finale, qui vient chercher le rebondissement de trop, jouant sur l'onirisme, ce qui, selon moi, gâche un peu cette nouvelle.







Où Vont les Reines de Vincent Gessler. Ae est une princesse et elle vient de tomber enceinte et va devoir, comme punition, affronter les dragons. Un texte vraiment intéressant et intrigant qui se concentre sur le personnage et la découverte de sa vision des dragons qui ne sont pas obligatoirement ce que l'on croit. Une épreuve qui va faire évoluer l'héroïne et la faire devenir mère et reine, deux lourds fardeaux. Ce texte repose entièrement sur l'évolution de l'héroïne qui, au fil des pages, va découvrir la vérité et se l'approprier. La conclusion va se révéler vraiment surprenante et efficace qui nous fait réfléchir. D'ailleurs après la lecture de ce texte je me demande si toutes les mères ne sont pas des reines finalement. Un excellent texte poétique et prenant du début à la fin.







Le Monstre de Westerham de Erik Wietzel. Un texte qui va se révéler vraiment intéressant malgré un début, voulu selon moi, qui cherche à perdre le lecteur. L'auteur va jouer sur les faux semblants et les tromperies de façon bien amenés et efficaces pour nous amener à une conclusion mélancolique et qui nous dévoile le véritable visage du monstre. Les personnages sont vraiment efficaces entre une reine avide de pouvoir, le dragon Klarion curieux et sa soeur Akselle qui est une vraie peste. Mon seul regret avec cette nouvelle c'est qu'au final elle se révèle sans surprises.







Under a Lilac Tree de Mathieu Gaborit. Une jeune fille, une reine, part à la chasse au dragon qu'elle doit dompter pour sauver un homme. On se retrouve ici dans de la fantasy urbaine avec un mélange de monde tangible et un monde onirique. Je n'ai pas accroché à ce texte et je ne saurai dire pourquoi, il s'agit d'un texte poétique, mystérieux, vraiment original avec pleins d'idées intéressantes, mais voilà ça n'a pas marché sur moi. Je suis sorti de ce texte j'avais l'impression d'être complètement passé à côté de quelque chose.







Cet Oeil Brillant qui la Fixait de Nathalie Dau. Nathalie Dau nous offre, comme à son habitude, un conte qui va se révéler vraiment intéressant. Les personnages sont vraiment charismatiques et l'univers guerrier entre deux peuples qui se battent depuis des années est vraiment intéressant et colle parfaitement à l'univers. Un conte qui oscille entre souffrance et amour ou va se mélanger magie, divinité et humanité. Un texte porté par la magnifique plume de l'auteur qui se révèle toujours aussi poétique et entrainante. Mon seul reproche une certaine facilité comme par exemple dans l'évasion de la princesse.







Les Soeurs de la Tarasque de Mélanie Fazi. Voilà l'un des textes, voir le texte, selon moi, le plus abouti de ce recueil. Une nouvelle très intimiste et pleine de sentiments se situant dans une sorte de couvent où se trouve une dizaine de jeunes filles et dont l'une d'elle sera choisie par le dragon pour devenir son épouse. Un texte fantastique ou l'Humain est vraiment mis en avant, on ressent pleinement les émotions à travers ce texte que ce soit la souffrance, les manipulations des jeunes filles par le dragon ou encore les premiers émois. Un texte qui a vraiment réussi à m'emporter et qui se révèle vraiment poétique et plein de mélancolie du début à la fin, rien n'est facile pour notre héroïne qui vit une sorte d'amour impossible, perdue, mais dont elle ne peut se passer. La plume de l'auteur est toujours aussi fluide, poétique et magique qui captive dès la première page et qui nous offre aussi pas mal de réflexions sur la religion, la sexualité, l'amour et l'amitié.











J'ai passé un agréable moment avec cette anthologie qui nous offre douze textes sur le thème de Reines et Dragons. Alors bien sûre toutes les nouvelles ne sont pas aux mêmes niveaux, certaines m'ont complètement emporté tandis que d'autres n'ont pas réussi à m'accrocher, mais dans la globalité j'ai passé un bon moment et je trouve même cette anthologie plus soignée que celle de l'année dernière.



Par contre, et j'ai déjà fais le reproche l'année dernière, les éditions Mnémos doivent vraiment faire attention certaines coquilles se sont glissés dans les textes, rien de dérangeant mais ça surprend toujours. Je me pose aussi la question de savoir quel est le véritable titre de la nouvelle de Justine Niogret.
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Dimension Moscou

Une anthologie à dévorer de la première à la dernière nouvelle! Moscou, une ville mythique à redécouvrir à l'aune d'une vingtaine de nouvellistes parmi lesquels on retrouve avec plaisir les textes de Jacques Serena, Jacques Jouet, Nathalie Dau, Dane Cuypers, Françoise Urban-Menninger, Didier Daeninckx...Le tout nous est mitonné par Chantal Robillard qui nous convie à découvrir la ville à travers les siècles...On y rencontrera, bien évidemment, Ivan le Terrible mais aussi une toute petite fille en train de faire des boules de neige! C'est sur la Place Rouge que nous avons rendez-vous avec la chanson de Nathalie...Et pour agrémenter ce voyage peu ordinaire, pourquoi ne pas monter à bord du Transsibérien?
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Reines et Dragons

Quatrième anthologie parue suite au festival des Imaginales d'Épinal, « Reines et dragons » est cette fois dirigée non plus par Stéphanie Nicot mais par L. Davoust et S. Miller. L'initiative est toujours aussi louable mais cette fois l'ouvrage se place nettement en dessous de ses prédécesseurs. Là où les thématiques de « Rois et capitaines », « Magiciennes et sorciers » et « Victimes et bourreaux » nous offraient une large palette de récits très variés, force est de constater que la plupart des nouvelles de « Reines et dragons » proposent peu de renouveau et d'originalité. Autre déception, la brièveté de l'ouvrage lui-même et surtout des nouvelles qui excèdent rarement les vingt pages. Si la longueur des textes ne me pose habituellement pas de problème, enchainer huit petites nouvelles d'affilée rend assez difficile l'immersion dans les histoires et les univers des auteurs qui auraient mérité pour la plupart d'être un peu plus étoffés pour vraiment captiver le lecteur.



Quelques textes sortent malgré tout du lot, notamment les quatre derniers, ce qui permet de refermer cette anthologie sur une note plus positive. Avec « Under a lilac tree » Mathieu Gaborit nous offre ainsi une nouvelle pleine de poésie et de mélancolie qui vous fera voir Paris autrement, de même que Justine Niogret avec « La grande déesse de fer de la miséricorde », texte très original dans lequel on reconnaît sans mal la patte et le style très cru de l'auteur de « Chien du heaume ». Mention spéciale également à Nathalie Dau qui signe avec « Cet œil brillant qui la fixait » un très beau texte mettant en scène un univers certes classique mais très immersif et des personnages attachants. Idem pour Mélanie Fazi et son prenant « Les Sœurs de la Tarasque » où l'on découvre une école de jeunes filles élevées dans l'attente du Dragon. Sans doute les deux meilleures nouvelles de cette anthologie.



« Reines et dragons » m'a donc laissé un avis plutôt mitigé bien que le concept demeure toujours aussi intéressant et que les grands auteurs français de fantasy continuent de répondre présent. Espérons toutefois un peu plus de diversité dans « Elfes et assassins » pour 2013.
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Dentelles du ru des troubadours

Après Dentelles de reflets de Venise et dentelles des sirènes de la lagune, Chantal Robillard signe un nouveau recueil de poèmes aux éditions Astérion. Si la Sérénissime occupait le premier rôle dans les précédents volets, l'autrice a cette fois-ci choisit de revenir à ses origines en jetant plutôt l'ancre en pays auvergnat. Mais rassurez-vous l'ombre de la lagune n'est jamais bien loin puisqu'elle surgit sans crier gare comme dans "Canso de sirène", établissant ainsi un pont avec Zoo de chimères.



Néanmoins, restons en France un instant et plus précisément, allons à Langeac le temps d'une respiration en sizains avec "Un songe à Langeac" afin de s'assurer que rien n'a changé. D'ailleurs, "L'île d'amour" trône toujours fièrement au milieu de l'Allier. Pour Chantal Robillard, c'est l'occasion de rappeler le souvenir de son grand-père l'emmenant voir l'inéluctable remontée des saumons.



Sextines, septains, huitains, elle court la plume de Chantal Robillard pour noircir les pages de ce recueil par un entrelac de jeux de mots habiles, révélateur d'une belle maîtrise de l'exercice.



Taxée de faire de la dentelle avec les mots, elle, qui a une formation de dentellière s'en émerveille sans doute, d'autant que cela a marqué ses jeunes années surtout lorsqu'elle devait écouter les conseils de madame Raynaud qui aimait lui répéter "Ah, ma pauvre demoiselle !" sans qu'elle n'en comprenne réellement le sens. C'est qu'il fallait être "Finette !" pour bien comprendre ce qu'il se disait dans le patois du coin. En tout cas, la dentelle est bien là, elle accompagne ces pages pour garder en mémoire un précieux savoir, celui de "La dentellière", bien sûr !



Sous la plume de Chantal Robillard, la rime est espiègle, joueuse, elle jaillit subitement au détour d'une page comme l'eau de la "Fontaine aux fées". Cette eau glougloutante, pétrifiante émet un chant ensorcelant, celui du ru pour qui prend le temps d'écouter. Fascinante, attirante surtout lorsqu'elle sort d'une fontaine, haut lieu de rêveries ou de commérages selon les envies. Joie des enfants comme dans "Fa fa fa" pour y faire trempette ou seulement y admirer les poissons qui s'y ébattent. Mais, celles-ci peuvent être à sec ou en état de marche pour assurer le spectacle aux badauds curieux comme dans "Fontaines musicales". Lieu d'inspiration par excellence si j'en crois les contes qui ne manquent jamais de relater une histoire en leur présence. Elle inspire souvent l'imaginaire de Chantal Robillard au même titre que les contes car on croise souvent dans ses textes des figures marquantes à l'image de Cendrillon à qui elle a consacré tout un livre dans Hôpital de Cendrillon dont elle a remanié certains passages comme pour "De verre vert", à l'occasion de la publication de ce présent recueil.



L'écriture de Chantal Robillard est vagabonde, elle aime s'égarer dans des contrées connues par tous mais en y déposant un regard neuf. Elle apprécie de redonner vie à ses souvenirs pour qu'il ne reste pas enfouis à jamais ou perdus pour toujours.



La perpétuation de la vie, c'est aussi la mémoire des gens, des lieux.



Avec Dentelles du ru des troubadours, Chantal Robillard revient à la source aussi bien celle de ses propres origines que celle de la poésie, d'où l'importance du choix des mots pour faciliter la transmission.
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Dentelles des univers de Cendrillon

Ce n'est pas moins de 18 nouvelles qui sont au programme de ce nouveau recueil. Qu'elles répondent à un air de déjà vu pour qui connaît bien le travail de Chantal Robillard ou au contraire, est une exploration en terre inconnue, Cendrillon demeure le phare qui éclaire le chemin des lecteurs.



L'autrice s'appuie donc sur les éléments propres à ce conte, à savoir la marâtre, les deux demi-sœurs tyranniques, le prince et la pantoufle qu'elle va allègrement transposer dans différentes époques et où elle donne même à Cendrillon de nombreux visages.



Tantôt fantasque tantôt poignante, la plume de Chantal Robillard se part de nombreuses couleurs pour nous entraîner dans bien des voyages. Quoi de plus surprenant que de retrouver la figure de Cendrillon dans "La sizaine des Cendreux", au milieu des maquisards pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est une manière pour l'autrice de rendre hommage à tous les résistants du Val d'Allier tout en faisant vibrer la corde sensible de ses lecteurs.



Le conte de fées, c'est aussi dépeindre la réalité aussi sombre soit-elle. D'ailleurs, Chantal Robillard ne se gêne pas pour le faire comme dans "La Place-aux-sabots" qui nous conte le funeste destin d'une innocente. Les éléments sont si bien amenés que l'on ne voit rien venir jusqu'à la chute qui est plutôt glaçante.



Néanmoins, le ton se pare parfois de notes plus légères, espiègles même, comme dans "Les mousquetaires", où son personnage récurrent, Pac de Cro, connaît quelques facéties de ses petits camarades.



Pour explorer toutes les figures de Cendrillon, Chantal Robillard adopte de nombreux points de vue, parfois ils sont même des plus inattendus comme lorsque c'est la pantoufle elle-même qui prend la parole pour nous partager ses souvenirs dans "De verre vert". L'autrice est parfois très drôle, notamment lorsqu'elle conclut son recueil par quelques avis portés sur Cendrillon comme celui du troisième lézard ou de la sixième souris. Avouez que c'est cocasse.



Que vous aimez les bons mots ou les réécritures de contes, Dentelles des univers de Cendrillon pourrait bien vous plaire car Chantal Robillard a encore une fois lâcher la bride à son imaginaire pour offrir une nouvelle évasion...suite sur Fantasy à la Carte


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Dentelles des sirènes de la lagune

Après une première incursion dans l'intimité des Vénitiens de Venise (dans Dentelles des reflets de Venise), Chantal Robillard remet ça en explorant une facette plus onirique de la Sérénissime dans son nouveau recueil qui s'intitule, cette fois-ci, Dentelles des sirènes de la lagune.



Il faut dire que la belle des eaux s'y prête car entre ses ruelles sans fin et ses nombreux culs de sac, elle a tout d'un Val sans Retour, sans parler de ses eaux abritant sans doute les royaumes de mythiques créatures.

Entre nouvelles et poèmes, la poétesse nous ouvre la porte sur une Venise onirique où le merveilleux surgit des brumes ou des flots pour nous emporter dans un tourbillon d'histoires baroques.



La féerie a donc étendu son aile sur Venise et s'incarne, par exemple, dans des personnages de contes comme Cendrillon dont on croise plusieurs fois le chemin dans "Aux dentelles des sirènes" où Cenerentola se presse dans les rues de la ville pour livrer ses dentelles afin de retrouver au plus vite son fiancé qu'elle compte épouser en catimini, à l'insu de son odieuse marâtre. Mais voilà qu'elle est prit en chasse par un fantôme dont elle ne perçoit que les pas et qu'en voulant lui échapper, elle égare l'une de ses chaussures qu'elle va retrouver finalement plus tard sur le ferry qui l'emmène vers son promis, remis justement par un homme mystérieux, habillé d'un étonnant pardessus bleu. Plus tard, on la retrouvera à l'automne de sa vie dans "Venise, Europe" lorsque cet homme que l'on appellera Corto revient à Venise pour la revoir une dernière fois même si cet aventurier séducteur et libertaire est censé resté toujours en retrait des événements des époques qu'il traverse.



Ainsi, Chantal Robillard aime provoquer des rencontres insolites qui parlent à notre imaginaire collectif. Cela lui permet d'établir des ponts entre les œuvres, les siennes et celle des autres.



Ville d'art et d'Histoire, Venise est aussi la cité du Doge à qui l'autrice rend hommage dans son poème "Conte du doge et de la sirène" où l'on retrouve un Ottone Orseolo (27e doge) hagard après une chute dans le canal et surtout bouleversé depuis qu'une sirène l'a sauvé de la noyade. Il aurait bien succomber à ses charmes mais la belle naïade s'en est allée auprès de Marco Polo. Tant pis, il lui reste toujours sa princesse hongroise pour réchauffer son cœur.



Entre ces lignes, on retrouve l'Imaginaire fouillé d'une autrice qui se plaît à balader ses lecteurs dans toutes les facettes des littératures de l'Imaginaire : science-fiction, fantastique et fantasy... suite sur Fantasy à la Carte.












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Zoo des chimères



J'ai acheté ce livre pour 3 raisons.

D'une je n'ai jamais été déçu par un ouvrage Des Editions Argemmios, ça c'est déjà une excellente raison, je trouve !

Deux, j'ai découvert Chantal Robillard par sa nouvelle dans Reines et Dragons, "Le Dit du Drégonjon et son Elfrie", nouvelle qui, malgré ma surprise m'avait beaucoup plus !

Trois, avouez que la couverture est magnifique, Mathieu Coudray, a réalisé ici, une fois de plus, un travail remarquable !!





C'est l’histoire d’un parc zoologique, situé – devinez où ? Pas sur Terre, en tout cas !



Surgit une tornade, tout est ravagé, alors on nomme une équipe en quête de rentabilité, et voici que le zoo se déglingue davantage encore et devient un très étrange parc à thème, où rien ne va se passer ainsi qu’on le prévoyait.



Entrer dans l’esprit d’un loup, chevaucher le monstre du loch Ness, s’éprendre d’une licorne… Oui, dans Zoo des Chimères, le bizarre, le fabuleux mais aussi le danger vous attendent au détour des pages !



Un ouvrage pareil à une mosaïque, où se dissimulent des passages oulipiens à contraintes de formes. Des textes à lire… et à dire.



Premier opus de la série « galaxie Conte »



Biographie de l’auteur : Chevalier des Arts et Lettres en 1999, Officier en 2008, conseillère pour le livre au ministère de la Culture pendant vingt ans, Chantal Robillard est conservateur en chef honoraire des bibliothèques, écrivain et poète française (Hôpital Cendrillon, La Fontaine aux fées, Les Sept fins de Blanche-Neige…). Elle excelle dans les textes à contraintes dans la grande tradition de l’Oulipo, et dans les variations et détournements des contes de fées de notre enfance.



J'aurais aimé avoir le talent de Chantal Robillard mais je ne l'ai pas et mon idée de faire une chronique à contrainte m'est vite passée. Faut être doué, ça ne s'improvise pas.

Vous l'aurez compris grâce à la 4ème de couverture, Zoo des chimères est un conte, composé de plusieurs séquences, certaines séquences présentent une contrainte oulipienne. Qu'est qu'une contrainte oulipienne : je vous renvoie à ce lien qui sera bien mieux expliquer ça que moi :

OuLiPo où je vous invite à regarder les définitions de certaines contraintes tel que celle du prisonnier ou le Monovocalisme



Bref j'ai été enchanté par cette lecture. Une lecture qui nous donne vraiment envie de conter à haute voix ! Certes ce sont des textes à contraintes, mais ça ne veut pas dire que cela soit contraignant pour le lecteur. On se prend au jeu de savoir quelle contrainte a été employé pour quel texte. Heureusement l'auteure nous explique, à la fin du livre, quelles contraintes ont été appliquées sur quelles séquences.

Chaque texte est au final une formule magique qui vient nous ravir l'esprit !

Le tout bourré de références qui ont bercé notre enfance, avec un brin de science fiction bien distillé



N'ayez donc pas peur de rentrer dans Le Zoo des Chimères !





A quand le prochain « galaxie Conte » ?


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Zoo des chimères

Lecteur, lectrice, attention ! Si vous vous apprêtez à ouvrir les pages de ce Zoo des Chimères, attendez-vous à une expérience de lecture ! Oui, une véritable expérience où les mots joueront sous vos yeux, où l’histoire ne ressemble à rien de ce que vous auriez pu lire auparavant. Car le Zoo des Chimères est un recueil de nouvelles pas tout à fait comme les autres. Chantal Robillard s’est amusée à y glisser des textes oulipiens.



Oulipiens ? Mais oui ! L’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle), association d’artistes qui s’amusent à se créer des contraintes pour mieux explorer leur créativité. L’exemple le plus connu en est le roman La disparition de Georges Perec, roman qui ne contient pas de lettre e. Pas une seule fois. Et, donc, l’on retrouve au sein du Zoo des Chimères divers textes à contraintes. Comme Le blues de la belle boudeuse, où la plupart des mots commence par la lettre b, offrant un récit que l’on a fort envie de déclamer ensuite à haute voix, tant les phrases glissent admirablement bien dans la bouche avec tous ces mots en b. Et il y en a d’autres, des jeux de mots, des jeux oulipiens, au sein du recueil. À vous de les découvrir ! ;) L’auteur vous donnera la liste et le nom des contraintes à la fin, parce que si vous ne cherchez pas d’abord lesquels sont à contrainte lesquels ne le sont pas, ce n’est plus du jeu ^^.



Par ailleurs, ce n’est pas la seule particularité de l’ouvrage. [Lire la suite de la critique sur le blog]
Lien : http://lullastories.wordpres..
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Zoo des chimères

Parlons du petit dernier des éditions Argemmios : Zoo des chimères.





A travers de courtes nouvelles (souvent 2-3 pages), nous suivons ici la “vie” d’un zoo un peu particulier, situé en un lieu inconnu, avec des reproductions des créatures de la Terre, mais aussi nombre de chimères, d’être étranges sortis tout droit des légendes.





J’ai vraiment apprécié ce livre, même si je pense ne pas avoir découvert tous ses secrets.





Tout d’abord, il est utile de préciser une chose : ce n’est pas un livre qui se lit pour son histoire, mais plutôt pour ses mots.



En effet, il s’agit ici d’un grand nombre de nouvelles dans lesquelles l’auteur se pose des contraintes et doit ainsi réussir à les respecter. Je conseille de commencer l’ouvrage en allant voir les contraintes des différentes nouvelles, pour ainsi pouvoir ensuite en profiter pleinement lors de la lecture.



Commence alors la découverte de l’écriture de l’auteur... qui en destabilisera plus d’un, moi en premier. Et pourquoi ? Disons qu’il change à chaque nouvelle, parfois fort poétique, d’autres plus classiques, et certaines nouvelles sont même écrites dans un style très étrange.



Quoi qu’il en soit, chaque petite histoire est écrite d’une façon unique, et rien n’est apparemment jamais anodin.



Sachant cela, le lecteur commence à chercher ce que l’auteur veut faire passer à chaque nouvelle, et c’est là que ça se complique un peu. En effet, une simple lecture “classique” ne suffit pas pour ce livre : il peut être utile de le lire à voix haute (ce que je n’ai pas fait, lisant le soir avec ma compagne endormie à côté de moi ou au bureau pendant ma pause) ou de retourner sur certains passages et de les lire plusieurs fois pour pleinement s’en imprégner.



On découvre ainsi, petit à petit, les contraintes de l’auteur pour chaque nouvelle, le brio avec lequel elle les respecte (j’ai été particulièrement impressionné par certaines d’entre elles, comme celle dans laquelle seule la voyelle E est utilisée), mais aussi, pour les autres nouvelles, tenter de comprendre le sens, pourquoi parfois un texte écrit à la première personne se trouve voir tous ses “je” effacés, ou bien d’autres.



Suite voir liens
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Reines et Dragons

Une compilation des Imaginales



Depuis quelques années déjà, à chaque Imaginales, des auteurs participant à cette manifestations se réunissent pour un recueil sur le thème proposé. Cette année 2012 a vu sortir le thème Reines et Dragons. J’aime beaucoup ces recueils car cela nous permet de découvrir l’écriture de beaucoup d’auteurs français. C’est un peu mon petit catalogue Fantasy français. De plus, le thème est franchement sympa car il laisse toujours aussi rêveur. La force et la magie d’un dragon, la force et le pouvoir d’une reine.



Des reines assez versatiles.

Nous avons des versions de reines très différentes dans cette compilation. Nous avons tantôt des reines protectrices. Elles ont été choisies ou élues pour protéger le dragon. Elles sont la gardienne de leurs secrets, de leur force et de leurs faiblesses. Nous avons aussi des reines manipulatrices et traitresses qui utilisent le pouvoir du dragon pour asseoir leur domination voire leur tyrannie. Et nous avons aussi des reines esclaves qui ne sont là que pour assouvir le désir des dragons.



Des dragons rappelant ce bon vieux Léviathan



Oui le dragon reste à jamais pour nous le symbole de la force mêlée à la sagesse. Et nous pauvres mortels devons soit trembler de peur à sa venue soit nous agenouiller devant sa puissance et nous soumettre. Des gens peuvent bien entendu le combattre mais nous ne pouvons nier sa supériorité. C’est bien sûr le mythe du Léviathan, cette espèce de monstres auquel nous remettons nos droits contre protection que ce recueil me fait penser. Car le dragon ne changera jamais en nos cœurs. Seules les réactions des humains changent.


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Reines et Dragons

Salut les Babelionautes

Décidament je ne suis pas amateurs du format Nouvelles, même si autant d'Auteurs talentueux se prêtent au jeu dans cette Anthologie que ma Fille c'est offerte en 2012 aux imaginales.

Elles sont toutes dédicacées, douze nouvelles ayant pour thèmes les Reines et les Dragons, dont je ne peux pas mieux faire que l'avis donné par Dionysos89.

Donc je me bornerai a les trouver trop courtes, je sais c'est normal pour des nouvelles, mais justement vous pourriez pas les faire un peu plus longue???
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Reines et Dragons

Un très bon recueil qui m'a donné envie de lire de nombreux auteurs au sommaire, et qui m'a transporté dans une multitude d'univers que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir. Chaque auteur a sa propre interprétation du thème de cette anthologie, parfois très classique, avec reines et dragons dans un décor moyenâgeux, et parfois plus originale, décalée, onirique ou encore contemporaine. Une diversité intéressante !



Même si certaines nouvelles emportent clairement ma préférence, l'ensemble du recueil se dévore et laisse le lecteur rêveur et satisfait de son voyage au pays de l'imaginaire. Un bon moyen de prolonger le plaisir des Imaginales...



Mais, parce qu'il faut toujours des petits défauts, on notera quelques coquilles, notamment le titre de deux nouvelles qui n'est pas le bon... Ce n'est pas franchement ce qui a bridé mon plaisir, et vu l'excellent travail effectué par Lionel Davoust et Sylvie Miller, on pardonne aisément ces quelques petites erreurs sans conséquence.



En un mot : lisez-le !


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Merlin enquête au Palais du Rhin

Fief de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, le Palais du Rhin, situé dans la Neustadt à Strasbourg, connait en ce matin de fin novembre une agitation inhabituelle.



Le cadavre d’une jeune femme a été découvert dans la salle de bal de L’Empereur, ce qui n’est vraiment pas sa place. Une parfaite inconnue touchée dans le dos et en plein cœur, par ce qui semble être une lame très fine, une seringue, ou encore tout autre objet pointu qui n’est pas retrouvé, lancé d’une distance de deux mètres environ par une main ferme. Pas de trace de sang.



Interrogé, le concierge affirme que c’est une femme de ménage qui lui a signalé cette anomalie cadavéreuse dans un endroit habituellement fermé. A la demande du Commandant Merlin, le gardien des lieux s’empresse d’aller chercher la technicienne de surface qui est au sous-sol, réfugiée dans la cafeteria afin de se remettre de ses émotions. La brave dame n’aura plus l’occasion de narrer sa macabre découverte car le concierge la retrouve morte, d’une façon identique dans le local syndical. Presque. De très légères différences dans l’accomplissement du crime et du matériel employé sont relevées. Et lors de l’autopsie, des traces de coups sont relevés sur son corps.



Si l’identité de la première victime est rapidement établie, celle de la seconde reste inconnue. La femme, une quadragénaire, découverte dans la salle de bal de l’Empereur se nommait Violaine de Saint-Péry et habitait Nancy. La femme de ménage est inconnue au bataillon. Elle faisait partie d’une équipe, mais dépendait d’une boite de nettoyage suite à l’externalisation des services d’entretien. Or, cette entreprise vient de fermer ses portes sans laisser d’adresse.



Le roi Merlin et sa cour, pardon, le commandant Merlin et son équipe sont en charge de cette affaire qui débute mal. Le directeur du centre est en voyage, et les responsables des divers services sont tous en déplacement pour diverses raisons incombant à leurs fonctions. Tandis que les uns se rendent à Nancy pour enquêter sur cette madame de Saint-Péry (à ne pas confondre avec deux seins en péril) qui avait gardé son nom de jeune fille, plus prestigieux que celui de son mari, Grandidier. D’ailleurs celui-ci, paléontologue, est en déplacement dans les pays de l’Est.



C’est la mère de la jeune femme qui a en charge la garde des deux enfants du couple, et cela n’arrange guère cette égyptologue qui a un déplacement de prévu. Quant à la femme de ménage de la morte, elle travaillait au noir, dépendant d’une boîte qui a aussi mis la clé sous la porte.



Le sac à main de la nettoyeuse décédée est retrouvé dans une chasse d’eau et son identité est enfin connue. Bizarrement c’est la même ou presque que celle de la femme de ménage de Violaine de Saint-Péry. Toutes deux sont originaires de pays ayant connus de nombreux démêlés, l’Albanie et le Kosovo. Et puis Merlin se demande ce que font dans cette salle des sarcophages dans lesquels le tueur n’aurait pu se confiner.



L’arme du crime pourrait être une flèche, ou un trait, lancé à l’aide d’une sarbacane, ce qui induit que le meurtrier doit avoir du souffle. Peu à peu Merlin et son équipe composée de son adjoint Arthur, Liselotte Lance, la seule femme, qui fait équipe avec Govin, les deux H, Yvain Hummel et Elias Hamm, et Caradec et Jauffré qui tous deux ne se déplacent qu’en fauteuil roulant suite à des lésions subies lors d’attentats. Ces deux derniers sont préposés aux recherches informatiques principalement.







Merlin qui ne reste pas les deux pieds dans le même sabot (même en parcourant l’Alsace et la Lorraine) entend parfois une petite voix grave de femme qui s’exprime dans sa tête et le nomme Sire Merdynn. Il retrouve toutefois avec plaisir d’anciennes connaissances qui ont travaillé avec lui lorsqu’il était en poste à Paris, au fameux 36 Quai des Orfèvres, et repense souvent à l’attentat du Bataclan, dont sa fille, illustratrice de livres pour enfants, a réchappé de justesse. Il a de temps en temps des nouvelles de son fils qui pour des raisons professionnelles vit au fin fond du Canada.



Enfin c’est un grand lecteur, principalement de Donna Léon, auteur américaine à laquelle il voue un culte particulier peut-être à cause du lieu, Venise dite la Sérénissime, dans lequel évolue son personnage, le commissaire Brunetti.







Roman policier classique, Merlin enquête au Palais du Rhin ne possède qu’une toute petit once, représentée par la petite voix, de fantastique. Elle est développée dans la nouvelle qui suit le roman, Zoo d’Echime qui peut être considérée comme une suite.



Tout tourne autour de Merlin et de son groupe, qu’il dirige tel un patriarche. Il sait se faire aimer d’eux même si parfois il ne peut s’empêcher d’avoir un mouvement d’humeur. Il faut dire que le procureur qui au début avait été désigné et ne manquait pas de leur imposer la pression, part en vacances. Il est remplacé par la procureure adjointe, une jeune femme d’aspect fragile un peu pète-sec. Or coïncidence ou non, cette gente dame fait partie de la même chorale que Merlin, lequel en ce moment répète le Messie (mais si !) d’Haendel, avec sa voix de basse.



Les relations entre les divers membres de ce groupe prennent une extension qui va au-delà de l’enquête, car lorsque celle-ci est bouclée, ou presque, d’autres événements interfèrent, pour la plus grande joie et la surprise du lecteur, lequel entre dans l’intimité de certains des protagonistes. Ce qui fournit un aspect humain à cette intrigue.



Et entre les déplacements à Nancy, Colmar et autres lieux, les préparations du célèbre marché de Noël débutent, toujours avec cette appréhension d’attentats meurtriers.



Donc plus qu’un roman policier, il s’agit d’un roman social qui m’a fait penser aux enquêtes de Steve Carella et du 87e commissariat d’Isola, la série chère à Ed McBain.



Enfin certaines scènes de ce roman s’insèrent, ou inversement, dans Merlin et la fée des flashs publié chez Nutty Sheep.
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Dessine-moi un...

Délicieux ouvrage illustré par Liriena qui avec beaucoup d'humour reprend la thématique de ce petit recueil! Chantal Robillard a sélectionné 14 auteurs qui ont célébré diverses "facettes " du fameux petit ovin que chacun affectionne à sa façon. Je retiendrai les jeux de mots en cascades en particulier dans le texte savoureux de Nathalie Gloria où l'on reconnaît Mai 68 et la Peau Lisse qui intervient à tout va! La nouvelle la plus poétique est celle d'Hélène Cruciani, le petit Prince n'est autre que Wilfried, cet enfant différent qui ne voit bien qu'avec le coeur....J'ai un faible également pour le texte de Françoise Urban-Menninger "Il pleut bergère...", texte à la fois philosophique et poétique qui reprend les comptines de notre enfance, un vrai plaisir! Mais bien d'autres découvertes attendent le lecteur avec Emmanuel Honegger, Fabien Rey, Olympia Alberti, Olivier Pérès, Jérôme Akkouche, Dominique Zinenberg, Virginia Schilli, Nathalie Gloria, Jacques Jouet ou encore Isabelle Minière. Aussi n'hésitons pas à brouter les prés verts de cette anthologie où le mouton est l'invité d'honneur!
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Zoo des chimères

Voyage immobile au coeur d'un étrange parc d'attractions. On croise aussi bien des animaux que des créatures mythologiques ou des personnages de contes ou d'histoires populaires. Des courts textes drôles ou profonds, servis par une écriture particulière, puisqu'elle utilise les contraintes de l'Oulipo. Une expérience de lecture qui rappelle "les exercices de style", avec une dimension fantastique.
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Zoo des chimères

Ayant une confiance quasi absolue dans le bon goût des éditions Argemmios, et puis ayant flashé sur la superbe couverture de Mathieu Coudray, je me suis procuré un exemplaire dès sa parution (vive les souscriptions). Je dois dire que j'avais survolé la description, alors j'ai été un peu surprise du contenu. Peut-être parce qu'il était dans la catégorie Roman, et non Recueil. Il s'agit en fait d'un recueil de courts textes (plus courts qu'une nouvelle "classique"), extraits formant un tout cohérent sur la description de ce zoo imaginaire situé hors planète.



Sur la couverture, vous remarquerez certainement ces lettres qui s'échappent de la crinière de flammes de la licorne. Ce n'est pas anodin. En effet, ce recueil, peut-être même avant de promouvoir l'imaginaire de Chantal Robillard sur un zoo peuplé de créatures plus ou moins féériques, montre toute l'agilité de l'auteur dans la construction des textes. Nombre d'entre-eux sont des textes à contraintes, pas dans le thème, mais dans le style d'écriture. Un exercice périlleux, réussi avec brio, qui montre toutes les qualités de Mme Robillard.



Bien sûr, quand on épluche un peu sa bio sur internet, on se rend vite compte qu'elle est une habituée du genre. Mais pour moi, qui suis ignare en la matière, cela m'a donné l'occasion de découvrir l'OuLiPo avec tous ses types de contraintes possibles, et de me régaler les yeux et les oreilles. Les oreilles, oui ! Car ces textes méritent d'être lus à voix haute. Je vous laisse faire le test.



Pour ce qui est du fond, ce que ce recueil nous raconte sous une si belle forme, mon avis est un peu plus mitigé. Il y a ce fil conducteur de l’œil extérieur, venu du plus profond de l'espace, qui pour moi est traité de façon assez décevante.



Chaque texte montre une dérive de la vie quotidienne du zoo. Avoir comme pensionnaires des créatures chimériques créée forcément des situations coquasses. Mais j'ai eu l'impression que les contraintes stylistiques que l'auteur s'était imposées avaient quelque peu bloqué le développement des idées et thèmes sous-jacents, par ailleurs très intéressants. La solitude est celui qui m'a le plus marquée... l'attaque du marketing aussi, dans un genre différent.



Au final, si je vous recommande (fortement) cet ouvrage, ce n'est pas pour les raisons habituelles. Cette fois-ci, ce n'est pas pour l'évasion, la découverte de nouveaux mondes ou encore juste une belle histoire, mais bien pour le plaisir de lire, de raconter et de jouer avec les mots.



[...]
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Reines et Dragons

Une chouette antho, encore, avec de très bonne nouvelles dont une coup de cœurisée Des auteurs que j’ai été ravie de retrouver, d’autre qui m’ont déçu. Des auteurs à suivre pour découvrir d’autres facettes de leur écriture, un chouette boulot de la part des co-antho. Une trop belle illustration de couverture. Et pour finir la joie de « courir la dédicace » et d’échanger 1 ou 2 mots sur le festival à propos de la nouvelle de chacun, parce que l’histoire entre le livre et moi commence d’abord par ça
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Dentelles des reflets de Venise

Pourtant que de grands poètes la littérature française peut s’enorgueillir !



Et souvenons-nous, lorsque nous étions adolescents, nous aimions coucher sur le papier nos espérances, nos sentiments, nos regrets, nos amours, nos déclarations, nos envies. Ecrire était un exutoire, et il ne nous venait pas à l’idée d’être publié, connu, sauf certains qui véritablement possédaient ce talent inné et entrevoyaient une sorte d’idéal à atteindre.



Nous n’étions pas des Victor Hugo en puissance, des Verlaine, des Rimbaud, des Jacques Prévert dont les poèmes se transmettent, sur papier ou de bouche à oreille, pour le plus grand plaisir des amateurs de mots. Et il faut compter sur ceux, et celles, qui prennent la relève, livrant leurs impressions, leurs émotions, leurs visions, et les partageant.



Toutefois, si nous nous sentons parfois l’âme d’un poète, il faut avouer que nous ne lisons guère de textes qui faisaient le bonheur des lecteurs des siècles précédents. Peut-être par rejet de ces poèmes écrits par Charles d’Orléans, Ronsard, et tous les autres dont nous devions apprendre lors de notre vie scolaire les poèmes par cœur, les analyser, les disséquer, les expliquer.







Heureusement, il existe encore de nos jours de grands poètes, malheureusement méconnus, dont l’ami Guy Allix, un poète local. Sans oublier Céline Maltère et Chantal Robillard, qui font parties de mon Panthéon.



Chantal Robillard, nous offre de découvrir Venise autrement qu’à travers les guides, la petite fûtée, ou redécouvrir pour qui a, contrairement à Ulysse, n’a pas fait un beau voyage, ou alors en canapé.



Mais Chantal Robillard ne s’est pas contentée d’écrire des bouts rimés, elle s’est imposée des contraintes, jouant sur les mots et les sonorités, déclinant en début de phrases l’alphabet, mêlant assonances et allitérations, en un jeu de construction syllabique, en acrostiches, haïkus en 357, par exemple, et autres formes modernes.



Les photographies de Chantal Robillard viennent en appui de ces/ses textes, les enluminant, leur conférant une saveur particulière. Comme des cartes postales véritablement personnalisées, sortant de l’ordinaire.



En tout, quarante-cinq poèmes écrits avec ce regard énamouré que seule peut partager une amoureuse d’un lieu emblématique.



Et comme le précise la quatrième de couverture :



Chantal Robillard est une poétesse, inconditionnelle de Venise, où elle se rend toujours hors-saison. Elle nous offre ici ses poèmes sur le difficile vie quotidienne des Vénitiens, qui doivent tout se faire livrer par voie fluviale, nourriture ou objets usuels, et sont obligés d’écoper inlassablement l’eau sournoise à chaque acqua alta. Nous découvrons avec elle une Venise vivante et frémissante, lors de nos flâneries au long des canaux, dans les ruelles labyrinthiques, les petites places à puits centraux…
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