Charles Dupechez : La reine velue
"La reine velue" de
Charles DUPECHEZ : ignare, grosse, sale, elle boit : Louise de SAVOIE, comtesse de Provence, épouse du
roi Louis XVIII, n'a rien pour elle. Biographie très bien écrite d'un personnage qui cumule les tares, curiosité autant humaine que littéraire.
De nouveau par l'intermédiaire de Girardin, le prince fait savoir à la comtesse son désir d'être invité à dîner chez elle. À sa cousine la marquise de Roccagiovine, née Julie Bonaparte, il déclare: "Je la crois bonne personne, quoique Mme Sand la dise méchante." Il est vrai que cette marquise admire tellement Daniel Stern qu'elle lui fait dédicacer son album par l'entremise d'Ernest Renan.
Elle avoue dans un portrait d'elle qu'elle a tracé d'elle à la troisième personne:" Le plus impérieux besoin de son cœur, c'est l'enthousiasme et l'admiration. Elle se crée des idéalités qui tombent en poussière au premier contact de l'intimité."
En comprenant qu’elle n’aurait aucun repos avant que d’être mariée, elle annonce à sa mère qu’elle acceptera docilement le parti que les siens lui proposeront. Cette faculté de démission, qui est une forme de suicide en des occasions aussi graves, est un trait fondamental de son caractère.
Alfred de Vigny vient lire, le 20 avril 1829 l’une de ses nouvelles œuvres, La Frégate la Sérieuse. « Je l’en avais prié vivement, indiscrètement. J’en eus bien de la mortification. La lecture à laquelle j’avais convié toute la fleur aristocratique… ne fut point du tout goûtée… »
Qu’elle était belle, ma frégate,
Lorsqu’elle voguait dans le vent.
Ces premiers vers en effet, laissent douloureusement présager de la suite. Un silence consterné accueille la fin du poème :
- Ma frégate a fait naufrage dans votre salon, dit, en se retirant Alfred de Vigny.
- Ce monsieur est-il un amateur ? demande à ses hôtes l’Ambassadeur d’Autriche
Marie est tout le contraire : froide et réservée, avare de mots, soucieuse de sa mise et surtout dotée d'un esprit si caustique qu'il l'empêche de s'abandonner au pur plaisir de l'instant ; elle a peine à "lâcher prise". Elle se contrôle en permanence et voit toujours le détail qui gâte l'ensemble. Elle fait partie de ces gens qui, au sortir d'un spectacle où vous vous êtes laissé emporter, douchent votre excitation par un ou deux mots qui, certes judicieux, vous dérangent néanmoins dans la mesure où vous ne souhaitez point les entendre à ce moment-là. Autant le dire comme aujourd'hui : elle casse l'ambiance".
Marie laisse ce testament :"Me croyant prédisposée aux longues léthargies, je prie ma fille et les personnes qui assisterons à mes derniers moments, de faire prendre les précautions les plus minutieuses pour constater la mort"