Si l'authenticité de ce curieux texte a parfois été mise en doute, c'est qu'en 1829, puis en 1830, ont paru deux livres de Mémoires attribués aux Sanson.
Eliminons d'abord le premier, intitulé Mémoires de l'exécuteur des hautes œuvres pour servir à l'histoire de Paris pendant le règne de la Terreur, rédigé par Lombard de Langres sous le pseudonyme de M.A. Grégoire. Ce n'est qu'un fatras d'anecdotes, un ramassis de ragots sur la Révolution présenté sous la forme d'un invraisemblable dialogue entre le bourreau et son fils.
Les Mémoires pour servir à l'histoire de la Révolution française, tout aussi apocryphes, présentent pourtant un certain intérêt puisque Balzac, sans doute à court d'argent comme d'habitude, y a collaboré.
Tableau résumant les exécutions qui ont eu lieu à Paris pendant la période révolutionnaire - 14 juillet 1789 au 21 octobre 1796.
Hommes = 2548
Femmes = 370
(P295)
"Quel homme que ce Sanson ! Il va, vient comme un autre ; il assiste quelquefois au théâtre de Vaudeville ; il rit, il me regarde ; ma tête lui est échappée, il n'en sait rien, et comme cela lui est indifférent, je ne me lasse pas de contempler en lui cette indifférence avec laquelle il a envoyé dans l'autre monde cette foule d'hommes, tant du premier que du dernier rang; il recommencerait si... et pourquoi pas ? N'est-ce point là son métier?"
Sébastien Mercier, Paris pendant la Révolution.
(P55)
En effet, ce tableau en même temps qu'il donne le chiffre authentique des victimes de la Révolution montre de quelle manière absolue cette incroyable époque entendit l'égalité, en ne se laissant arrêter, lorsqu'il s'agissait de faire des victimes, ni par l'âge, ni par le sexe, ni par la condition. Le vieillard y coudoie l'enfant, la femme y partage le sort de l'homme, le plébéien celui du noble, le valet celui du maître; c'est bien en effet l'égalité... dans la mort. (P294)
Charles-Henry Sanson n'a que quinze ans lorsqu'en 1754 il doit succéder à son père atteint d'une grave maladie. Le procureur général, au vu de sa constitution vigoureuse et de sa gravité précoce, l'autorise à remplacer provisoirement Jean-Baptiste. Ce n'est qu'à la mort de celui-ci, en 1778, qu'il obtient les lettres de provision qui le nomment exécuteur des hautes et basses œuvre de Paris. (P15)