Elle ne parvenait pas à garder vraiment la notion que cette créature était elle-même.
Ce profil, vu comme à travers des yeux ensorcelés, aurait pu être celui d'un énorme crapaud, et le scintillement de cette métaphore paralysa sa première tentative désespérée d'identification.
De façon vague, elle réalisait qu'elle avait découverte ce qu'elle avait entrepris de découvrir. Elle était effectivement affreuse. Et même plus qu'affreuse.
La métamorphose avait du être progressive, trop lente pour pouvoir dire un jour quelconque : Hier je n'étais pas encore affreuse. Mais même des yeux qui cherchaient à se leurrer ne pouvaient plus nier l'évidence aux effets cumulatifs.
Si lentement... et en même temps si vite.
- Salut, mon Jimmie.
Et soudain le visage jeune s'éclaira de ce merveilleux sourire que seul Jimmie connaissait.
Quand Omere souriait ainsi, le coeur de l'enfant battait plus fort. C'était sans importance qu'il fût prématurément ridé et marqué, et qu'il brillât maladivement sous les pâles lumières du bar. C'était le plus beau visage du monde.
"Mais il me plaît simplement d'observer, de comprendre. Je suis purement une étudiante de l'Histoire, une Toybeean amateure. Je regarde mon navire de fondateur d'empire. Si j'étais mon père, je réparerais les voiles, raccommoderais les cordes et frapperais à des eaux plus claires. Mais, comme je ne suis que moi-même, je dois me contenter d'observer et de prévoir. "
"Prédisez-vous la destruction, Votre Majesté ?" demanda Shimatsu derrière des yeux plissés.
"Destruction de quoi ?" demanda Juana-Maria. "L'âme est indestructible, et c'est tout ce qui compte pour une vieille femme. Quant à savoir si mon chancelier a l'intention de tout détruire…" Elle haussa ses épaules fragiles.
Amatar et Kendrys s’avançaient vers lui .Ils lui souriaient , et les papillons oubliaient les fleurs pour venir faire un halo irisé autour de leurs têtes.