Adressons-nous à l'Art, ce suprême organe de la mémoire humaine; à l'Art qui, parle trait, par la couleur, par l'harmonie de l'idéal et du plastique, conserve ou renouvelle, multiplie et perpétue ce que j'oserais nommer l'essence des formes passagères de la vie.
Voici un livre créé par l'aristocratie du talent, — au prix de quels efforts, de combien de veilles, d'expériences, de sacrifices, vous le saurez tout à l'heure, — pour ajouter une richesse il l'aristocratie de la fortune, de l'élégance et du goût.
Mais que dis-je? Cette œuvre est plus qu'un livre, plus que cent bibliothèques. C'est un monde retrouvé siècle à siècle: monde moins antique, je le veux bien, mais plus profond, plus complet , aussi mystérieux que les fouilles de Ninive, d'Herculanum et de Pompéia.
C'est un immense reliquaire historial, où la religion des grandes choses du passé et le génie patient du travail moderne ont enfin reconstruit, pièce à pièce, pour les rendre par des mains françaises au commun trésor de l'avenir, mille débris d'art exhumés peu à peu du tombeau de treize siècles, et qui retombaient à la même heure au bord du chemin de l'ignorance ou
sous l'épitaphe de nos musées solitaires.
Il n'y a pas longtemps qu'on comprend bien cette utilité, et qu'on rattache l'étude du costume à celle de l'histoire proprement dite : il n'y a pas longtemps que le peintre et le statuaire se préoccupent de la question du costume dans leurs sculptures et leurs tableaux ; il n'y a pas longtemps que l'exactitude du costume est une nécessité de la mise en scène théâtrale; il n'y a pas longtemps enfin que le poète, le dramaturge, le romancier, ne dédaignent plus de donner au costume la place qu'il doit avoir dans toute
composition littéraire où l'on ressuscite les hommes et les mœurs d'autrefois. C'est par le costume , en un mot, que la couleur locale s'est introduite dans les œuvres d'art et d'imagination.