Nobunaga se prit à penser à tout ce qu'il aurait pu finir, si le destin lui en avait laissé le temps. La conquête du Japon était en voie de réalisation. Il aurait pu arracher la paix à ce pays et arrêter les combats. Il aurait pu en faire un pays uni et fort, sous son commandement. Il aurait pu tout changer et rassembler les guerriers sous une bannière unique et les obliger à cesser leurs guerres meurtrières. Oui, c'est vrai, il aurait pu. Mais n'était-ce pas ces guerres et la conquête du pouvoir qui lui avaient tant plu ? N'étaient-ce pas le bruit des batailles et la soumission des autres qui l'avaient motivé durant tant d'années ? Une fois tout cela terminé, quel intérêt aurait-il trouvé à la vie civile ? Était-il vraiment fait pour la paix ? " Non, pas vraiment", pensa-t-il. Juste pour la conquête et les batailles. Le reste, il le laissait aux autres.
Le vieil homme se sentit triste et compatissant pour ces vaincus, morts sans gloire, et sans savoir contre qui ils s'étaient battus. La nouvelle guerre n'était décidément pas glorieuse. Toutes puissantes qu'elles soient, ces armes n'avaient aucun respect pour l'honneur des guerriers, pour leur long apprentissage des armes et pour leur courage devant la mort. Elles fauchaient indistinctement à distance toute forme de vie, mélangeant les animaux et les hommes, les lâches et les braves dans un destin tragique. La victoire avait déjà un goût amer.
Tenka Fubu... "Gouverne tout ce qui est sous le ciel par l'épée !" Ce sera dorénavant ma devise et je ne m'arrêterai de combattre que le jour où elle sera devenue réalité. Quand le Japon sera sous mon autorité et que, un par un, j'aurai mis au pas tous ces seigneurs de guerre, alors cette bannière flottera sur ce pays. Prends cette feuille et fais fabriquer des bannières qui accompagneront mes troupes. Je veux que tout le pays connaisse cette devise et tremble devant elle.
Des yeux, [le Singe] chercha l'oiseau qui apparaissait aux moments clés de sa vie, mais il ne le vit pas. Il en ressentit une certaine déception, tout en se blâmant de croire en cette fable enfantine. Son destin, il l'accomplirait, avec ou sans les kamis* de ce pays, comme il l'avait appris de son maître. Il prit son casque posé sur la table, le fixa sur sa tête, et regardant son aide de camp, lui montra la sortie.
— Saburô, dépêche-toi, le Japon nous attend !
* Kami : nom donné aux nombreux dieux japonais.
Ma passion pour les samouraïs a commencé très tôt, étant enfant. En lisant des livres d’histoire, j’ai découvert l’image de ces guerriers d’exception, craignant plus le déshonneur que la mort et vouant une fidélité absolue à leur seigneur allant jusqu’au sacrifice de leur vie pour lui. Au-delà de l’image prestigieuse du chevalier occidental, le samouraï me semblait projeter encore plus loin la notion d’oubli et de don de soi au profit d’une cause supérieure. Bien plus tard, étudiant, j’ai redécouvert cet univers par hasard et cette fois-ci, j’ai décidé de comprendre mieux les samouraïs à travers l’histoire et la culture du Japon. Ceci est passé notamment par l’apprentissage de la langue.
L'acteur de Nô sur la scène jouait le rôle d'un fantôme revenu du passé pour tourmenter une jeune femme innocente. Les kimonos des acteurs étaient véritablement un plaisir pour les yeux, à la fois simples, comme le veut la tradition, mais également sophistiqués. Les couleurs, dans la lumière des torches, avaient parfois des reflets dorés qui attiraient le regard des spectateurs. La scène illuminée au fond de la nuit avait un aspect étrangement surnaturel.
Sa faible condition de naissance [ Toyotomi Hideyoshi] ne lui avait pas permis d'obtenir le titre de shôgun, mais il avait acquis la maitrise du pays par sa seule volonté et par son seul génie militaire et non par l'héritage que lui aurait donné sa naissance dans une famille noble.
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