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Citation de letilleul


Noël approche. Pas de permission pour les soldats. Clémence désespère et moi, je respire puisque Robert ne rentre pas à Paris. Ici, on prépare les fêtes avec ferveur : tu ne peux imaginer le nombre de colis bourrés de lainages, chocolats, pipes, tabac et gilets de corps qui partent chaque jour sur le front. Dans tous les journaux, on fait appel au dévouement des mères, épouses et sœurs. Travaillez plus, travaillez jusqu’à tomber d’épuisement, travaillez même si vous n’êtes pas payées, la France et vos hommes vous en seront reconnaissants. Les vitrines des grands magasins regorgent de produits en tous genres destinés aux Poilus et à leurs fils. Et bien sûr, les réclames, dans les journaux, vantent mille et un articles destinés à améliorer l’ordinaire des soldats… Clémence a failli acheter des pilules destinées à fortifier le sang de son mari. Heureusement, Marthe l’en a empêchée ! L’une de ses collègues a envoyé des médicaments du même genre à son fils, et il a été malade pendant une bonne semaine.
Je me sens extérieure à tout cela, même si je participe à l’effort de guerre. Chaque mardi et chaque jeudi, je retrouve Blanche et Odile chez Catherine Villepreux pour un thé caritatif. Imagine une douzaine de bourgeoises vêtues de la façon la plus austère possible, qui tricotent, cousent, des vêtements pour les enfants victimes de la guerre. D’après ce qu’elle nous a expliqué, l’idée lui est venue en lisant l’histoire de Denise, une fillette blessée par une bombe à la fin du mois de septembre. La petite a fait preuve d’un courage exemplaire, malgré sa blessure et a demandé aux secours de ne pas inquiéter sa mère. Les journaux se sont emparés de l’histoire et en ont fait une héroïne nationale. Catherine Villepreux s’est sentie « inspirée ». Sa cause en vaut bien une autre. Georgette, qui vit près du Cirque d’hiver, est de plus en plus effrayée par l’afflux de réfugiés belges. Comment les loger ? Comment les nourrir ? Faut-il leur faire confiance ? Pour Catherine, dont la générosité et l’inspiration ont des limites, la réponse est évidente : on ne peut pas accueillir tout le monde, on ne peut se fier à des étrangers.
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