Citations de Charlotte Bousquet (509)
Vivez tant que vous le pouvez
Tournoyez, dansez et aimez,
Oubliez donc vos cœurs seulets,
La mort se moque des regrets
La minuscule chouette entra sans un bruit par la fenêtre ouverte et se percha sur l'étroite barre de bois prévue à cet effet, face au bureau d'Alessio. Elle l'observa en clignant des yeux et poussa un doux chuintement. Il releva la tête vers elle. Un bref sourire anima ses traits las. Il fit le tour de son écritoire, fouilla dans un coffre, en extirpa la friandise attendue et la tendit, paume ouverte, à la messagère ailée. Celle-ci s'en empara avec avidité, laissant au prince tout loisir de saisir l'étui attaché à sa patte. Pas plus grand que le pouce, il contenait un mince ruban de papier couvert d'une écriture trop petite et trop serrée pour être déchiffrée à l'œil nu. Revenant à son secrétaire, Alessio fureta quelques instants avant de trouver ce qu'il cherchait : une énorme lentille. Alors, la plaçant à bonne distance de la missive, il commença sa lecture.
Je sais par expérience que l’opposition frontale, même si elle soulage à court terme, ne mène à rien. Je sais aussi qu’à force de concessions, on finit par oublier ses propres valeurs.
Non. Je ne regrette pas d’avoir dit la vérité. Les non-dits, ça ne mène à rien si ce n’est à la rancœur et à la colère.
(page 137)
Les dernières manœuvres terminées, la trirème s'éloigna. Massée sur l'embarcadère, une petite assemblée assistait au départ du magnifique navire. Sa figure de proue élancée, sculpture d'écume et de bois gris, évoquait une jeune vierge sortant des flots. Ses voiles, comme la bannière argent et nuit de la principauté d'Arachnae, claquait dans le vent. Mouettes et goélands saluaient son départ ; leurs cris moqueurs avaient remplacé les olifants accompagnant le noble cortège et les discours d'adieux, officiels et froids. Le spectacle des trois rangs de rames s'élevant et se baissant au même rythme était hypnotique ; plusieurs personnes comptaient, à voix basse, la cadence régulière.
Le nombre d’animaux sauvages condamnés à mort juste parce qu’ils sont apprivoisés est hallucinant. Et c’est toujours la même histoire : renard, sanglier, chevreuil, ils sont recueillis blessés, vivent leur vie aux côtés de celui ou celle qui les a sauvés ; et puis un jour, les autorités découvrent leur existence au détour d’une indiscrétion des voisins ou d’une dénonciation et les condamnent à mort. Pour punir leurs humains, hors la loi d’avoir été humains, justement. De s’être montrés coupables de sensibilité et d’attachement. C’est dégueulasse. Absurde.
(page 103)
Je comprends qu’il vient de me dévoiler l’origine de cette première blessure ; Une blessure qui l’a affaibli avant que la voiture ne le percute.
Je soupire. J’ai mal pour lui. J’ai mal pour moi.
Je ne sais pas comment dire… J’ai mal à l’humain, surtout. Quand est-ce qu’on arrêtera de détruire au lieu d’apprendre à aimer ? Quand est-ce qu’on arrêtera de détruire au lieu d’apprendre à partager ?
Nola entra dans son échoppe. Comme toujours, les effluves de cuir, d'encre et de papier la rassurèrent. Le chat fila au fond de la pièce, là où elle gardait, dans un gros bahut de bois peint, quelques provisions et une jarre soigneusement fermée. Il miaula jusqu'à ce qu'elle lui donne de la viande séchée et une coupelle d'eau puis, rassasié, grimpa sur le coffre, se roula en boule et ferma ses grands yeux d'or.
A peine était-elle installée que la clochette tinta, annonçant un visiteur.
Il y a une Clara qui n’est ni défaitiste ni blasée, capable de voir la beauté autour d’elle, capable de croire en ses rêves et de prendre le risque de les rendre possibles.
Dreamer (nom qu'elle a donné au loup) serait-il venu jusqu’à moi, sinon ? Il a réveillé en moi l’envie de vivre et de partager, d’avoir confiance en l’autre et surtout d’avoir foi en moi.
(page 112)
Régulation, tu parles ! Comme si les six cents pauvres loups qui vivent dans ce pays étaient une menace ! Quant au reste, me dis pas que les blaireaux et les renards font plus de dégâts que Lubrizol ou les autres usines qui crament ou polluent !
(page 46)
On est dans une vallée paumée, en France. Je n’ai ni flingue à la ceinture ni cigarillo au coin des lèvres. Je ne suis pas ici pour régler mes comptes avec de vieux ennemis ou venger un fiancé/père/frère assassiné. Je suis là parce que je n’ai nulle part où aller.
(page 9)
Des louvetiers. Des tueurs. L’organisation date de Charlemagne, t’imagines ? Le but, l’éradication totale des loups. Sur le Net, tu lis qu’aujourd’hui, ils sont là pour éliminer les nuisibles et réguler la population… Régulation, tu parles ! Comme si les six cents pauvres loups qui vivent dans ce pays étaient une menace ! Quant au reste, me dis pas que les blaireaux et les renards font plus de mal que Lubrizol ou les autres usines qui crament ou polluent !
Une femme au regard délavé, au nez court et droit, nous accueille avec un immense sourire malgré ses cernes et son air fatigué.
(page 25)
Depuis que je suis arrivée ici, je me sens connectée aux loups. J’écoute leurs chants. Je rêve d’eux. Pourtant, au lieu de proposer des solutions et un peu d’aide à Ari, déterminé à tout faire pour qu’on les laisse en paix – et surtout en vie ! - je préfère détourner la tête et regarder mes pieds. Je me fais penser à ces passagers dans le RER ou le métro qui plongent le nez dans leur portable quand une fille se fait harceler ou quand un jeune se fait serrer par la police, juste parce qu’il n’a pas la bonne couleur de peau et porte un sweat à capuche .
Me voici de retour, après un long exil.
Toute le journée, j’ai erré dans cette ville
Qui m’a vu naître ; pourtant j’y suis un étranger,
Aujourd’hui. Le souvenirs des jeunes années
N’étaient que des mirages sans goût ni odeur,
Destinés à me oublier ma douleur.
« Je règne sur cette île, Fausta. J'accomplis chaque jour la volonté de ma sœur. Je ne demeure pas prince, envers et contre tous, par volonté de puissance, mais parce que c'est mon devoir, parce que, d'une certaine façon, renoncer serait trahir la parole donnée à la Triple Déesse, rompre tous mes engagements vis-à-vis du peuple. Cela ferait de moi le pire des criminels que cette île ait jamais vu naître, vous ne croyez pas ? »
(Le prince Alessio à son maître d'armes Fausta).
L’Hiver à ma porte m’emporte tournoyant
De flocons immaculés dans le vent soufflant
Neige et glace. Froidure et congères m’engloutissent ;
Dans un grand linceul blanc tissé de bleu je glisse.
[...] ce qui est difficile, ce n’est pas de se souvenir, c’est de dire.
Alors, quand elle a relevé la tête, rajusté son bonnet en maille et s'est levée, l'air déterminé, forcément... Forcément, j'ai pris de plein fouet son allure de gazelle un peu paumée.
OK. Je comprends ce qui cloche. Et pourquoi Ari a pété un plomb. Raisonnable, protecteur ET condescendant. En trois phrases, Mika a réussi à m’énerver plus encore que son jumeau.
(page 30)