Charlotte Byrd

Ses désirs sont des ordres. Je ne la presse plus. Au lieu de cela, j'essaie de la faire rire. Je fais des imitations, celles que j'ai moi-même apprises à faire via YouTube et celles qui ont toujours bien fonctionné avec ma mère.

Mais c'est ma mère qui m'a toujours encouragée à aller chercher ce que je veux. C'est elle qui a dit que c'était correct de poursuivre le diplôme que je voulais à l'université. C'était elle que je voulais voir mes rêves devenir réalité. Ça me fait me sentir encore pire. Peut-être que j'aurais dû obtenir un diplôme en finance et avoir passé les cinq dernières années à travailler à Wall Street et à envoyer chaque centime de cela à la maison pour lui faciliter la vie, mais la vérité est qu'elle ne l'aurait jamais accepté.

— C'est tellement… irréaliste. En fait, être astronaute est probablement beaucoup plus réaliste qu'être écrivain. De nos jours. Je veux dire, qui diable a encore le temps de lire ? Je n’ai pas raison ? 
— Non, dit-elle sévèrement. Tu te trompes. Il y a beaucoup de gens qui aiment lire et il y a beaucoup de gens qui gagnent leur vie en écrivant. Ce que tu ne sais pas à ce sujet pourrait remplir un océan. 

Ses mains sont douces mais fermes et conscientes. Elles sont délibérées comme le reste de son corps. Il sait manipuler mon corps comme s'il l'avait fait un million de fois auparavant. Il y a une force à cela et le sentiment est complètement désarmant.

Tout le monde veut que je sois quelqu'un d’autre. Mes parents veulent que je sois la fille parfaite et l'héritière parfaite de leur fortune. Mes amies veulent que je sois la petite amie parfaite, quelqu'un qui rit de leurs blagues même quand elles sont stupides, et boit beaucoup trop et discute de ce que tout le monde porte. J'essaie d'être ces choses pour les gens de ma vie, mais la plupart du temps, cela me rend malade. Et plus le temps passe, plus j'ai peur qu'ils découvrent la vérité sur moi.
— Qui est ? 
— Que je ne suis pas leur fille ou amie parfaite, et je ne suis pas intéressée par diriger Tate Media. 
— Et si tu l’étais, dit Henry. Que se passe-t-il alors ? 
Je hausse les épaules. Il attend.
— Je ne sais pas, murmuré-je. Je ressens juste cette énorme pression sur mes épaules tout le temps, d’être cette personne pour tout le monde, cette personne que je ne suis pas du tout. J'ai peur de le dire à qui que ce soit, car la vérité est que je ne sais pas vraiment qui je suis, sauf que je ne suis pas elle.

Son regard est si intense que je ne peux pas m’en détourner. Quand j'essaye, je ne peux pas.

Elle ouvre la bouche plus large et m'embrasse à nouveau. Je goûte à la fois l'air salé et la chaleur de son corps. J'enroule mes bras autour de sa taille et je sens ses doigts et ses ongles s'enfoncer dans mon dos. Elle envoie des frissons le long de ma colonne vertébrale qui affaiblissent mes genoux.

Je regarde juste dans ses yeux et je m'y perds. Elle ouvre un peu la bouche pour dire autre chose et je ne peux m'empêcher de la toucher.
Je touche sa lèvre inférieure avec mon pouce, écartant légèrement ses lèvres. Je me rapproche d'un pouce. Ma main coule le long de son cou puis monte vers ses cheveux. Je penche ma tête vers la sienne et ouvre la bouche.

Au début, je pensais qu'elle était comme les autres. Riche, gâtée et complètement déconnectée de la réalité. Je n'avais aucune intention de lui parler. Oui, elle est jolie, magnifique même, mais il y a plus chez une femme que de la beauté, ou en tout cas il devrait y avoir plus que ça.
Mais en la regardant ce matin-là, j'ai vu qu'elle était différente de ses amies. Elle ne riait pas autant, c'était superficiel au mieux. Elle souriait encore moins. C'était comme si elle était obligée d'être là. C'était comme si elle ne faisait que les tolérer.

N'importe qui d'autre dans sa position essaierait de m'impressionner en m'emmenant dans un restaurant chic cinq étoiles pour fouiller dans la carte des vins. N'importe qui d'autre essaierait de prétendre qu'ils étaient beaucoup plus mondains que ça, même si nous savons tous les deux qu'il travaille comme équipage sur le bateau de mon père.
Mais pas lui.

Il est l'une des seules personnes vraies, c'est le seul gars que j'ai rencontré qui ne m'ait pas ennuyée. Je ne pouvais rien prédire de ce qui allait sortir de sa bouche et j'en veux plus.

Quand je le regarde dans les yeux, je n’arrive pas à me détourner de lui. Il y a quelque chose dans son regard qui m'attire, me convainc même qu'il ne pensait pas du tout que j’étais bête. C'était une véritable tentative de créer lien.

Il est assez mignon et probablement pas stupide, dans une certaine mesure, mais je souhaiterais que les gens ne soient pas aussi prévisibles. Je sais exactement ce qu'il va dire avant qu’il le dise. Je sais exactement sur quoi il va me complimenter et à quoi il va prêter attention. Il n’y a pas de surprise, il sera comme une centaine d’autres personnes que j’ai rencontrées qui n’ont pas retenu mon intention.

Mon père possède un empire médiatique et domine la société new-yorkaise depuis qu'il est entré en scène dans les années 80. Il possède des centaines de bâtiments et de maisons à New York et dans le monde. Tout homme d'affaires qui se respecte veut prendre sa place mais ne peut pas parce qu'il ne démissionnera jamais.

Mon psy pense que je suis déprimée. Elle m'a diagnostiquée un trouble anxieux et un stress post-traumatique et m'a prescrit des médicaments que je ne veux pas prendre. Je suis peut-être déprimée. Mais qui ne le serait pas ? J’ai la vingtaine et je peux faire tout ce que je veux. Le seul problème est que je ne veux rien faire.

Je le regarde de loin. Je sais qui il est même si j’ignore son nom. Il veut probablement tout ce que je possède. Il imagine que ma vie est merveilleuse et amusante et pleine de possibilités dont il ne peut que rêver. Ce qu'il ne sait pas, c'est à quel point je m’ennuie et je me sens seule.

Dans une ville où coucher le premier soir est presque une règle, je suis une licorne.
Et ce n’est pas une bonne chose.
Je hausse les épaules et croise les bras.
Je me sens tellement pathétique.
J’ai presque vingt-six ans et j’ai la maturité sexuelle d’une adolescente de seize ans.

« Tout ce que j'ai écrit sur ce blog était inventé. C'était juste pour s'amuser. Et quand les gens ont commencé à le lire, c'était excitant. J’adorais inventer des histoires de plus en plus folles. »

Le temps passe, mais mes pensées ne se dissipent pas.
Les souvenirs continuent de me hanter.
Il y a cependant des filets de lumière.
Au lieu de l'homme qui m'a attaquée, je me concentre sur l'homme qui m'a sauvée.
Il aurait dû ouvrir la porte plus tôt.
Il aurait dû écouter mes suppliques dès le début.
Mais il a refusé.
Cependant, je suis reconnaissante qu'il soit venu à mon secours lorsqu'il l'a finalement fait.

Au début, je pense que c’est juste un pervers, le genre de gars qui aime mettre les femmes mal à l’aise.
Le genre de gars qui, si vous le confrontez à propos de ce qu’il dit, dira simplement : « oh, je plaisante. »