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Citation de VincentGloeckler


Certains matins, je baisse les volets pour ne pas voir la ville, tout comme autrefois je n’osais pas regarder ma mère malade. Je sais que parfois la mer se réveille tachée de noir ou d’un marron écumeux, comme des ombres qui se répandent du pied de la montagne à la plage. Je sais qu’il y a des enfants des favelas qui plongent et jouent dans l’égout du canal qui relie la mer à la lagune. Je sais que dans la lagune les poissons meurent asphyxiés et que leurs miasmes pénètrent les clubs privés, les palais suspendus et les narines du maire. Je n’ai pas besoin de les voir pour savoir que des gens se jettent des viaducs, que les vautours guettent, que dans les favelas, la police tire pour tuer. Mais tout comme je vénère la femme frivole qui m’a mis au monde, je suis condamné à aimer et à chanter la ville où je suis né. C’est pourquoi, aujourd’hui, maintenant, enfermé dans la pénombre, aux prises avec mon livre, mon livre, mon livre, faisant les cent pas dans le salon exigu de mon appartement, j’affirme que je ne mettrai plus jamais les pieds dehors, même pour y chercher des femmes.
(p.46)
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