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Citations de Chico Buarque (33)


A force de me vouer sans compter à mon métier, écrivant et réécrivant, corrigeant et épurant des textes, mimant chaque mot que je jetais sur le papier, il ne restait guère de mots recherchés pour elle. Devant elle, je n'avais même plus envie de m'exprimer, et quand je le faisais, c'était pour débiter sottises, lieux-communs, phrases insipides, avec des erreurs de syntaxe, des pataquès. Et si une nuit au lit avec elle me venaient aux lèvres des mots adorables, je les réprimais, je les économisais en vue d'un futur usage pratique.
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Maman....quand elle s’était mariée, elle savait très bien ce qui l’attendait. Si elle n’avait pas été une femme courageuse, elle aurait fait demi-tour dès qu’elle était entrée pour la première fois dans la maison de mon père. Je pense qu’alors, à trente ans et quelques, mon père avait déjà la moitié des livres qu’il a amassés tout au long de sa vie. Et, avant ma mère, j’imagine que tout cet amoncellement de livres encombrait non seulement le bureau, mais aussi les deux chambres inoccupées des futurs enfants, sous forme de décombres de pyramides aztèques.
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Je pense toutefois que, pour elle, s’occuper des livres était une vanité aussi simple que bien se coiffer, car au fond elle a toujours su que mon père, tout en étant un mari affectueux, ne la distinguait guère de la bibliothèque.
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Et l'avion réapparut sur la piste, une image lointaine, sombre, statique, qu'accentuait la voix off du commentateur. Avoir des nouvelles de l'avion déjà ne m'importait plus, le mystère de l'avion était occulté par le mystère de la langue qui transmettait les nouvelles. J'avais l'oreille rivée à ces sons amalgamés quand soudain, j'ai repéré le mot clandestin. Lufthansa. Oui, Lufthansa, aucun doute, le locuteur l'avait laissé échapper, ce mot allemand infiltré dans la muraille de mots hongrois, la brèche qui me permettrait de disséquer tout le vocabulaire.
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La même pudeur conduit le type à éviter l'urinoir voisin de celui de Benjamin et à uriner dans la cuvette, laissant la porte ouverte par pudeur de la pudeur.
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Et tout ce dont je me souviendrai maintenant me fera mal, la mémoire est une vaste blessure.
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Jusqu’alors, pour moi, les murs étaient faits de livres, sans leur appui des maisons comme la mienne s’écrouleraient, car même dans la salle de bains et la cuisine il y avait des étagères du plafond jusqu’au sol. Et c’était aux livres que je me cramponnais depuis que j’étais tout petit, dans les moments de danger réel ou imaginaire, comme aujourd’hui encore dans les hauteurs je colle mon dos au mur en éprouvant un vertige. Et quand il n’y avait personne à proximité, je passais des heures à marcher de côté tout contre les étagères, ressentant un certain plaisir à effleurer un livre après l’autre avec ma colonne vertébrale. J’aimais aussi frotter mes joues contre les dos en cuir d’une collection que plus tard, quand elle m’arrivait déjà à la poitrine, j’ai identifiée comme étant les sermons du père Antônio Vieira. Et sur un rayon au-dessus des sermons, j’ai lu à quatre ans mon premier mot : GOGOL.
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Alors une jeune infirmière s’est frayé un passage, elle s’est penchée sur mon arrière-arrière-grand-père, elle lui a pris les mains, a soufflé quelque chose dans son oreille et l’a apaisé ainsi. Puis elle a passé légèrement les doigts sur ses paupières et a recouvert avec le drap son visage autrefois beau
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Mais deux personnes ne s’équilibrent pas longtemps côte à côte, chacune avec son silence ; un des silences finit par absorber l’autre, et alors je me suis tourné vers elle, qui semblait m’avoir oublié. J’ai continué de scruter son silence, à coup sûr plus profond que le mien, et d’une certaine façon plus silencieux. Nous sommes restés ainsi une autre demi-heure, elle refermée sur elle-même et moi immergé dans son silence, essayant de vite lire ses pensées avant qu’elles ne se changent en mots hongrois.
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Chico Buarque
Pedro pedreiro penseiro esperando o trem
Manhã parece, carece de esperar também
Para o bem de quem tem bem de quem não tem vintém
Pedro pedreiro fica assim pensando
Assim pensando o tempo passa e a gente vai ficando prá trás
Esperando, esperando, esperando
Esperando o sol, esperando o trem
Esperando aumento desde o ano passado para o mês que vem
Pedro pedreiro penseiro esperando o trem
Manhã parece, carece de esperar também
Para o bem de quem tem bem de quem não tem vintém
Pedro pedreiro espera o carnaval
E a sorte grande do bilhete pela federal todo mês
Esperando, esperando, esperando, esperando o sol
Esperando o trem, esperando aumento para o mês que vem
Esperando a festa, esperando a sorte
E a mulher de Pedro, esperando um filho prá esperar também
Pedro pedreiro penseiro esperando o trem
Manhã parece, carece de esperar também
Para o bem de quem tem bem de quem não tem vintém
Pedro pedreiro tá esperando a morte
Ou esperando o dia de voltar pro Norte
Pedro não sabe mas talvez no fundo
Espere alguma coisa mais linda que o mundo
Maior do que o mar, mas prá que sonhar se dá
O desespero de esperar demais
Pedro pedreiro quer voltar atrás
Quer ser pedreiro pobre e nada mais, sem ficar
Esperando, esperando, esperando
Esperando o sol, esperando o trem
Esperando aumento para o mês que vem
Esperando um filho prá esperar também
Esperando a festa, esperando a sorte
Esperando a morte, esperando o Norte
Esperando o dia de esperar ninguém
Esperando enfim, nada mais além
Da esperança aflita, bendita, infinita do apito de um trem
Pedro pedreiro pedreiro esperando
Pedro pedreiro pedreiro esperando
Pedro pedreiro pedreiro esperando o trem
Que já vem
Que já vem
Que já vem
Que já vem
Que já vem
Que já vem
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...je dois reconnaître que parfois maman faisait preuve d’une innocence excessive, car laisser à la vue d’un collectionneur des œuvres aussi précieuses, avec leurs couvertures en cuir poli à la cire d’abeille, revenait presque à parer des anges à l’intention d’un pervers.
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« J’ai renoncé à l’excursion, je suis remonté dans ma chambre, je me suis allongé sur le lit et j’ai ouvert le dépliant, une carte illustrée de la ville, avec des rues blanches sur fond beige, des jardins nuancés de vert et le Danube bleu. (…). Si je choisissais d’emprunter une transversale, j’étais à deux doigts du centre historique de Buda, un ensemble irrégulier de rues, frappé d’autres flèches, et de cercles de diverses couleurs, et de croix signalant les églises, et d’astérisques renvoyant à un index avec des explications, je voulais promener calmement mes yeux sur cet ensemble urbain. (…) cheminer ainsi sur une carte ne m’ennuyait pas, peut-être parce que j’ai toujours eu la vague sensation d’être moi aussi la carte d’une personne »
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Cette femme qui est arrivée pour me voir, personne ne croit que c'est ma fille . Elle est devenue tordue comme ça et détraquée à cause de son fils.Ou de son petit-fils, maintenant je ne sais plus très bien si le gamin était mon petit-fils ou arrière petit-fils ou quoi. A mesure que le temps futur rétrécit, les personnes plus jeunes doivent s'empiler tant bien que mal dans un recoi de ma tête. En compensation, pour le passé j'ai un salon de plus en plus spacieux, où tiennent aisément mes parents, grands parents, cousins éloignés et camarades de facculté que j'avais déjà oubliés, avec leurs salons respectifs remplis de parents et parents par alliance et de pique-assiette avec leurs maitresses, plus les souvenirs de tous ces gens-là, jusqu'à l'époque de Napoléon.
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Jusqu’à ce que je frappe à la porte d’une pensée vide qui m’entraînera vers les profondeurs où je rêve d’habitude en noir et blanc
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Les voix hongroises vibraient autour de moi, sans se douter qu’elles exposaient leurs secrets à un intrus. Et du fait d’ignorer les significations, je percevais les inflexions de la langue avec plus de netteté ; j’étais attentif à chaque réticence, chaque hésitation, à une phrase interrompue, à un mot coupé en deux comme un fruit dont j’aurais pu examiner l’intérieur.
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A mes oreilles, le hongrois aurait pu tout aussi bien être une langue d’une seule pièce, qui n’était pas constituée de mots et dont on n’avait la connaissance que dans son intégralité.
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Je n’ai pas regardé de miroir depuis si longtemps qu’il me prend pour quelqu’un d’autre.
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Ce n’est pas exactement un visage, mais l’identité d’un visage […]. Je dois surprendre en lui une imprudence, une impatience qui le démasque […].
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Un mot ? Faute de la moindre notion de l'aspect, de la structure, du corps même des mots, je n'avais aucun moyen de savoir où commençait et finissait chacun d'eux. Impossible de les détacher les uns des autres, c'eût été comme prétendre découper un fleuve au couteau. A mes oreilles, le hongrois aurait pu tout aussi bien être une langue d'une seule pièce, qui n'était pas constituée de mots et dont on n'avait la connaissance que dans son intégralité.
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J’ai traversé le bureau des jeunes rédacteurs, dans un silence tel que j’ai cru entendre un bruit d’yeux me suivre.
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