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Citation de Katshaa


- Je m'appelle Archibald. Me direz-vous enfin votre nom, fiancée de Thorn ?
Ophélie récupéra sa main et effleura des doigts les coquelicots. Quelques pétales rouges se décrochèrent à ce contact. L'illusion était vraiment parfaite, plus réussie encore que le parc de Bérénilde.
- Denise. Et pour votre gouverne, je suis déjà à un homme de ma famille. Je ne suis que de passage ici. Je vous l'ai dit, vous me prenez pour une autre.
Le sourire d'Archibald vacilla. Prise d'une inspiration subite, Ophélie avait improvisé ce joli mensonge. Comme elle ne pouvait plus nier qu'elle était Animiste, autant se faire passer pour une parenté. Le plus important, c'était d'empêcher coûte que coûte cet homme d'établir un lien entre elle et Thorn. Elle avait déjà le sentiment d'avoir commis une bêtise irréparable, aussi ne devait-elle pas aggraver sa situation.
Archibald considéra en silence, sous sa cape en auvent, le visage impassible d'Ophélie comme s'il cherchait à percer ses lunettes noires. Pouvait-il s'entendre les pensées ? Dans le doute, Ophélie se récita en boucle une coltine d'enfance.
- Madame, donc ? dit Archibald d'un air pensif. Et quelle est votre relation avec la fiancée de Thorn ?
- C'est une proche cousine. Je voulais connaître l'endroit où elle va vivre.
Archibald finit par lâcher un profond soupir.
- Je vous avoue que je suis un peu déçu. Il aurait été follement amusant d'avoir la promise de Thorn sous la main.
- Et pourquoi cela ? demandra-t-elle avec un sourcillement.
- Mais pour la déflorer, bien entendu.
Ophélie battit des paupières. C'était la déclaration la plus inattendue qu'on lui avait jamais faite.
- Vous aviez l'intention de forcer ma cousine dans les hautes herbes de ce jardins?
Archibald secoua la tête d'un air exaspéré, presque offensé.
- Me prenez-vous pour une brute épaisse ? Tuer un homme ne me fait ni chaud ni froid, mais jamais je ne lèverai la main sur une femme. Je l'aurai séduite, pardi !
[...]
- Mais si vous êtes là, votre cousine n'est en réalité pas si loin. Accepteriez-vous de me la présentez ?
Ophélie pensa aux ouvriers des entrepôts quelques étages plus bas, à leurs épaules harassées, aux caisses qu'ils embarqueraient et débarqueraient jusqu'à leur mort. En quelques battement de paupières elle éclaircit ses lunettes jusqu'à leur transparence, de façon à pouvoir regarder Archibald droit dans les yeux.
- Vraiment, monsieur, vous n'avez rien d'autres à faire de vos dix doigts ? Il faut que votre existence soit vide !
Archibald parut complètement pris au dépourvu. Lui, qui se montrait si loquace, ouvrit et referma la bouche sans rien trouver à répondre.
- Un jeu, vous avez dit ? reprit Ophélie d'un ton sévère. Parce que déshonorer une jeune fille et frôler l'incident diplomatique, ça vous amuse, monsieur l'ambassadeur ? Vous êtes indigné des responsabilités qui incombent à votre charge.
Archibald fut frappé d'une telle stupeur qu'Ophélie crut que son sourire allait se décrocher de ses lèvres pour de bon. Il écarquillait les yeux sur elle comme s'il l'a voyait différemment.
- Il y avait longtemps qu'une femme ne m'avait pas parlé de façon aussi sincère, déclara-t-il enfin, perplexe. Je ne saurais dire si ça me choque ou si ça me charme.
- De la sincérité, vous n'en manquez pas non plus, murmura Ophélie en fixant un coquelicot solitaire qui poussait entre deux pavés. Ma cousine sera avertie de vos intentions.

Fini l'extrait et pardon pour les fautes !
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