Rien ne semble la décourager. Come rien ne semble entacher sa bonne humeur. Elle arbore en permanence une sorte de petit sourire heureux.
Un jour, une fille a cru qu'elle pourrait le sauver. Elle s'est heurtée à la terrible évidence : on ne peut rien faire avec des cendres. Elle en a souffert, pas lui.
Avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, deux énormes pattes se jettent sur sa poitrine. Elle chancèle et recule de quelques pas, s'approchant dangereusement du bord du quai. Son regard croise celui d'un énorme molosse.
Elle hurle.
Le chien prend probablement ce cri pour de la joie, var il lui lèche le visage de sa langue râpeuse, pleine de bave.
C'est bien là le problème, elle ne profite pas de la vie. Jamais. Elle se contente de rester cachée derrière de solides murs pour éviter toutes les choses qui lui font peur, c'est- à- dire 95% de ce qui constitue cette planète.
Sur le trajet qui les conduit à la vallée de Glencoe, Léo n'a pas le cœur à écrire. La tête appuyée contre la fenêtre, elle est plongée dans ses pensées, les yeux rivés sur la nuque de Logan, assis à l'avant du car. Elle se sent ballotée par ses sentiments, comme un bateau pris dans une tempête.
« Il sait que tout ce qu'il a tenté ces quinze dernières années n'a pas fonctionné. Il sait que peu importe la distance qu'il y mettra, rien ne pourra changer ce qu'il ressent. En la voyant face à lui à cet instant, il sait qu'il ne cessera jamais de l'aimer. Pour toujours. À jamais. »
Logan regarde l'océan à son tour et un léger sourire étire sa bouche. Léonie observe son profil. Tout son visage se transforme lorsqu'il regarde l'étendue bleue. Il se dégage de lui une force inébranlable et une sensibilité cachée.
« Sur la page, devant mes yeux ébahis, les mots s’animèrent. Les uns à la suite des autres telle une armée de soldats marchant au pas, ils se déplacèrent, doucement d’abord puis
de plus en plus vite, jusqu’à former un tourbillon de mots qui m’aspira. Prise dans cette folie et incapable de m’en échapper, j’étais malmenée, ballottée comme si je me trouvais dans le tambour d’une machine
à laver en plein essorage. Impossible de me raccrocher à quelque chose pour me stabiliser, je ne pouvais rien faire d’autre qu’attendre que ce cauchemar cesse.
Surprise, je bondis du siège et me précipitai à l’endroit exact où il se tenait quelques instants plus tôt. Plus aucune trace. Il s’était volatilisé et personne n’avait rien vu. Personne sauf moi.
Tout à coup, le pendentif vibra contre ma peau et la lumière se fit dans mon esprit. C’était l’homme que j’avais croisé lors du deuxième voyage, l’homme qui m’observait dans la rue bondée.
Et il en était un lui aussi.
Un voyageur …
Elle s'est souvent demandé ces derniers temps, si elle n'avait pas perdu sa capacité à aimer. Peut- être que le cœur a une limite à supporter la douleur, et qu'une fois atteinte, il se referme pour toujours.