Aujourd'hui je répète seul avec Janet.
Assis contre le mur, je tape mes deux morceaux de fer l'un contre l'autre. Le son rappelle vaguement celui d'une cymbale. J'essaie de garder un rythme régulier. Janet, debout au milieu de la cour, se laisse bercer par le rythme avant de commencer à chanter:
"Wake up, wake up
got to have
Kaya love, kaya love..."
Une chanson de Bob Marley, bien sûr.
Il a vécu dans ce quartier. Il y revient souvent pour voir ses potes. Depuis le succès de son dernier album, Burning, tout le monde se laisse pousser les cheveux, essayant de lui ressembler.
Moi comme les autres.
Je n'ai pas encore réussi à assister à une répétition. Trop de légumes à éplucher. De la cuisine, je les entends. Ils font comme Peter, Janet et moi: ils jouent le même morceau pendant des heures. Je commence à connaître toutes les paroles. C'est Bob qui les écrit, il raconte la vie dans le ghetto, la souffrance. Il parle de la révolte mais aussi de Dieu, de la religion rastafari. Quand j'écoute ses paroles, j'ai l'impression de ne plus être un gamin du ghetto, mais d'appartenir à un peuple élu de Dieu. Et je me sens fort.