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Citations de Christine Sagnier (36)


Je me souviens, c'était à la mi-temps du jour, à ce moment précis où le soleil commence à décliner. L'air du jardin était une gourmandise et embaumait la rose, et le bleuet et les feuilles de figuiers. Partout, les oiseaux pépiaient et les insectes butinaient.
Le vent s'enroulait autour de moi et charriait un parfum de fleur d'oranger qui m'invita à rebrousser chemin.
(Incipit)
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Ah ! les souvenirs, j'en ai à la pelle, mais pas toujours des meilleurs. A croire que mon cerveau a été réinitialisé à la manière d'un ordinateur. Tous les bons moments se sont effacés. Ne restent que les bagarres et les trahisons.
(p. 107)
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Honnêtement, qu'est-ce qui différencie le patient du visiteur [dans un hôpital psychiatrique], si ce n'est la goutte qui fait déborder le vase et la pression sauter la cocotte ?
(p. 65-66)
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QUI SUIS-JE ? On me dit Ange de l'abîme qui conduit à la faute, artisan de toutes les désunions, maître du soupçon, as du mensonge. Pourquoi ? Je suis vieux aujourd'hui, plus vieux que l'humanité. Ne suis-je pas apparu le quatrième jour de la création ? En même temps que la lumière. Et comme la lumière éclaire la terre, j'éclaire le cœur de I'homme et dévoile sa part d'ombre.
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[...] les cauchemars, c'était désormais à notre tour d'en être victimes, cauchemars éveillés lorsque, enfermés dans notre chambre, portefeuilles et chéquiers sous l'oreiller, nous passions des heures aux aguets - sortira-sortira pas ?, rentrera-rentrera pas ? - à l'écoute du moindre grincement de parquet, du claquement de porte le plus sec, signe que notre adolescent débordait de vitalité. Ainsi vont les nuits des parents qui ont perdu toute autorité. Et je vous épargne les réveils en sursaut lorsque le téléphone sonne à pas d'heure et qu'un agent de police à la voix morne vous somme, oui vous somme, de venir récupérer votre rejeton mineur et fortement alcoolisé, ou bien même vous enjoint de l'y rejoindre dès potron-minet au prétexte qu'il a déposé plainte pour mauvais traitements. Contre vous, la plainte !, détail qui ne vous est transmis qu'une fois sur place évidemment.
(p. 22-23)
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QUI SUIS-JE ? Vous avez tant et tant écrit mon propos que la tête me tourne ; je perds Ie fil de cette histoire qui est la mienne. Vous m'avez dressé de si nombreux portraits que mon visage ressemble à ces boules aux multiples facettes qui brillent sous Ie feu des lumières provoquant un kaléidoscope d'impressions fugitives... Qui suis-je ? Dites le-moi, je vous dirai qui vous êtes.

La nuit est royaume, Ie feu, mon élément, tout autant que la glace qui entoure mon cœur. Celui-ci est figé depuis des temps immémoriaux. Qui m'a gratifié d'un pareil destin, haï, craint, moqué aussi, est-ce vous ou votre Dieu, dontje fus pourtant le plus honnête serviteur ? Archange parmi les archanges, au plus haut de la hiérarchie céleste ; je me tenais à sa gauche. Ange de la mort, écrivez-vous ; mais je n'étais pas le seul. Michel était mon pendant, à la droite du Tout-Puissant. A sa droite toujours, car la gauche m'était dévolue, comme tous ceux parmi vous qui ont péché. A moi de leur annoncer leur trépas. A Michel, le soin d'accompagner les vertueux au paradis.

(INCIPIT)
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La vie est comme une noix de coco suspendue à la branche, elle se balance au gré du vent, jusqu'au jour où un courant d'air mauvais la jette à terre. La mienne de vie pesait bien moins lourd qu'une noix de coco, et je n'avais rien du charme tendrement exotique de ce fruit. Du charme, je n'en avais pas, le pelage rêche et terne, d'une teinte indéfinissable tirant vers le gris, grêlé de taches tout aussi indéfinissables, souvenirs de restes de nourriture que l'on m'avait lancés et qui avaient malencontreusement atterri sur mon dos. Mais mieux vaut recevoir une tête de poisson sur le poil qu'une pluie de cailloux. Pour finir, j'étais affublée d'une queue en accordéon - des angles droits en lieu et place des circonvolutions du seyant tire-bouchon - et de grandes oreilles, longues et plates, qui me valurent plus tard le nom de Yoda, les amateurs de science-fiction comprendront.
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En ménage, mieux vaut crever immédiatement l'abcès, car le silence, quand il se prolonge, prend des allures de reculade honteuse ou de bouderie puérile. Aussi décidai-je rapidement de quitter ma tanière pour affronter Zohia que je trouvai en train de lire tranquillement dans le salon - ou bien ruminait-elle sa rage en compulsant les pages d'un journal. A ses pieds, la meute au complet, tel un tapis de fourrure. Sûr qu'en se rassemblant autour d'elle, les chiens espéraient tempérer son humeur explosive. Et oui, je crois aux vertus relaxantes des bêtes.
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Cher Monsieur,

De retour d’un invraisemblable voyage en Inde, je tiens à
vous manifester ma stupéfaction. Les pages de votre guide sont un ramassis
d’erreurs grotesques aux conséquences incalculables pour le voyageur confiant qui, comme moi, a cru au sérieux de vos investigations. Aussi, quoique encore affaibli, je me dois de vous signaler au plus vite ces multiples inepties et lacunes, en espérant que vous les corrigiez rapidement, afin d’éviter à d’autres malheureux un sort qui pourrait s’avérer plus funeste que le mien. En effet, pour le voyageur candide qui met ses pas dans les vôtres, le rapatriement sanitaire est au bout du chemin. Pire, la camisole de force. Et je pèse mes mots. Car vos itinéraires relèvent du rite initiatique pour routards suicidaires, or le globe-trotter lambda en attente d’observations objectives s’y trouve littéralement pris au piège. Croyez-moi, j’ai vu le vrai visage de l’Inde : le sourire du gourou derrière le chant de la sirène. Aussi pour la sécurité - et la santé - de vos lecteurs et concitoyens, je vous serais reconnaissant de bien vouloir me lire jusqu’à la dernière ligne, alors peut-être comprendrez-vous la portée de vos négligences
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Les blasés de la vie devraient venir en Inde. Frôler la mort à chaque seconde leur ferait comprendre ô combien l'existence est précieuse. Les suicidaires n'auront qu'à laisser faire le hasard en attendant la délivrance
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JE ME SOUVIENS, c'était à la mi-temps du jour, à ce moment précis où Ie soleil commence à décliner. L'air du jardin était une gourmandise et embaumait la rose, et le bleuet et Ies feuilles de figuiers. Partout, les oiseaux pépiaient et les insectes butinaient.
Le vent s'enroulait autour de moi et charriait un parfum de fleur d'oranger qui m'invita à rebrousser chemin. Là, ce fut une explosion de senteurs enivrantes. Je m'accroupis sous un arbre au milieu de l'herbe grasse et j'observai. Au loin, un singe voyageait à dos d'éléphant tandis qu'une laie traversait la prairie avec ses marcassins sans s'attarder devant le tigre qui marchait à cloche-pied. Tous convergeaient vers le fleuve où s'abreuvaient déjà une licorne - à moins que cela fût un mouflon - et quelques chèvres qui allaient bientôt être rejointes par une girafe.
(INCIPIT)
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Qui est l'usurier ?
Les seigneurs qui manquent d'argent s'en font prêter par l'usurier, mais ils devront rembourser plus qu'ils n'ont emprunté : ce sont les intérêts. L’Église décrète que l'usure est un vol qui contredit l’Évangile de Jésus-Christ. Pour l’Église, les riches doivent prêter leur argent afin d'aider les plus pauvres, et non pour s'enrichir. Les chrétiens n'ont donc pas le droit de prêter de l'argent avec des intérêts.
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Fidèle à moi-même, je me suis ressaisi. Puisque j'étais au coeur de cette mégalopole, j'allais tâter le pouls de la grande puissance émergente dont on nous rabat des oreilles, admirer les gratte-ciel qui, comme vous l'écrivez, dominent la ville de leurs plus beaux atours, m'ébaudir les pieds dans le sable à Chowpatty Beach, poétiquement "surnommé collier de la reine du fait des mille lumières qui illuminent le front de mer à la nuit tombée". Ce sont vos propres mots.
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Sur les traces des homininés

Pour les historiens, il n'est pas aisé de déterminer les toutes premières origines de l'homme. Ainsi vont-ils de surprise en surprise. Chaque nouvelle ossement découvert s'avèrent plus ancien que le précèdent et remet en cause les hypothèses de la veille.
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Papy préféré qui passait la semaine avec nous.
- Mais Papa, tu ne va pas rester à la maison, a rétorqué Maman. Papy semblait aussi ravi que Tom... Mais il n'avait pas le choix, parce que Maman dit que c'est un ours et qu'il a besoin de sortir de sa tanière. Moi, je dirais plutôt que c'est un gros nounours.
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Vous me connaissez désormais, je suis plutôt adepte de la non-violence, mais lorsque les nerfs craquent, les grands principes explosent.
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De retour d'un invraisemblable voyage en Inde, je tiens à vous manifester ma stupéfaction. Les pages de votre guide sont un ramassis d'erreurs grotesques aux conséquences incalculables pour le voyageur confiant qui, comme moi, a cru au sérieux de vos investigations.
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« On ne met pas de mots sur les maux. » À quoi je faillis répliquer « Dommage, car les mots pansent les maux », mais il était vain que je m'abaisse à ce petit jeu, d'autant qu'assis à nos côtés, notre Roméo comateux n'avait besoin d'aucun mot pour nous maudire pour tous ses maux.
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La sincérité devient un gros défaut à l'instant où l'on pénètre dans le cabinet d'un psy.
Je lus sur son front comme on lit sur un prompteur : « Cas typique du deuil de la maternité non fait d'où découle une trop forte attente d'un enfant de soi, et donc à soi, qui place le sujet dans l'impossibilité de considérer un autre enfant comme le sien. »
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Attendre, attendre, attendre... nous n'en étions pourtant qu'au début d'une infinie suite d'attentes : attente d'entretien, attente de diagnostic, attente de réconfort, celle-là mieux valait la mettre en sourdine, car si les psychiatres, professeurs ou simples affidés, psychologues, infirmiers, psychomotriciens, se pressent et s'empressent autour du malade, le parent, lui, doit se débrouiller avec des réponses en forme de questions, des questions en forme d'accusations, des silences, des hochements de têtes, des « oui, et alors... », des « hmm, continuez », mais d'empathie, pas même un début. Quant au diagnostic, zéro.
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