Christine de Védrines -
Nous n'étions pas armés, les reclus de Monflanquin .
Christine de Védrines vous présente son ouvrage "
Nous n'étions pas armés, les reclus de Monflanquin" aux éditions Plon. Préface de
Daniel Zagury. http://www.mollat.com/livres/vedrines-christine-nous-etions-pas-armes-les-reclus-monflanquin-9782259220880.html Notes de Musique : The Debussy Edition 15 L'Isle joyeuse
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Nous sommes tous restés fidèles à nos valeurs familiales et chrétiennes d’honnêteté, de courage, de pureté de cœur, d’humilité, de sacrifice et de dépassement de soi. C’est notre force de frappe ! Je pourrais même parler de l’idéal de la chevalerie, si ce n’était pas aussi désuet !
Tilly est un escroc qui, en plus du reste, présente un profil psychologique terrifiant, un pervers narcissique. La manipulation à outrance devient son arme favorite. Il séduit, puis contrôle, étouffe afin d’obtenir ce qu’il veut (c’est-à-dire ce qui vous appartient). Enfin, il détruit.
La technique du chaud et du froid. Tous les protagonistes décrivent des périodes de disgrâce puis d’accalmie, de destructivité puis de réparation. Comme la mère des premiers temps de la vie qui faisait alterner comblement et frustration, Thierry Tilly savait se montrer magnanime et accorder des gratifications après la sévérité punitive. C’est une manière de maintenir des liens d’asservissement car se montrer continûment hostile finit par entraîner la rupture.
Le mythomane mystificateur, quand il trouve des oreilles complaisantes, devient le centre d’une suggestion collective à grand rayonnement. Il a pu ainsi satisfaire sa cupidité et, après sa chute, il tente contre toute vraisemblance de s’accrocher aux défroques de ce personnage, agent d’un jour.
Les regrets ne servent à rien mais nous avons besoin de comprendre…
Nous appartenons à une famille où l’on ne fait pas beaucoup de compliments. Quand tout va bien, c’est normal. Quand il y a une erreur de faite, les critiques et les jugements peuvent être assez sévères. Dans une famille où l’esprit de clan est assez fort j’avais besoin, à l’époque, de cette reconnaissance.
L’adversité rend toujours plus fort. L’énergie de mes vingt ans est intacte, mais j’ai la maturité en plus ainsi qu’une force à déplacer des montagnes, avec tout simplement la volonté d’être heureux, sans aigreur, et une véritable confiance en l’avenir. Parfois, les blessures ressurgissent, mais comme tout le monde, on apprend à vivre avec et on avance en essayant simplement de profiter de ce que la vie nous offre.
Se trouver face à son fils au tribunal est une chose étrange, violente et odieuse. D’autant plus qu’au fond de moi je sais que les griefs reprochés sont faux et que, même s’ils étaient vrais, ce n’est pas l’endroit pour les résoudre.
Aujourd’hui, je suis un peu cassé mais pas détruit, le ressort est distendu, cependant la résilience est en route.
Souvent venu de loin, parfois de l’étranger, chacun exprimait à sa manière son besoin d’être compris, mais aussi de comprendre, après dix ans d’une terrible expérience de descente aux enfers. Comme tout un chacun, avant d’être psychiatre, je suis un citoyen qui regarde la télévision, écoute la radio et lit les journaux. J’avais donc naturellement mes préjugés et j’imaginais une famille de vieille noblesse dégénérée, accrochée à ses mythes grandioses de gloire passée, roulée dans la farine par un escroc. Je les pensais donc naïfs, peu intelligents. A ma grande surprise, j’ai rencontré deux générations d’hommes et femmes plutôt unis, quels que soient les conflits et blessures qui traversent n’importe quelle famille.