Quand, le 15 juin 1940, le drapeau nazi s'élève par-dessus les toits du château, dans le ciel de Versailles, ce n'est pas seulement le symbole de l'histoire de la France qui vacille, c'est, pour les ennemis, l'étendard de la revanche qui s'impose. La signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919, après l'avènement du IIe Reich dans la galerie des Glaces le 18 janvier 1871, a fait du château de Versailles l'incarnation des luttes fratricides entre la France et l'Allemagne.
Les Allemands étant désormais seuls autorisés à photographier librement l'espace public dans cette zone occupée du Nord et de l'Ouest de la France, une écrasante majorité des clichés dont nous disposons aujourd'hui émane directement de l'occupant ou des agences photographiques accréditées par ses services, valorisant la collaboration franco-allemande par l'intermédiaire de la presse écrite.
À la demande des autorités allemandes, la galerie des Glaces est remise en état dès le début de l'année 1941. La disparition des cloisons coupe-feu et des niches, couplée à la réinstallation des décors ornementaux, permet de dater un grand nombre de photographies prises en ce lieu sous l'Occupation.
Le 11 mai 1940, soit au lendemain de l'offensive allemande, une photographie aérienne du domaine est prise depuis un avion de la Luftwaffe, puis classée au milieu d'un grand nombre de clichés. Ces derniers, cependant, concernent des sites de nature industrielle, ferroviaire ou aéroportuaire, et répertorient les « attaques à mener sur des cibles ennemies ».