Un nouveau cycle de conférences invite historiennes et historiens à exposer leurs méthodes et outils de travail afin d'interroger la façon dont ils écrivent l'histoire, entre faits et interprétation.Avec Claire Gantet, professeure d'histoire moderne à l'université de Fribourg, Mareike König, directrice adjointe de l'Institut historique allemand à Paris.
Conférence enregistrée le 13 octobre 2021 à la BnF I François-Mitterrand
Les gouvernants ont bien été conscients de s'adresser à un public. Mais ils ne se sont pas imaginé, pour autant - et même durant la Glorieuse Révolution -, qu'il pût exister une opinion publique pleinement indépendante de la volonté du souverain. Le public qu'ils se représentent est une entité passive et ignorante, une sorte de cire molle propre à être instruite, façonnée, voire manipulée, selon les intérêts du moment. Elle ne peut donc agir comme une force politique autonome et se voit imputer les défauts que les théoriciens du temps attribuent aux opinions particulières, synonymes de caprices et de préjugés. De cette conception du pouvoir et de la représentation politique, découle l'importance accordée à la propagande, que l'on peut définir comme l'image partiale d'une situation historique, biaisée par la perception d'une menace, et adressée à un adversaire. Elle lie trois acteurs - les gouvernants, les pouvoirs intermédiaires ou locaux, et, à travers eux, le peuple - et se décline à trois niveaux : l'information, la guerre de l'imprimé, et l'usage, délicat, des images.
La propagande
Ce livre s’assigne pour dessein de sonder les voies par lesquelles les institutions spécifiques du Saint-Empire façonnèrent une culture politique, juridique, religieuse et intellectuelle qui finit par être identifiée à l’Allemagne, et comment les contemporains, sans cesse, se définirent face à elle en infléchissant ses organes et ses traditions.
Introduction
Au total, il convient de nuancer le tableau d'une xénophobie croissante au fil du siècle, fruit de la fixation de fronts confessionnels et politiques. Au quotidien, en dehors des crises conjoncturelles, l'étranger semble plus intégré que rejeté. [...] Le vie économique, au XVIIe siècle, est en effet structurée par des migrations saisonnières considérables; des différences de style de vie peuvent séparer des provinces, mais pas une véritable xénophobie. Lorsque celle-ci s'exprime, elle a un fondement plus religieux que proprement racial. Les images de l'autre sont le plus souvent ambivalentes, faites à des degrés divers de haine et de fascination mêlées, et répondent à des interrogations internes. [...] la xénophobie apparaît en un sens comme la projection sur autrui d'une crise de confiance complexe, liée aux tensions sur la définition de l'identité nationale.
Les perceptions de l'étranger
(...) destiné à servir de manuel et d’instrument de travail, ce livre présente une bibliographie internationale.
Introduction