Clare Pooley

Tu possèdes une telle énergie... Un vrai soleil ! Quand tu t'intéresses à quelqu'un, tu tournes tes rayons vers lui, et il s'épanouit dans ta chaleur. Puis tu vas rayonner ailleurs, et la personne que tu délaisses reste dans l'ombre, désemparée. Elle cherche à recréer le souvenir de ta lumière - mais toi, tu es déjà loin !

Et d'abord, que savait-il d'elle, ce blanc-bec ? Comme les policiers et les médecins, au fil des ans, les rédacteurs en chef du magazine lui semblaient de plus en plus jeunes. Celui-ci, aussi improbable que cela puisse paraître, avait été conçu après la naissance d'Internet. Il n'avait pas connu le monde des téléphones branchés à une prise murale et des recherches sans fin dans les volumes de l'Encyclopaedia Britannica.

En effet, on comptait là des centaines de photographies encadrées les montrant pendant leurs années de légende, posant aux côtés de célébrités telles que Sean Connery ou Madonna. De temps à autre, on remarquait un espace vide, pareil à une dent manquante dans une dentition éclatante : certains clichés avaient été otés - ceux où figuraient des personnages dont le passé s'était révélé un peu trop malsain. Iona tenait à ce qu'ils soient consignés au fond d'un tiroir fermé à clé, afin de bien réfléchir aux conséquenses de leurs actes.

Les Anglais, décida Riley [ Australien ], étaient comme leur météo : changeants et imprévisibles. Compliqués.

Piers songea aux amis que Candida avait conviés à leur dernière soirée : des avocats, des banquiers, des gestionnaires de fonds spéculatifs, des capital-risqueurs, des PDG, mais aussi des publicitaires, histoire d'ajouter du piquant. Pas un seul professeur. Ils auraient été dévorés vivants.

– Et si ça ne marche pas ?
– C'est ne rien tenter qui serait une erreur, mon garçon. Ce serait s'assurer d'aller droit à l'échec. L'amour est le plus grand risque qui soit, mais une vie sans amour n'a aucun sens.

Tu sais, avant, je travaillais aux urgences de l'hôpital. J'ai souvent vu arriver des femmes dont le compagnon était " assez jaloux". Toutes me racontaient un scénario identique : après des mois d'amour-passion, il commençait à leur dicter leur façon de s'habiller, vérifiait leurs allées et venues, leurs fréquentations, leur compte en banque. Ensuite, si elles ne se pliaient pas à ses exigences, elles finissaient par " tomber dans l'escalier" ou "se cogner la tête contre l'angle du buffet".

"Hier, c'est de l'histoire. Demain est un mystère. Aujourd'hui est un cadeau", répétait-elle en se brossant les dents. "Ce ne sont pas les gens heureux qui sont reconnaissants, ce sont les gens reconnaissants qui sont heureux", récitait-elle en se brossant les cheveux.

Iona m'a cité un proverbe de Lao Tseu : "Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. »
...
Tu sais, parfois, il ne faut pas se contenter d'attendre au bord de la rivière. Il vaut mieux jeter le cadavre dans l'eau et vérifier qu'il a bien coulé.

- Je crois qu'ils vont me virer, chérie, chuchota-t-elle près de son oreille.
Elle sentit les muscles du dos de Bea se raidir d'indignation.
- C'est absurde, pourquoi feraient-ils ça ? Tu es leur rédactrice-star !
- Je l'étais, chérie. Je ne le suis plus.
- En tout cas, tu seras toujours une star à mes yeux, mon étoile à moi, affirma Bea. Toujours. La plus brillante, elle s'appelle comment ?
- Sirius, je crois.
- Alors, tu es mon Sirius.
- Siriusement ? dit Iona, en la serrant un peu plus fort contre elle, et émit un petit rire pour étouffer un sanglot. (p 67)